Maine-et-Loire. Cet Angevin court 100 marathons jusqu'à Jérusalem pour semer l'amour et la paix

Antoine Vernier, 47 ans, se lance le défi de courir 100 marathons pour rallier Mûrs-Erigné à Jérusalem. Il espère semer l'amour et inciter les peuples israélien et palestinien à faire la paix. Un documentaire sera réalisé.

2 avril 2024 à 14h13 - Modifié : 2 avril 2024 à 14h18 par Alexis Vellayoudom

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Antoine Vernier va courir 100 marathons jusqu'à Jérusalem
Crédit : Alexis Vellayoudom

Il court des marathons pour semer l'amour. Depuis trois ans, l'Angevin Antoine Vernier, ancien fonctionnaire d'état, s'est donné comme défi d'enfiler les kilomètres tout en diffusant de l'amour. En parallèle, il a réalisé plusieurs films et une chanson. Le 27 mai prochain, il tentera de rallier Mûrs-Erigné à Jérusalem en courant l'équivalent de 100 marathons en 100 jours pour demander la paix à Gaza et un peu plus d'amour entre les peuples. Rencontre. 

 

Antoine, comment on passe de fonctionnaire d'état à courir des marathons pour semer l'amour ?

 

En fait, de formation, je suis sociologue. j'étudie les questions de politique publique et tranquillité publique. J'ai ensuite été fonctionnaire d'état à l'ADEME, j'ai travaillé sur les déchets. Sauf que je ne trouvais plus trop de sens dans mon métier. Il y avait constamment cette opposition en moi sur ce qu'on savait, qu'on connaissait des enjeux environnementaux, sociaux et ce qu'on faisait. J'ai observé beaucoup d'injustices et il y a un moment, je me suis dit, c'est soit de l'incompétence, soit un manque d'intention du politique. Je ne pouvais plus supporter les mensonges et j'ai fait une dépression en 2017 avant de revenir travailler. Depuis trois ans, je suis en arrêt-maladie.

 

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Pendant son voyage, Antoine Vernier réalisera un nouveau documentaire
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Vous dîtes ensuite, il y a une rencontre qui vous a ouvert les yeux ?

 

Oui. J'ai rencontré une personne qui m'a beaucoup donné et aimé. Ça a comme révélé mon âme. J'avais des besoins de cohérence très importants. Je vis d'ailleurs dans une cabane sans réseau d'eau et d'électricité depuis cinq ans. Ça fonctionne très bien et ça me rend heureux. Je me suis dit qu'est-ce que moi, je peux faire de mieux pour le monde. Il y a une phrase de l'indien Osho qui dit la peur chasse l'amour, mais l'amour chasse la peur. Et donc je pense qu'on est tous soumis à ces deux énergies. Il y a les grands problèmes du monde, mais on peut tout revenir à des choses très simples. Est-ce que vous agissez par amour avec un élan qui vous emmène vers la joie et les autres ou bien vous vous recroquevillez, et vous vous isolez alors qu'on est lié de toute façon.  

 

Ce raisonnement, vous avez décidé de le lier à la course à pied. En 2022, vous faites 23 marathons au départ d'Angers pour rejoindre le Forum économique de Davos en Suisse et vous réalisez un fim Et si on parlait d’amour ! Comment ça s'articule ?

 

Ma question, c'était comment on peut inciter chacun à revenir à plus de cohérence, à ouvrir son cœur. À mon avis, ce n'est pas en luttant, en s'opposant, mais plutôt en essayant d'être cohérent avec ses élans. Et moi, c'était de courir, faire un acte politique, rencontrer des gens et parler d'amour. Et donc je suis parti à Davos en faisant tout ça. J'ai posé la question aux gens, qu'est-ce que l'amour pour vous. Et politiquement, je voulais montrer que chacun d'entre nous, on a beaucoup de joie à collaborer avec les gens, faire des choses qui nous plaisent. Je voulais montrer ça face aux mauvaises nouvelles qui nous abondent et dont, à mon avis, symboliquement, Davos et son Forum économique est un symbole de la peur. Parce qu'on voit bien qu'on obéit tous à ces gens-là. C'est l'Europe décide et elle semble influencée par ces gens très riches. Et je pense, c'est très important de savoir à quoi on obéit. Et après, il appartient à chacun d'aller de regarder, mais moi mon projet, c'est de parler d'amour

 

 

Et toujours pour semer l'amour, vous vous lancez dans un projet de courir 100 marathons jusqu'à Jérusalem. Pourquoi ?

 

Je suis allé là-bas et j'ai été frappé du paradoxe. C'est là-bas que sont nées les trois grandes religions monothéistes et en même temps, on s'y bat depuis la nuit des temps. Et je fais le parallèle avec ce qu'on fait aujourd'hui avec l'environnement. On est constamment en guerre contre le vivant, on le sait et on l'observe. Mais on semble avoir du mal à sortir de ça. Mon idée, c'est au moins, moi, peut-on arrêter nos guerres, peut-on semer l'amour ? Et si on sème l'amour, est-ce que par hasard, on ne va pas le récolter ?

 

L'élément déclencheur, c'est l'attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier contre des villes israéliennes, puis la riposte violente de l'armée israélienne à Gaza ?

 

Alors, je suis personnellement touché d'avoir vu ça. Si quelqu'un se fait agresser dans la rue, j'espère être de ceux qui réagissent. Maintenant, c'est très difficile de se positionner sur le conflit. Ce n'est pas mon propos, mais par contre, c'est de dire symboliquement qu'on est tous liés les uns aux autres et qu'on sent tous que c'est stupide. Que le mieux qu'on ait à faire, c'est de trouver à l'intérieur de nous-mêmes, la paix. Réussir ce pari va transformer notre vie. Je ne vois pas d'alternative dans un monde qui semble aller dans le mur. Concrètement, le projet, c'est le chemin, c'est de semer l'amour. Est-ce que tous les jours, je vais réussir avec mon corps à faire un marathon ? Est-ce que je vais rencontrer des gens avec qui je vais pouvoir me lier ? Comment ça va m'enrichir, me transformer ? Et est-ce que cette transformation, elle est capable d'arrêter une guerre ? De donner envie à chacun que le monde soit leur idéal.

Le projet 100 marathons jusqu'à Jérusalem
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Votre idéal, ça serait que des gens vous rejoignent et forment une sorte de chaîne humaine devant Gaza ?

 

Bien sûr ! On peut rêver de ça, c'est-à-dire que demain, il n'y ait plus la guerre dans le monde et qu'on puisse se regarder comme des frères, se dire comment on collabore. Il y a de place pour chacun, on est complémentaire. Et on peut ouvrir nos cœurs et dire en disant "tiens qui es-tu ?". Je n'ai pas un objectif, j'ai une intention et c'est d'essayer d'aimer

 

Tout au long des 4 500 kilomètres qui séparent Mûrs-Erigné de Jérusalem, Antoine Vernier réalisera un film Son périple est à suivre sur  semonslamour. Ce mercredi 3 avril, 24 heures pour s'aimer, l'un de ses autres films sera diffusé devant des députés de l'Assemblée nationale.