En manque de personnel et face aux épidémies, le CHU d'Angers déclenche son plan blanc

A cause de l'épidémie de bronchiolite et la pression constante sur les urgences, le CHU d'Angers a déclenché son plan blanc ce jeudi. Il doit permettre de créer une unité de gériatrie et d'ouvrir de nouveaux lits.

Publié : 24 novembre 2022 à 17h06 - Modifié : 9 janvier 2023 à 11h07 par Cyprien Legeay

De nuit, les appels reçus à Laval seraient transmis au Samu de Maine-et-Loire.

Crédit : CHU Angers

La décision a été prise a été prise hier soir par la direction du CHU d'Angers et appliqué dès ce jeudi matin. Le plan blanc contient des mesures d’organisations destinées à faire face à une situation sanitaire exceptionnelle ou une activité accrue de l'hôpital. Il a été décidé afin d'absorber l'afflux massif de personne lié aux pathologies hivernales et notamment l'épidémie de bronchiolite. Il doit aussi permettre de créer Unité Post-Urgences Gériatrique, qui permet des courts séjours (5 à 6 jours en moyenne) sera composée de 11 lits dédiés à l’accueil des patients de gériatrie (75 ans et +) après leur passage aux urgences. Cette unité a vocation à être pérennisée, son utilité annuelle est déjà connue, au-delà des tensions hivernales


 


"Une épidémie de bronchiolite hors norme"


 


"Cette année, l'épidémie de bronchiolite est hors norme, indique Bertrand Leboucher, le chef de la pédiatrie au CHU d'Angers. Elle est plus précoce que les autres années et engage plus de passages aux urgences. On a observé une première phase avec un premier pic, cela a baissé pendant les vacances et est fortement remonté après."


Un problème de flux doit également être géré avec une centaine de passages par jour aux urgences pour des bronchiolites. "Il y a une pression permanente sur les urgences, mais aussi sur les lits des unités d'hospitalisation conventionnelle et les unités de réanimation", relate Bertrand Leboucher. Ce plan blanc va permettre d'activer des leviers organisationnels, mais aussi sur le personnel. Au niveau des urgences, il y aura le renforcement des effectifs infirmiers et médicaux. Le but est d'avoir un médecin dédié à la consultation entre 18h et 23h, qui sont les heures de passage.


 


Appel à la réserve sanitaire


 


Le nombre de lits va également être revu à la hausse. En temps normal, 46 lits sont déployés en pédiatrie. "Là, nous allons passer à 50 lits et on essaye encore de mettre 4 ou 6 lits de plus", indique le chef de la pédiatrie. Du côté des soins critiques, 8 lits vont être dédiés aux cas de bronchiolite quand d'ordinaire il y en a 4.


"Les chambres, le matériel, les lits, on les a, appuie Bertrand Leboucher. Maintenant, il nous faut des moyens humains notamment des infirmiers." Pour le moment, le CHU peut compter sur la solidarité. "Nous avons fait appel à la réserve sanitaire et la bonne nouvelle, c'est que quatre infirmières vont pouvoir nous rejoindre, certaines ont des compétences pédiatriques."


Pour l'instant, à Angers, il n'y a pas eu de décès lié à cette épidémie de bronchiolite.

 


Une grosse pression sur les urgences


Le niveau d'entrées aux urgences est actuellement élevé mais pas anormal compte tenu de la période. "Il y a des lits fermés au CHU en ce moment, mais pas plus qu'en 2019, soupire Alain Mercat, le président de la Commission médicale des hôpitaux de Maine-et-Loire. En fait, ce qu'il se passe, c'est qu'il y a beaucoup de structures comme les Ehpad et les SSR (Soins de Suite et de Réadaptation) qui, du fait du manque de personnel, vont soit fermer des lits soit ralentir leur risque d'admission. Ainsi, cela ralentit notre flux de patients à nous, on n'arrive pas à faire sortir nos patients et il y a embouteillages à l'entrée."


L’ouverture d’une UPUG, Unité Post-Urgences Gériatrique, de 11 lits en gériatrie, qui s'installe dans ce plan blanc, et qui pourrait durer, doit permettre de gérer cet afflux qui concernce majoritairement les personnes âgées. "Les jeunes, eux veulent partir, les personnes plus âgées n'ont pas toujours envie de partir du fait des conditions qu'elles vont retrouver dehors", lâche Alain Mercat.


Le président de la Commission médicale des hôpitaux de Maine-et-Loire adresse deux messages à la population. Premièrement, "éviter de venir aux urgences pour consulter des pathologies bénignes. La médecine de ville peut suffire." Deuxièmement : "vaccinez-vous contre la grippe".

 


220 patients rappelés après du matériel médical contaminé par des bactéries 


LIRE AUSSI. Le CHU d’Angers a annoncé, ce jeudi 24 novembre , avoir suspendu durant une semaine son activité d’endoscopie digestive. Cet arrêt fait suite à la contamination par des bactéries courantes de la « flore » digestive ou de l’eau de 5 endoscopes, utilisés pour explorer l’appareil digestif. Près de 220 patients adultes possiblement exposés à ces micro-organismes ont été rappelés par l’équipe hospitalière pour les en informer. Le risque de contamination est considéré comme très faible. Ils pourront bénéficier, s’ils le souhaitent, d’une prise de sang complémentaire.