Angers. Les vitraux de la cathédrale retrouvent leurs couleurs
Jusqu'au 1er décembre, une partie de la rose sud de la cathédrale Saint-Maurice est visible au château d'Angers. L'occasion pour les visiteurs de redécouvrir l'histoire de ces vitraux et leurs couleurs chatoyantes après restauration.
Publié : 31 octobre 2024 à 11h38 - Modifié : 31 octobre 2024 à 11h45 par Alexis Vellayoudom
Les vitraux de la cathédrale d'Angers s'offrent une seconde jeunesse. Jusqu'au 1er décembre, certains éléments de la rose sud seront visibles, de près, dans la Chapelle du château d'Angers. Ils ont été restaurés par l'atelier angevin Barthe-Bordereau. Entretien avec Benjamin Carcaud, conservateur des monuments historiques à la Drac Pays de la Loire.
Benjamin Carcaud, qu'est-ce que vont pouvoir voir les visiteurs dans cette chapelle du Château d'Angers ?
"Aujourd'hui, sont visibles, deux lancettes et deux médaillons de la rose sud de la cathédrale d'Angers qui ont été restaurés entre 2021 et 2023. Sur ces éléments, on peut voir au centre une Vierge à l'Enfant entouré d'un certain nombre de feuillages, des Fleurs de lys, des chardons. Autour, il y a une représentation des rois, des vieillards, issus de l'apocalypse. Et puis, un certain nombre d'anges musiciens sur la dernière rangée de médaillons de cette rose".
Quels travaux de restauration ont été réalisés ?
"Toute la rose a été démontée. Les verres ont été nettoyés. On a supprimé un certain nombre de plomb de casse, des petites réparations qui sont venues s'ajouter au fil du temps et qui peuvent gêner la lecture de la verrière. On a aussi repeint quelques endroits pour rendre lisible le décor et faire ressortir les couleurs. Et grâce à cette restauration, ils ont pu être présentés au Musée de Cluny à Paris pour exposition sur "Les Arts au temps de Charles VII. On est sur des matériaux fragiles, il faut en prendre en soin. Ce sont des éléments sur lesquels on est intervenu très fréquemment. C'est tout l'intérêt de la critique d'authenticité réalisée par Karine Boulanger, chercheuse au CNRS. C'est de montrer que cette rose a été restaurée tout au long des siècles. Et donc, on a succession d'intervention et il s'agit d'être en mesure de déterminer qu'est-ce qui relève de la rose d'origine et qu'est-ce qui a été ajouté au cours des années".
Qu'est-ce que cette rose raconte de son époque ?
"Elle raconte tout le décor qui a été mis en place dans la cathédrale et notamment toute la campagne de restauration qui a été effectuée entre 1451 et 1454, consécutive à l'incendie qui a touché la rose nord. Et, au même moment, les chanoines ont demandé à André Robin et à son atelier de refaire un certain nombre de vitraux, dont la rose nord qui avait disparu, mais aussi la rose sud qui était toujours en place. Il devait reprendre une partie de l'iconographie et s'adapter à la nouvelle rose nord".
Vous parliez du rapport à l'apocalypse, les vitraux sont exposés au Château d'Angers. Est-ce qu'il y a un véritable lien avec la Tapisserie de l'Apocalypse ?
"Alors avec la Tapisserie, peut-être pas, mais en tout cas le thème existe. C'est un thème qui revient de manière récurrente. C'est l'image de la lutte du bien contre le mal avec une victoire du bien. C'est aussi une manière d'exacerber la foi. On voit que c'est quelque chose qui transcende à travers les siècles. Il y a presque un siècle entre la Tapisserie de l'Apocalypse et les vitraux de la cathédrale. Ça fait écho à la religiosité de cette période".
Cette rose sud traduit aussi l'évolution architecturale du XVe siècle ?
"Oui tout à fait. Karine Boulanger met en avant une évolution du goût à cette époque avec l'apparition du verre transparent qui commence à être intégré de façon plus importante. Finalement, ce mouvement va aboutir au XVIe siècle à des verrières en jaune d'argent et en grisaille, presque débarrassé d'un certain nombre de couleurs très vives comme le bleu et le rouge, caractéristiques du Moyen-âge. Sur cette rose, on est vraiment sur le début de ce mouvement".
La restauration a coûté 430 000 €. Ces vitraux retrouveront leur place dans la cathédrale au premier semestre 2025.
Infos pratiques :
-Les vitraux sont visibles au château d’Angers, de 10 h à 17 h 15.
-Prix compris dans le billet d’entrée : 11 €, 9,50 €, 8 € (nombreuses gratuités).