Angers. Pour ses 30 ans, la salle de concerts Le Chabada doit faire face à un déficit financier
Malgré des spectateurs de plus en plus nombreux, la salle de musiques actuelles Le Chabada à Angers subit un déficit de 80 000 euros. Une situation paradoxale, qui les a conduit à une hausse des coûts de location des salles de répétition et au lancement d'une campagne de mécénat.
Publié : 28 février 2024 à 17h26 par Marie Chevillard
Situation très contrastée pour le Chabada, à l'aube de ses 30 ans. Côté programmation, tous les voyants sont au vert pour la salle de concerts angevine, avec plusieurs concerts déjà complets jusqu'à fin avril. "C'est un signe de bonne santé de la part des artistes depuis quelques années, qui attirent du public, analyse Stéphane Martin, le programmateur du Chabada. Ça peut s'expliquer notamment par les réseaux sociaux, qui connectent plus directement les artistes avec leur public, alors qu'avant, il fallait forcément passer par notre communication au Chabada."
"Difficile de joindre les deux bouts"
Mais si le taux de remplissage est plus important sur chaque date, ça n'empêche pas la salle de musiques actuelles de connaître un important déficit financier de 80 000 euros. "Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on gagne pas (ou très peu) d'argent sur les concerts, précise le programmateur. Même si lorsqu'ils sont complets, hélas ça ne nourrit pas notre économie. On a de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts, notamment à cause de l'inflation et des subventions qui n'augmentent pas."
Pour faire face, le Chabada a dû augmenter ses prix : dans une moindre mesure ceux des places de concerts, mais surtout ceux pour les locations d'espaces de répétition ou de résidence. "Souvent, on était auparavant en dessous de la moyenne nationale sur ces tarifs ; là, on se retrouve dans cette moyenne. De toute façon, on n'a pas le choix, il faut qu'on prenne ces mesures drastiques si on veut continuer d'exister." Une campagne de mécénat a également été lancée il y a quelques jours, auprès des particuliers pour des dons, et auprès des entreprises, qui peuvent devenir annonceur ou louer son site.
Un déménagement reporté à... 2028
Les équipes attendent aussi avec impatience le futur déménagement de la salle de concerts, reporté de 2025 à 2028. Située dans le quartier Saint-Serge dans d’anciens abattoirs, elle pourrait se rapprocher du centre-ville. "Aujourd'hui, cette salle se révèle trop petite, confirme Stéphane Martin. Ici on accueille 870 personnes, mais je suis quasiment sûr qu'on laisse parfois 400 Angevins sur le carreau... C'est une démarche citoyenne de construire une nouvelle salle. Evidemment, on fera plus de billetterie, et ça pourrait aussi aider à être plus compétitifs."
Le calendrier de ces travaux est encore flou, et dépend des engagements financiers de la Ville d'Angers. Mais une chose est sûre : le Chabada va fêter ses 30 ans comme il se doit, avec une attention particulière pour ses abonnés. "On leur a offert le "Chabadore", un pass à l'année qui récompense nos abonnés les plus assidus. On met également en place des tarifs spéciaux sur certains concerts, où nos abonnés ont un tarif réduit à nouveau de 50 %. C'est une manière de les récompenser, puisqu'on reçoit des messages qui montrent l'attachement à cette salle. On a envie d'en faire un lieu de sociabilité, un lieu convivial, avec un autre rapport aux concerts, à la musique, à l'art, à la culture..."
Des rencontres artistiques pour les 30 ans
Avant un grand temps fort surprise en septembre, d'autres rendez-vous sont prévus dès le mois de mars : "certains un peu plus destinés à la réflexion, autour de 30 ans d'histoire du Chabada, de 30 ans de musiques actuelles à Angers, détaille Stéphane Martin. Il y aura des rencontres artistiques aussi, entre des musiciens d'il y a 30 ans et des musiciens d'aujourd'hui, pour reprendre un morceau d'un tierce musicien angevin."
Quelques dates "coups de coeur" du programmateur
*Delgres, le 15 mars : un trio de blues créole, "qui démontre que le blues est une musique contemporaine. Lié avec le créole, c'est magnifique : on renvoit le blues vraiment à ses origines africaines et esclaves !"
*Mars Red Sky, le 21 mars : un groupe plus rock, "en écho à notre festival Lévitation en mai"
*Jalen NGonda, le 29 mars : un jeune musicien américain de soul music. "Il vient de sortir son premier album : c'est d'une beauté absolue, pour ceux qui aiment Marvin Gaye, Curtis Mayfield..."