Château-Gontier. Des centaines de pneus déversés devant la sous-préfecture, par des agriculteurs mécontents
A l'appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs, une centaine de manifestants s'est réunie ce matin devant la sous-préfecture de Château-Gontier. Ils ont constitué plusieurs murs de pneus, et comptent bien continuer leur mobilisation, malgré les premières annonces du gouvernement.
Publié : 30 janvier 2024 à 16h37 par Marie Chevillard
Après les premières mobilisations la semaine dernière, les agriculteurs mécontents ne relâchent pas la pression. A l'appel des syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs 53, une petite centaine d'entre eux ont symboliquement emmuré la sous-préfecture de Château-Gontier avec des pneus ce matin, pour "mettre la pression sur l'Etat". Une action menée également à la cité administrative de Laval et au centre des impôts de Mayenne.
Malgré plusieurs annonces du Premier ministre Gabriel Attal vendredi dernier, les agriculteurs présents critiquent "des mesurettes, sans grande réponse concrète". Si la suppression de la hausse du GNR (gazole non routier) ou les trois sanctions lourdes pour des entreprises qui ne respectent pas la loi Egalim vont dans le bon sens, "c'est un tout petit pas", d'après Valentin, éleveur de volailles dans le Sud Mayenne. "On trime toujours 60-70 heures par semaine pour ne rien gagner, c'est ça notre vie aujourd'hui !"
"On ne veut plus vendre à perte"
Des conditions de travail qui ont un impact aussi sur la vie personnelle et familiale. "Si nos collègues de la génération précédente acceptaient de ne pas partir en vacances pendant des années, pour nous, ce n'est pas possible, renchérit Denis, éleveur laitier à Saint-Denis-d'Anjou. Lorsqu'on est éleveur, c'est 7 jours sur 7, parfois même la nuit pour les vêlages... Tout ça pour ne pas savoir à quel prix sera achetée notre production..."
D'où leur demande d'un meilleur respect de la loi Egalim, qui prévoit de partir des coûts de revient des producteurs agricoles pour définir le coût du produit final. "On ne veut plus vendre à perte, insiste Alexis Alléard, éleveur à Laigné et président des JA de Château-Gontier. Pour l'instant, les dernières annonces gouvernementales, ce n'est même pas un dixième de ce qu'on veut !"
Le mode d'action choisi ce matin se veut très parlant, explique Sébastien Ballu, exploitant agricole à Marigné-Peuton. "On voulait construire un mur de pneus pour démontrer l'empilement de paperasses. Par exemple, aujourd'hui, moi je passe plus d'une journée par semaine au bureau : stop, on en a marre, on veut revenir à ce qui fait le coeur de notre métier d'agriculteur."
Parmi les autres priorités affichées, les manifestants aimeraient une meilleure reconnaissance de leur métier.
Attentifs au discours du Premier ministre cet après-midi, certains agriculteurs évoquent de possibles déplacements à Paris ou dans d'autres départements d'ici la fin de la semaine.