CHU Angers : le premier d'Europe à utiliser cette avancée technologique pour la neurochirurgie
En mars dernier, le CHU d'Angers a déboursé un million d'euros pour se doter d'une suite robotisée de 3 équipements. Conçue par l'allemand Brainlab, elle permet d'être plus précis sur des biopsies ou des opérations de la colonne vertébrale.
Publié : 23 juin 2021 à 16h31 par Alexis Vellayoudom
C’est un bon considérable en matière de neurochirurgie. En mars, le CHU d’Angers a fait l'acquisition d'une suite robotisée pour un montant d'un million d'euros. La Région participe à hauteur de 98 000 euros. C'est le premier CHU d'Europe à recevoir cette technologie fabriquée par l'entreprise allemande Brainlab. Une satisfaction pour Cécile Jaglin, directrice du CHU d'Angers, au moment de présenter cet équipement : "c'est une fierté de diriger un CHU qui a les capacités d'avoir de tels équipements. Ca nous permet de faire un saut technologique, améliorer la sécurité au bloc opératoire, développer la recherche et faire désormais à Angers, une opération qui ne pouvait se faire qu'à Paris".
Cette suite robotisée est composée de 3 éléments. D'abord un robot d'imagerie Loop-X qui permet de réaliser des images en 2D et 3D du patient au bloc opératoire pour mieux visualiser l'anatomie du patient. Il est connecté à un système de navigation Curve, sorte de GPS où le praticien voit en temps réel la position de ses instruments dans le patient, mais aussi les cibles qu'il a prédéfini en phase pré-opératoire. Enfin, le bras robotisé Cirq, le prolongement du bras du chirurgien. Il ajuste automatiquement la trajectoire au mm près en fonction de la cible définie par le neurochirurgien et permet plus de précision et de stabilité dans le geste du praticien.
Une perspective pour les enfants atteints d'épilepsie
Cette suite robotisée servira principalement pour la pose de vis dans le cadre d'intervention sur les vertèbres pour des patients qui souffrent d'arthrose, de vertèbres cassées ou rongées par des tumeurs. Le Dr Faguer, 39 ans, est neurochirurgien : "je vais commencer par faire un scanner du patient alors qu'il est endormi. Ce scanner va être envoyé à la machine de navigation qui va déterminer une cartographie des vertèbres et de la colonne vertébrale. Et le robot qui est connecté à la navigation va être capable de dire au chirurgien de mettre la vis à tel endroit et de positionner l'implant défini. On est dans le temps réel".
La technologie sera aussi utile pour pratiquer des biopsies, c'est-à-dire des prélèvements de tissu de tumeur à l'intérieur du cerveau, avec une précision chirurgicale et plus de sécurité pour le patient. Cela permet de ne pas altérer la santé de patient. La suite robotisée offre aussi une nouvelle perspective pour les enfants épileptiques. Le Dr Delion, est neurochirurgien pédiatrique : "il nous manque cet outil à notre arsenal thérapeutique qui serait de pouvoir enregistrer des foyers profonds épileptiques, de manière à pouvoir les retirer chirurgicalement et soigner ces enfants".
Biopsie en bloc opératoire
Fier de ce bijou technique, le CHU a convié la presse à une démonstration sur un patient ayant donné son autorisation. Ce jeudi 10 juin, c'est une biopsie qui est réalisée en bloc opératoire salle 6, un prélèvement à l'intérieur d'un tissu du cerveau. Depuis les années 60, ces interventions sont réalisées un cadre stéréotaxique, un instrument invasif autour de la tête du patient et moins précis.
Sur le billard, le patient, anonyme. Autour de lui, l'équipe médicale, deux IBODE, un interne en neurochirurgie et le neurochirurgien Dr Faguer : "sur l'écran, vous avez le crâne du patient reproduit en 3D sur lequel est affiché un trait violet qui est la trajectoire de la biopsie qui va être réalisée par le robot".
Dans son bureau, le neurochirurgien a d’abord prédéfini où il voulait prélever le tissu de la tumeur. Sa cible est matérialisée par une croix bleue sur l’écran. Puis le bras robotisé entre en piste, "je positionne le robot, il m'indique que c'est bon. Le robot va automatiquement se positionner de manière à être parfaitement dans l'axe de la biopsie", décrit le Dr Faguer. Grâce à des capteurs, le bras détecte la tête du patient et est capable de se situer dans l'espace.
Le bras ajuste la trajectoire au mm près pour être sûr d’atteindre la cible donc plus de précision. Le Dr Faguer peut maintenant, à l’aide d’une mèche, percer la boîte crânienne avant d’introduire une aiguille à 14 cm de profondeur : "je suis en train de pénétrer dans le cerveau du patient. Je suis dans la tumeur du patient".
La suite robotisée augmente la sécurité du patient. Elle permet d’être moins invasif. Une incision plus petite, un trou moins grand dans la boite crânienne et des risques d’infections réduits. L’aiguille est directement visible sur le système d’imagerie. Le Dr Faguer prélève ensuite quelques bouts de tissu de la tumeur : "malheureusement, mes craintes sont plutôt qu'on soit sur une tumeur cancéreuse". L'analyse laboratoire devra encore confirmer ce diagnostic. Grâce à cette technologie, le patient pourra rentrer plus vite chez lui.
La suite robotisée ne permet encore pas de retirer les tumeurs du cerveau. Et rassurez-vous, le neurochirurgien reste maître de l'opération, "un robot sans humain, ce n'est rien", conclue le Dr Philippe Meneï, chef du service neurochirurgie.