CHU d'Angers. 10 millions d'euros de déficit, "un plan de performance" en cours

Maine et Loire

L'absence de budgets pour l'Etat laisse les hôpitaux dans une situation financière fragile alors qu'il manque de l'argent du Ségur et que l'activité hospitalière évolue. Le CHU d'Angers a lancé un "plan de performance" pour éviter d'en arriver à un plan d'économie.

Publié : 28 janvier 2025 à 16h54 - Modifié : 28 janvier 2025 à 16h55 Alexis Vellayoudom

Photo d'illustration
De nuit, les appels reçus à Laval seraient transmis au Samu de Maine-et-Loire.
Crédit : CHU Angers

C'est le lot de toute la fonction publique, en l'absence de budgets de l'Etat, chacun sort sa calculatrice pour faire ses calculs d'apothicaires et rentrer dans les clous. Et le CHU d'Angers ne déroge pas à la règle avec un déficit de 8 à 10 millions d'euros. Explications. 

 

Il manque 11 millions pour le Ségur

 

"Je ne suis pas vraiment optimiste pour 2025", glisse Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice du CHU d'Angers. Aux prémisses de cette nouvelle année, la situation financière est "dégradée". Selon elle, plusieurs raisons, d'abord, la question du Ségur de la santé, "parce que toutes les mesures de revalorisation salariale, dont ont bénéficié les hospitaliers, c'était une très bonne chose, mais ça représente plus de 70 millions d'euros de dépenses pour le CHU d'Angers et la compensation est évaluée à 59 millions d'euros donc il me manque 11 millions. C'est un déficit structurel qu'on essaye de résoudre".

 

Une situation financière dégradée
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Ensuite, l'absence de budgets, le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale n'ayant toujours pas été voté, la fonction publique navigue à vue. "Ça rajoute du doute parce qu'on ne connaît pas les règles du jeu pour l'année 2025 donc on n'a pas nos tarifs ce qui représente entre 40 % et 50 % des financements hospitaliers. En parallèle, on subit l'augmentation des charges et l'inflation. Et puis notre Agence régionale de santé n'a pas non plus de crédit pour accompagner nos nouveaux projets donc tout est gelé". 

 

Un déséquilibre financier dans l'activité hospitalière

 

La conjoncture hospitalière a aussi sa part dans ces chiffres. Même si l'activité du CHU a augmenté (+ 6 % de séjours en ambulatoire et + 5% de séjours en hospitalisation complète) et retrouvé les chiffres de 2019, la dette de santé publique en Pays de la Loire reste importante, plus de 150 000 séjours n'ont pas été rattrapés. "On a pris un gros retard de prise en charge lors de la crise Covid et les patients ont pris des habitudes. Il va falloir les réattirer au CHU", confie la directrice. Heureusement, l'épisode virulent de grippe, dont le pic a été atteint ces derniers jours, n'a pas eu d'incidences. Le CHU n'a pas eu à activer son plan blanc. "On a eu beaucoup d'hospitalisation. On a même dû refuser des transferts de patients venant des autres établissements". 

 

Moins de séjours et une activité hospitalière qui a changé
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Autre point crucial, la structure de l'activité s'est modifiée. Dans le milieu hospitalier, sont dissociées les activités de recours, les interventions lourdes, de l'activité de proximité, les besoins du quotidien. Le CHU enregistre plus de 3 000 actes pour la première activité et moins 3 000 pour l'autre. "On a moins de séjours pour l'activité de proximité, hors, ce sont des séjours dont les financements sont plus intéressants donc on a besoin de cet équilibre entre l'activité de proximité et l'activité de recours pour être en bonne santé financière", explique Cécile Jaglin-Grimonprez. Actuellement, ce déficit est estimé à 10 millions d'euros. 

 

Un plan de performance pour éviter un plan d'économie

 

La période est donc à la vigilance. C'est dans cette idée que le CHU a lancé "un plan de performance". "Il ne s'agit pas d'un plan d'économie", veut rassurer la direction. Concrètement, l'idée est de réduire l'augmentation des crédits de masse salariale et de rationaliser les heures supplémentaires et les crédits de remplacement. Dans le même temps, l'établissement veut aller chercher des sous, "avec un travail entamé sur le codage de l’activité et sur la durée de séjour. L’établissement va conventionner avec des partenaires, pour qu’une fois la phase aigüe passée, ils puissent accueillir les patients passés au CHU pour la suite de leur prise en charge", précise l'hôpital. 

Objectif affiché, revenir à l'équilibre en 2026. "Sans cela, un plan d’économie plus volontariste devra être envisagé, pour garantir la soutenabilité du schéma directeur immobilier". Sur la période 2025-2040, ces différents projets, dont Convergences et la restructuration immobilière de l'EHPAD Saint-Nicolas, se chiffrent à 742 millions d'euros.