En Mayenne. L'élevage de canards dénoncé par L214 , fait l’objet d’une mise en demeure de l’État
Ce mercredi matin, l'association de défense des animaux L214 a publié une enquête sur un élevage de canards du Nord-Mayenne. Une ex-salariée y décrit des conditions désastreuses. La préfecture confirme que cet élevage fait l'objet d'une mise en demeure pour "manquements aux règles applicables en matière de bien-être animal".
17 juillet 2024 à 15h54 par Alexis Vellayoudom
Un élevage de canards à Châtillon-sur-Colmont épinglé pour des "mauvais traitements". Ce matin, L214 a publié "une enquête", dans un élevage de plus 5 000 canards de chair à croissance rapide, géré par un membre du bureau de la chambre d'Agriculture 53 et ancien président de la FDSEA 53. L'association y présente une jeune femme, présentée comme une ex-salariée de l'élevage où elle aurait travaillé 8 mois entre octobre 2023 et juin 2024.
Du plein air, sans sortir
Selon cette femme de 27 ans, "les canards sont censés être élevés en plein air. Les trappes qu’il y a sur le côté, je ne les ai jamais vues ouvertes. On se moque un peu de tout le monde parce qu’ils ne sortaient jamais. Les terrains ne sont pas aux normes. Ils ne sont pas accessibles parce que les grillages sont couchés par terre. Il n’y a plus de terrain pour les canards, c’est pour ça qu’ils ne sortent pas. Bien sûr, on dit à tout le monde qu’ils sortent, quand le technicien vient, on dit “oui ils sont sortis”. D'après l'ex-salariée les conditions d'élevage sont insalubres. "Ils restaient enfermés dans les bâtiments mal nettoyés, dans l'humidité, dans leurs excréments [...] ils étaient un peu laissés livrés à eux-mêmes, s'ils étaient blessés, on les mettait dans un coin et on les laissait mourir".
Elle explique que la mortalité dépassait souvent le chiffre de 2 % qui doit, normalement, nécessiter une visite ou un examen clinique du vétérinaire. "Les mortalités les premiers jours sont normales parce qu'ils sont trop petits pour tous survivre. Après, c'est censé se calmer vers deux semaines, mais si c'est mal pailler, mal chauffer, il peut y avoir plus de mortalités, là, c'est ce qui se passait. Je pouvais enlever des journées quinze ou vingt morts". Légalement, les cadavres d'animaux morts en élevage doivent être remis aux services d'équarrissage, selon cette femme, ce n'est pas le cas. "Il fallait les jeter dans le champ ou si j'ai le temps de les jeter dans le feu donc je mettais tout sur un gros tas de bois, je prenais de l'essence ou des produits chimiques, je mettais dessus et en fumant ma cigarette, j'allumais le feu et je cramais tous les cadavres". Elle a porté plainte auprès de la gendarmerie de Mayenne.
L214 a lancé une pétition et porté plainte, "pour mauvais traitements et abandon d’animaux, et contre le groupe Michel (SELCO), l’abattoir SNV et le groupe LDC pour tromperie du consommateur". L'association demande à LDC, leader français de la volaille, de rompre ses liens commerciaux avec l’exploitation.
Exploitant mis en demeure par l'État
Très vite, la préfecture de la Mayenne a réagi. Contrairement, aux autres dénonciations de l'association L214 en Mayenne, les services préfectoraux confirment les faits. Dans un communiqué, elle précise : "une inspection de l’exploitation, au titre de la protection animale, a ainsi été réalisée le 14 juin 2024 par les services vétérinaires de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) de la Mayenne". Selon la préfecture, des "manquements aux règles applicables en matière de bien-être animal et de protection sanitaire" ont été constatés. Un rapport a été remis à l’exploitant, mis en demeure, "d’apporter un ensemble de mesures correctives aux irrégularités constatées dans la tenue de son élevage". En ce moment, l’élevage est en période de vide sanitaire, mais une nouvelle inspection de l’état est prévue à une date ultérieure.
Contacté, l'éleveur n'a pas répondu à notre sollicitation.