"La souveraineté alimentaire, ce n'est pas le libre-échange", clame la Confédération Paysanne

Ce lundi 19 février, la Confédération paysanne 49 organisait son Salon à la Ferme à Corné. L'occasion d'évoquer la souveraineté alimentaire avec ces paysans.

22 février 2024 à 8h54 - Modifié : 22 février 2024 à 9h12 par Alexis Vellayoudom

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Camille Sourdin est paysanne maraîchère à Corné
Crédit : Alexis Vellayoudom

Pour les paysans, le combat ne s'est pas arrêté. Le lendemain de la dernière salve de mesures annoncées par le Premier ministre Gabriel Attal pour calmer la colère des agriculteurs, la Confédération paysanne était le seul syndicat d'agriculteurs à ne pas avoir mis en pause sa mobilisation. Dans la région, en Maine-et-Loire et en Mayenne, ils ont poursuivi leurs actions pour demander un meilleur revenu paysan. Ce lundi, la branche angevine du syndicat organisait son Salon à la Ferme. Une sorte de pied de nez au Salon de l'agriculture jugé trop centralisé à Paris. Préfet, députés et élus étaient conviés aux Légumes de Grasseval chez Nicolas Oran et Camille Sourdin à Corné pour parler souveraineté alimentaire. 

 

Une autre vision de la souveraineté alimentaire

 

Ici, la Confédération paysanne défend l'idée que "c'est l'agriculture paysanne qui nourrit le monde, et pas l'agriculture industrielle". Un tacle en bonne et due forme à la FNSEA, le principal syndicat agricole. Camille, paysanne, définit sa vision de la souveraine alimentaire. "C'est le droit des populations à pouvoir définir son agriculture et son alimentation sans dumping vis-à-vis de pays tiers. C'est-à-dire qu'on ne doit pas avoir d'impact négatif dans d'autres pays. Ca veut dire qu'il faut être un petit peu en autonomie au sein de nos régions. On est là pour nourir les personnes qui vivent sur le même territoire que nous".  

 

La souveraineté alimentaire pensée par Camille
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Dans sa ferme, vous retrouvez des légumes d'hiver, carottes, pommes de terre, poireaux, mais aussi d'été. Pour elle, le respect des saisons, c'est aussi l'un des enjeux de la souveraine alimentaire : "il y a une certaine partie des clients qui n'arrive pas à prendre l'habitude de consommer des produits de saison et qui par facilité, continue de cuisiner des produits faciles comme du brocolis, de la tomate produite en hiver sous serre chauffée. C'est au détriment des produits de saison et donc au détriment d'une agriculture locale".  

 

Autre point important, assurer l'avenir de la profession. Pour rappel, 50 % des agriculteurs devraient partir à la retraite d'ici 10 ans. "La souveraineté alimentaire, c'est aussi garantir qu'il y ait assez de paysans pour nourrir les gens et que ça ne se retrouve pas aux mains d'une poignée d'acteurs qui verrouilleraient tout le fonctionnement", défend Camille. D'ailleurs, Nicolas et Camille essayent de privilégier au maximum les circuits-courts, "plus de 50 % de notre chiffre d'affaires se fait avec moins d'un intermédiaire". 

 

"Ce n'est pas la suppression des normes qui va résoudre le problème"

 

Parmi les mesures qui avaient refroidi le syndicat paysan, la mise en pause du plan éco-phyto qui vise à réduire de moitié l'usage des pesticides d'ici 2030. Une annonce bien accueillie par les autres syndicats FNSEA et Coordination rurale. "Ce n'est pas la suppression des normes qui va résoudre le problème. Si nous voulons des paysan.nes nombreux, il faut du revenu et des prix garantis", martèle de son côté la Confédération paysanne.

 

"Ce n'est pas la suppression des normes qui va résoudre le problème"
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pour Camille, la santé des sols est un enjeu majeur pour l'avenir de la profession. "Tacler les normes environnementales, c'est un faux débat. Elles sont là pour protéger l'environnement, notre "support de production" pour garantir que la production soit encore possible dans les années à venir pour les générations suivantes. Quand on voit qu'il y a des terres qui sont polluées à vie notamment il y a des exemples dans le Morbihan. Une maraîchère qui ne peut plus produire de légumes parce que ses sols sont contaminés par des pesticides. C'est assez inquiétant". Le syndicat réclame aussi un meilleur revenu paysan.