Réforme des retraites : des cortèges dégarnis et des syndicats intransigeants
La mobilisation continue à s’éroder lentement alors qu’une intersyndicale toujours unie appelait à une 11e journée de manifestations contre la réforme des retraites ce jeudi 6 avril. Les syndicats ne veulent rien lâcher face à un Président intraitable sur le recul de l’âge de départ.
6 avril 2023 à 17h18 par Coralie Juret
De semaine en semaine, les cortèges sont un peu moins fournis pour protester contre l’adoption de la réforme des retraites. Pour la 11e journée de mobilisation ce jeudi, entre 220 à 250 personnes à Segré, 7000 selon les syndicats à Angers et Laval dont des étudiants et lycéens, défilaient à l’appel d’une intersyndicale CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, UNEF, La Voix Lycéenne et MNL.
Si les défilés se dégarnissent, les syndicats ne sont pas prêts pour autant à lâcher. « La lutte continuera, pas forcément dans la rue mais surtout dans les entreprises par des débrayages, des grèves reconductibles jusqu’au retrait de la réforme », promet Pascal Mahé de la CGT segréenne. Son homologue de la CFDT Isabelle Jarry constate « un pb de financement pour chaque famille, on peut comprendre. Mais en tant que représentants on va les défendre, continuer à exprimer leur rejet de cette réforme. Quitte à finir à quelques dizaines, on va montrer au gouvernement que cette réforme est toujours injuste, surtout pour nous les femmes », s’indigne cette mère de quatre enfants, et autant de congés maternité et parentaux.
« La mobilisation peut prendre une autre forme, des manifs non déclarées, des blocages ou tout simplement des barricades », menace Frédéric Dauvier de Fore Ouvrière. « On peut repartir sur des samedis, pour mobiliser sans perte de salaire. Moi je crois à une mobilisation citoyenne, à voir si avec les beaux jours les gens ont la possibilité de se mobiliser avec des moyens autres ». Sans violences, condamnées les syndicats segréens lors de leurs prises de parole du jour. « Mais la violence est de quel côté, quand les policiers ne veulent pas qu’on marche dans les rues et qu’on veut montrer notre colère ? », interroge Frédéric Dauvier.
Le Président de la République compte bien sur l’essoufflement de la mobilisation pour clore le chapitre des retraites. « Laisser pourrir, ça ne sera pas la bonne solution pour M. Macron, il n’a plus aucune majorité légitime », estime Pascal Mahé. « Il ferait mieux de retirer cette réforme et retourner autour de la table avec les syndicats pour étudier une nouvelle réforme qui ira pour tout le monde, sachant qu’on a l’argent pour retirer les 64 ans ».
L’intersyndicale nationale se réunit ce soir pour décider de la suite du mouvement. Et probablement d’une nouvelle journée de grève la semaine prochaine.