Festival du Journalisme Sportif. Vincent Duluc : « Avec Aulas, il y a eu des prises de bec monumentales »
Vincent Duluc, journaliste à L'Equipe, ouvrira le Festival du Journalisme Sportif avec Jean-Michel Aulas, ancien président de l'Olympique Lyonnais. Une master class sur la relation de deux personnes qui ont travaillé ensemble durant une trentaine d'années avec des hauts et des bas.
31 janvier 2024 à 11h27 - Modifié : 31 janvier 2024 à 11h28 par Cyprien Legeay
La Mayenne accueille la première édition du Festival du Journalisme Sportif pendant deux jours, de ce mercredi 31 janvier au jeudi 1er février. Un temps pendant lequel journalistes, consultants, présidents de club ou directeurs de rédactions vont présenter les métiers du journalisme au grand public. Pour ouvrir ce festival, un master class intitulée "Un président ne devrait pas dire ça ?" avec l'ancien président emblématique de l'Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas, et le journaliste de L'Équipe Vincent Duluc. Les deux hommes, qui ont travaillé ensemble durant 30 ans raconteront leurs hauts et leurs bas. Entretien avec Vincent Duluc.
Vincent Duluc, d'où est venue cette idée de master class avec Jean-Michel Aulas et d'où vient cette relation ?
Au départ, quand Jean-Christophe Boyer m'a parlé du festival, j'ai dit oui tout de suite. Ensuite, nous avons réfléchi à toutes les implications, toutes les déclinaisons possibles. On s'est dit qu'il nous fallait un bon client, qu'il fallait quelqu'un qui nous a rendu la vie impossible, mais aussi la vie plus facile parfois... Et franchement, les 35 ans de Jean-Michel Aulas à la tête de l'Olympique lyonnais, je les ai bien connus. J'ai dû passer à peu près 30 ans à travailler avec lui pendant ses 35 ans de présidence. On s'est dit que ça serait "rigolo" de faire le bilan de ces années-là en public, parce que l'intérêt du festival, c'est de confronter d'autres métiers au grand public. Parce que Jean-Michel Aulas reste un client assez hors du commun. Il a des ressources assez incroyables, un rapport à la vérité un peu particulier (sourire). Il fait partie de l'histoire du sport français, donc on a pensé que ça pouvait être vraiment sympa de débattre de tout ça.
Qu'est-ce qui t'as marqué dans cette relation avec Jean-Michel Aulas, qui est parfois une relation de proximité, parfois de distance peut-être.
Mais en fait tout est là, tout est dans la gestion de la proximité et de la distance en fonction de ce qu'on écrit, la fonction de la charge des informations. C'est aussi en fonction des réactions épidermiques de l'un ou de l'autre, parce que parfois c'est lui qui était fâché et parfois c'était moi. Il y a eu beaucoup de hauts, beaucoup de bas, mais c'est plutôt le signe qu'on a bien fait notre travail. Je pense que ça a été un des plus grands dirigeants de l'histoire du sport français, donc de ce côté-là, il n'y a pas de mystère. Et moi, j'ai été assez souvent fâché avec lui pour penser que j'ai trouvé la bonne distance...
Tu as justement des souvenirs de prises de bec ? Et si oui, comment revient-on en arrière ?
En fait, il y a deux choses. Effectivement, il y a eu des prises de bec monumentales. Parfois en public, mais toujours avec des raisons. Il y a beaucoup de gens qui ont vu sur YouTube la prise de bec spectaculaire, un soir de match à Arles, en direct sur Canal +, où il parlait de moi nommément et plutôt mal. Mais je savais que c'était pour cacher autre chose, c'est le roi de la diversion. Je savais que la vraie raison était ailleurs. Globalement, ce qui est assez étrange chez lui, c'est que même quand on est fâché, même si on est en procès (ndlr : il ne l'a pas été, certains collègues l'ont été), il répond toujours au téléphone, il dit "oui" aux interviews. Il met toujours son orgueil de côté parce que pour lui, c'est le message qui est le plus important. Ce qui compte, c'est de défendre les intérêts de son club. Et moi, en tant que journaliste, je respecte ça.
Est-ce que cette relation empêche parfois de dire ou de faire des choses ?
Franchement, je me suis tellement souvent fâché avec lui que j'étais pas une fois près et du coup, ça m'a jamais limité (rires).