À Marigné, des habitants reconstituent en spectacle la vie d'un chouan du village

C'est un pan de l'histoire que vont faire revivre des habitants de la commune Les Hauts d'Anjou. Ce vendredi 17 juin, 110 bénévoles plongeront le public à la fin du XVIIIe siècle lors de la période de la chouannerie, à travers une reconstitution historique en plein air intitulée "Chouans du Haut-Anjou, en avant !". Après une première édition réussie en 2019, avec 310 spectateurs, cette année, l'association des Amis de l'Histoire et du Patrimoine de Marigné voit plus grand. 

Il y a trois ans, ses bénévoles rénovaient la Fontaine aux Yeux et un pont, "elle servait à abreuver les chevaux qui faisaient un arrêt à Marigné alors sur l'axe important Paris-Nantes", raconte Jean-Pierre Boisiaud, vice-président de l'association. Les passionnées souhaitaient alors monter une animation, mais c'est sans compter sur leur appétit débordant et leur curiosité. Chantal Pouliquen, présidente de l'association des Amis de l'Histoire et du Patrimoine, était alors responsable de la bibliothèque de Marigné, "sur le blason de Marigné, il y a deux chouettes, ça atteste de ce passé de chouannerie", explique-t-elle. Elle se renseigne et découvre qu'un universitaire Yann Mottais a réalisé un mémoire, "c'était en quelques sortes notre livre de chevet", raconte Chantal. Le groupe décide alors de faire vivre cette histoire. 

Joseph Just Coquereau, un chouan emblématique de Marigné 

Et c'est sur la vie de Joseph Just Coquereau qu'ils se penchent. En 1793, ce fils d'une famille de marchand de tissu installée rue Max Richard à Marigné, se révolte contre la République, "suite à la Révolution, qui est un fait des grandes villes. Dans les campagnes, il y a eu un tirage au sort, la levée des 300 000. Les jeunes à partir de 17 ans devaient aller combattre aux frontières. Ce tirage au sort ne passait pas du tout parce qu'ils ne se voyaient aller combattre pour quelque chose qu'ils ne connaissaient pas. Et puis aussi la répression de la religion qui était quand même bien implantée dans les campagnes. Les prêtes n'avaient plus le droit d'officier", décrit Chantal.  

Cet ancien militaire, originaire de Daon, décide de prendre les armes entre 1793 et 1795. C'est cette période que vont raconter les acteurs amateurs, "on reconstitue le début de la révolte avec le tirage au sort qui a eu lieu à Châteauneuf-sur-Sarthe au manoir de la Verouillère. Mais aussi l'enlèvement de sa famille, parce qu'on faisait pression sur sa famille. On a failli enlever sa fille. On a volé une carriole avec des décrets à l'intérieur qui était utile pour la collecte des impôts et des taxes foncières à l'époque. Autant de faits exacts qu'on essaye de reconstituer", raconte Jean-Pierre Boisiaud. Des combats aussi comme la prise du Port-Joulain, la bataille de Chéré ou encore la mort de Coquereau à Daon. 

Un travail gigantesque pour raconter l'époque

En contrebas d'un champ, c'est le bourg du village qu'on aperçoit, quelques arbres plantés, une marre, un enclos et un pont en apparence en pierre servent à créer l'illusion d'un retour au 18ème siècle, grâce à un travail exceptionnel, "on a tout fait à savoir les costumes, les décors, les armes. On a reproduit la place du village avec l'église en bois. Le plus haut décor fait 6 mètres de haut", explique Chantal. Le site qui appartient à un agriculteur du coin a dû être entretenu. Sur la droite, un écran géant est installé, "entre chaque scène, il y a une projection qui nous éclaire sur ce qui se passe, qui nous resitue et dans le temps et dans l'espace", précise Jean-Pierre. 

Le décor est planté, mais pour le faire vivre, l'association peut compter sur des effets spéciaux comme pour les fusils et 80 acteurs bénévoles, 7 ans pour le plus jeune, 70 ans pour le plus âgé, "quasiment tout a été fait par des bénévoles. On aurait jamais fait ce spectacle sans cette équipe", salue Chantal. L'immersion est totale. Sur scène, aux côtés des acteurs amateurs, plusieurs animaux, des moutons, des grenouilles, une poule, une dizaine de chevaux du SHR de Champigné et de Trait courses, un cracheur de feu, une chorale et un chanteur professionnel Morgan Marlet, le tout dans des costumes cousus sur mesure, "le gros travail, ça a été les costumes de républicain. On a une équipe de couturières qui nous a fait des super costumes avec des blouses de travail bleu. On a l'impression que ce sont de vrais costumes de républicain [...] ", souligne la présidente de l'association. C'est en quelques sortes la petite cinéscénie de Marigné.

Infos pratiques : 

-Entrée 12 € pour le début du spectacle à 22h45

-Gratuit pour les moins de 12 ans inclus

-Spectacle en plein air dans un champ, suivre les indications dans Marigné

-Pas de chaise, prévoir des couvertures et des draps

-Repas de fouaces à 20h30 - 8 €

-Informations auprès de ahpmarigne@gmail.com ou 06.84.39.73.66