Agriculture. Les élevages du Maine-et-Loire et de la Mayenne sous cloche sanitaire

En ce début d'automne, les agriculteurs de l'Anjou et de la Mayenne restent vigilants face à l'évolution de trois maladies, la catarrhale ovine, la grippe aviaire et la MHE dont des cas ont été détectés en Maine-et-Loire.

10 septembre 2024 à 12h35 - Modifié : 11 septembre 2024 à 10h06 par Alexis Vellayoudom

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Crédit : Illustration - Julia Cherk / Envato Elements

Les agriculteurs préoccupés en ce début d'automne. Alors que la récolte de blé et de paille n'a pas été bonne, minée par une météo crapricieuse, le regain dans plusieurs maladies sur le territoire français inquiète. La FDSEA 53 a fait le point. 

 

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Ces dernières semaines, deux maladies inquiètent particulièrement le monde agricole. La fièvre catarrhale ovine et la maladie hemmorragique epizootique (MHE) ont dépassé les 400 cas en France. La première, qui touche les bovins et les ovins, s'est développée dans le Nord-Est de la France, mais fin août, un cas a été déclaré dans l'Orne. La seconde s'est d'abord propagée dans le Sud-Ouest de la France, mais le 30 août, la préfecture du Maine-et-Loire annonçait la présence d'une vingtaine de cas en Anjou, principalement sur les communes d'Orée d'Anjou et Mauges-sur-Loire. Depuis 80 cas ont été confirmés et 180 suspicions. "Elle n'est pas maîtrisée", constate Jean-Yves Guérot, membre de la FDSEA 53. Conséquence, les deux départements sont placés en zone de surveillance et sont sous cloche sanitaire. "On ne nous interdit pas de vendre des animaux. On ne nous interdit pas la commercialisation. Par contre, il doit avoir des opérations de désinsectisation pour éviter la présence d'insectes dans les commerces et entreprises qui manipulent les animaux".

 

Quelles mesures pour lutter contre la fièvre catarrhale et la MHE
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Les regroupements de bovins sont aussi sous surveillance. "Tout regroupement peut occasionner un risque. On le verra sur le Space de Rennes, ça va limiter la venue de certains éleveurs qui souhaitaient venir, mais qui ont un risque à venir dans une zone régulée où on doit protéger les animaux", rappelle Jean-Yves Guérot. En Mayenne, les agriculteurs sont conviés cet après-midi à une réunion d'urgence avec la Direction départementale de la protection des populations et la préfecture. Au niveau national, l'État va commander 5,3 millions de doses pour la fièvre catarrhale ovine et 2 millions de doses pour la MHE dans le cadre de dispositif volontaire et gratuit. Une autre maladie inquiète les autorités, il s'agit de la fièvre porcine africaine dont un cas a été détectée en Allemagne. 

 

Trois cas de grippe aviaire de l'Ouest de la France

 

"Trois cas, ça reste peu, mais il faut rester vigilant", lâche Jean-Yves Guérot. Durant les dernières semaines, les autorités ont relevé des cas à Combourg, près de Fougères, dans le Morbihan et dans le Finistère. Alors, pour le moment, pas d'affolement, mais les éleveurs de la Mayenne et de l'Anjou sont appelés à la plus grande vigilance, car leurs départements sont englobés dans la zone de surveillance définie lorsque ces cas ont été détectés. "Des zones un peu trop grandes à mon goût, qui vont être encore sous séquestre où les animaux vont pouvoir sortir des élevages. Par contre, les éleveurs professionnels alentours des cas de positivité, ne pourront pas remettre en place dans leurs élevages donc il y aura encore une perte financière chez ces éleveurs", explique Jean-Yves Guérot. La vaccination massive lancée en 2022 permet de contenir la progression de la maladie, lais l'État qui prenait jusqu'ici 85 % du prix d'un vaccin a décidé de se désengager progressivement. "Ils proposent un financement à 70 % par l'État, reste 30 % pour la filière qu'est déjà affaiblie. Ça ne fait pas l'unanimité dans les rangs de la filière de canards. Ils disent aujourd'hui, qu'il faudrait mieux prévenir par le vaccin que de payer des indemnisations à des éleveurs qui ont subi la maladie", commente l'éleveur.

 

Faut-il s'inquiéter du retour de la grippe aviaire ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Le Changéen, qui vend ses poulets et ses dindes à LDC, veut tout de même rassurer ses collègues et les consommateurs : "Il n'y pas péril en la demeure, mais il y a des maladies aujourd'hui sont là, qu'on ne pourra pas éradiquer. Le zéro n'existera pas et demain, il faut du sanitaire, de la précaution. On ne rentre pas dans un élevage de volailles comme on rentre dans un moulin. On change de chaussures, on met une combinaison à usage unique et on se lave les mains. On fait de la prévention autant que dans un hôpital". Le responsable de la filière volière au sein de la FDSEA 53 sait de quoi il parle, il a vu les tragédies engendrées par les précédentes épidémies. "En 2021 et 2022, j'ai des amis en Vendée qui ont été touchés. Quand vos élevages sont abattus, on vous enlève ce pourquoi vous avez travaillé, c'est votre gagne-pain qui s'en va. Certains ne s'en sont pas remis". À cette époque, plus de 30 millions de volailles avaient été abattues, principalement en Vendée. Sur le plan financier, la FDSEA 53 craint que ces trois nouveaux cas engendrent une perte de marché à l'exportation pour la filière.