Décès d’Elizabeth II : “c’est comme si on perdait sa grand-mère”
Ses sujets la pleurent depuis ce jeudi 8 septembre, les dirigeants du monde entier lui rendent hommage. En France aussi, la mort de celle qui a gouverné le Royaume-Uni pendant 70 ans est “un moment historique, un tournant”.
Publié : 9 septembre 2022 à 19h56 par Coralie Juret
Le Combréen Keith Bloomfield, ancien ambassadeur de la Couronne britannique à Katmandou (Népal).
Crédit : Coralie Juret
C'est un choc pour le peuple britannique et le monde : le Royaume-Uni et le Commonwealth pleurent leur reine Elizabeth, décédée hier à l'âge de 96 ans à Balmoral en Ecosse après 70 ans de règne. Une mort pas inattendue, mais subite pour l'ancien ambassadeur britannique Keith Bloomfield : “On savait qu’elle n'était pas en très bonne santé depuis un an, mais on ne s'est jamais attendu à une mort comme ça, même si on sait qu'elle était malade”.
La Reine recevait encore sa nouvelle Première Ministre britannique Liz Truss trois jours plus tôt. “Mick Jagger a dit que c'était comme si on perdait sa grand-mère, c’est un peu comme une histoire de famille parce qu’elle est là depuis toujours, j'ai pas connu d’autre monarque qu’elle. J’ai été très touché, j’ai reçu des tas de condoléances, des amis, de la famille en France et en Belgique. Elle a touché beaucoup de monde”.
Une rose en souvenir
Dans sa demeure de Combrée, Keith a posé une rose sur son piano pour rendre hommage à Sa Majesté. Entre deux photos de la reine, l’une aux côtés de son mari le Prince Philip, l’autre le décorant de l'ordre de St Michel et St Georges.
Une reine qui avait surmonté des crises familiales, “beaucoup même” avec la princesse Margaret ou encore Charles et Diana, “mais toujours avec la même dignité, quelque chose qui oblige le respect. Elle ne se fâchait jamais publiquement”. Son ancien diplomate évoque aussi “un sens du devoir qui prédominait sur tout, la vie personnelle et tout”, et “parfois une influence considérable” auprès de ses quinze Premiers Ministres, “dans les sanctions économiques contre l’Afrique du Sud et plus récemment sur le Brexit”.
Une rose en hommage à la reine Elizabeth II, qui décore ici son ancien ambassadeur Keith Bloomfield.
Crédit : Coralie Juret
“Charles va devoir faire ses preuves”
Son fils Charles III sera officiellement proclamé roi ce samedi 10 septembre au matin. Il aura la lourde tâche de remplacer une souveraine aimée et respectée. "Ça va être très dur pour le prince Charles d’autant plus qu’il a un certain bagage historique lui-même. Ces dernières années il a rattrapé un peu ses fautes, il est de plus en plus acceptable je pense comme nouveau roi”, analyse l'ancien ambassadeur de la Couronne au Népal. Et de maintenir l'unité d'un Royaume contesté par les nationalistes écossais et les catholiques irlandais, ajoute Keith Bloomfield, “la fidélité des Ecossais et des Irlandais au royaume est aussi en partie la fidélité à la Couronne”. Le Combréen s'interroge sur le Commonwealth et ses 14 royaumes “qui était presqu’une création de sa Majesté la Reine. Est-ce qu'il va pouvoir survivre de la même façon ?”.
Un nouveau roi qui n’est pas prêt de détrôner Elizabeth II à l’heure du thé chez ce collectionneur de vaisselle, et notamment de tasses à l’effigie de la famille royale : “On ne connaît pas assez le roi Charles. J’ai failli le rencontrer une fois en Egypte mais il a annulé au dernier moment”.
Dix jours de deuil national ont été décrétés au Royaume-Uni. La dépouille de la reine Elizabeth II sera exposée durant quatre jours à Westminster Hall 23 heures sur 24 à Londres, avant ses funérailles neuf jours après son décès. Elles devraient être accompagnées par un long cortège de sujets endeuillés.