Écouflant. Une allée dédiée au travail de Camille Lepage, photojournaliste angevine tuée en 2014

Vendredi 31 mai, la ville d'Écouflant a inauguré l'allée Camille Lepage. Un chemin où sont exposés 7 photos pour rendre hommage au travail de la photojournaliste angevine, tuée au Centrafrique en 2014

6 juin 2024 à 15h02 - Modifié : 6 juin 2024 à 15h45 par Alexis Vellayoudom

Jean-Luc Poidevineau, 1er adjoint à Ecouflant, devant l'entrée de l'allée et photo de Camille Lepage

Crédit : Alexis Vellayoudom

À Écouflant, les habitants peuvent désormais se balader dans l'allée Camille Lepage. Le vendredi 31 mai, la commune a inauguré ce chemin dans le quartier de Provins sur le secteur Éventard. Sur ce passage fleuri, les passants pourront observer sept photographies de la photojournaliste angevine, décédée en 2014 lors d'un reportage en Centrafrique. 


 


Un travail de mémoire...


 


"On a constaté qu'il y avait très peu de noms de rues ou d'impasses qui portaient le nom d'une femme", s'explique Jean-Luc Poidevineau, premier adjoint à la commune d'Écouflant. C'est tout naturellement que le choix s'est porté vers Camille Lepage, photojournaliste angevine. "En plus, nous avons appris, que quand elle était jeune, elle venait prendre des cours de musique très régulièrement dans le bourg d'Écouflant, à l'école de musique locale. On trouvait que ce qu'elle défendait, méritait d'être mis à l'honneur", précise Jean-Luc.


 

Titre :Jean-Luc Poidevineau raconte sa photo préférée

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Mais nommer l'allée au nom de Camille Lepage n'était pas suffisant. Pour aller plus loin, la ville a décidé d'installer dans cet écrin de verdure, de façon permanente, sept photos de Camille Lepage. Elles ont été sélectionnées en collaboration avec l'association Camille Lepage - On est ensemble. "On a souhaité mettre des photos qui ne soient pas trop violente car cette allée est fréquentée par des parents et des enfants". Pour mettre ces photos de qualité en valeur, la mairie a fait le choix de les imprimer en grande taille sur du dibon. Sous chaque photo, quelques phrases donnent le contexte et des informations sur les personnages présents.


 


... et pédagogique


 


En 2014, Camille Lepage était l'une des seuls photojournalistes à couvrir la guerre civile au Centrafrique. "Elle a mis en lumière ces populations qui étaient très peu médiatisées. Camille Lepage a toujours souhaité mettre à l'honneur ces habitants qui vivaient des atrocités". Cette mise à l'honneur va donc jusqu'à s'installer en plein quartier, dans un sentier régulièrement emprunté par des touristes. "On veut faire connaître à tout le monde, à des gens qui n'iraient pas forcément voir des expositions photographiques dans des salles dédiées à cet art", souligne l'adjoint à la communication. Et peut-être susciter des vocations. "Le métier de journaliste n'est pas réservé qu'aux hommes. Il y a de plus en plus de femmes. Le métier de photoreporter est passionnant, fait par des passionnés. Ils s'engagent à fond, avec les risques que cela comporte et Camille en a payé de sa vie". 


 

Cette photo a été prise au Soudan en 2012 après le bombardement du village de Kauda

Crédit : Alexis Vellayoudom

 


Parmi ces photos qu'elle a prise au péril de sa vie, une, a particulièrement touché Jean-Luc Poidevineau. Il la décrit : "elle relate qu'après le bombardement du village de Kauda, on voit ce couple qui marche dans les cendres de la maison qui a été détruite. Cette offensive a détruit quatre maisons, ainsi que toutes les récoltes annuelles qui venaient d'être récoltées. Conséquence, les familles n'auront plus de nourriture jusqu'à la prochaine récolte, en septembre de l'année suivante. Je trouve cette photo très jolie. On voit la fumée qui émerge des ruines. Ce qui est formidable chez Camille Lepage, c'est qu'elle savait capter des lumières originales et qui mettaient en valeur, esthétiquement parlant, des scènes horribles de guerre. Et donc, on voit ce couple main dans la main qui déambule dans les ruines de leur propre maison. C'est dramatique et en même temps, c'est joli". 


 


Du matériel pour protéger les journalistes


 


Pour obtenir l'autorisation d'installer ces panneaux photos, la commune a dû débourser 4 200 € de droits d'auteur. "Cette somme a été payée à l'association Camille Lepage - On est ensemble, qui la reversera à Reporters sans frontières pour acheter du matériel de protection destiné aux journalistes", explique l'élu. Pour continuer de rendre hommage à la photojournaliste, la commune exposera, du 7 au 16 juin, 70 clichés pris par Camille au cours de ses voyages. L'exposition sera installée à la Grange d'Éventard, près de l'hippodrome et ouverte de 14h à 18h30. 


 

Et pour les curieux qui voudront en savoir plus sur la vie de Camille Lepage, ils pourront scanner le QR code apposé sur la première photo de l'allée. 

Les élus ont choisi des photos non violentes, mais qui témoignent du travail de Camille Lepage

Crédit : Alexis Vellayoudom