En Mayenne, les Reflets très actuels du cinéma ukrainien et russe
Les Reflets du cinéma s'intéressent au pays de la mer Noire notamment l'Ukraine et la Russie avec des films très proches de la réalité.
17 mars 2022 à 17h11 par Alexis Vellayoudom
Le film Donbass de l'ukrainien Sergeï Loznitsa livre une réflexion sur la région séparatiste
Crédit : Pyramide distribution
"Notre Festival tombe tragiquement dans l'actualité, c'est tout à fait déplorable, mais les Reflets permettent de découvrir un territoire par la cinématographie, d'apporter un éclairage sur les cultures, les sociétés et les mentalités de ces différents pays", confie Audrey Bénesse, programmatrice de l'événement. La directrice artistique d'Atmosphères 53 était loin d'imaginer l'invasion russe en Ukraine lorsqu'elle a programmé le festival. Pour autant, du 18 au 27 mars, ces Reflets du cinéma feront un focus sur les pays de la mer Noire, notamment les cinémas de l'Ukraine et de la Russie qui cohabiteront quelques jours, "ça reste un festival du cinéma, le propos, c'est quand même de parler des artistes, des films et de leurs contenus", insiste Audrey Bénesse.
Des films qui reflètent l'actualité en Ukraine
Le festival n'a peut-être jamais aussi bien porté son nom, avec des films reflétant les sociétés ukrainiennes, russes et l'actualité qui s'écrit, en ce moment, en Ukraine. Comme en témoigne le cinéma russe, "le cinéma russe qui nous parvient en Europe, est vraiment un cinéma très critique. Je pourrai citer, le film À Résidence (de Alexeï Guerman), sur un homme qui a un peu trop contesté le maire de sa ville et qui se retrouve avec un bracelet électronique pour des accusations sur des faits qu'il n'a pas commis. On voit bien qu'il y a un besoin du cinéma russe d'être très critique envers la corruption et le régime", explique Audrey Bénesse.
Côté Ukrainien, le réalisateur Igor Minaev viendra pour la diffusion de son documentaire La Cacophonie du Donbass. L'une des clés pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui ; s'est déroulé en 2014 ; a commencé à l'époque soviétique, "ça nous permet de remontrer l'histoire du début du XXème siècle pour comprendre à quel point le Donbass est un enjeu politique, symbolique, économique et pourquoi on en est arrivé à cette situation actuelle dans le Donbass. Igor Minaev étant ukrainien, il ne pourra pas être neutre. Je pense ça sera chargé d'émotion", raconte la programmatrice.
Titre :Les cinémas ukrainien et russe cohabiteront à Laval
Crédit :Alexis Vellayoudom
Le hasard veut que sur les deux réalisateurs mis en avant dans le festival, l'un est Russe Andreï Zviaguintsev, "le grand metteur en scène russe du moment", et l'autre Ukrainien, Sergeï Loznitsa, "le grand réalisateur Ukrainien de la dernière décennie". Ce dernier a d'ailleurs réalisé le film Donbass qui revient sur la région séparatiste et la prise de contrôle par les forces pro-russe.
Une conférence géopolitique gratuite intitulée Géopolitique du bassin de la mer Noire, le théâtre stratégique d'une nouvelle guerre froide reviendra sur les enjeux de la mer Noire. Elle est prévue le dimanche 20 mars à 16h à L'Avant-Scène à Laval. Elle sera animée par Jean-Sylvestre Mongrenier, professeur agrégé et docteur en géographie-géopolitique.
Une cinquantaine de films diffusés
Mais les reflets ce n'est pas que l'Ukraine et la Russie. Une cinquantaine de films venant aussi de la Géorgie, de la Bulgarie, de la Roumanie et la Turquie seront diffusés dans 10 salles de cinémas de la Mayenne, "on peut retrouver un ton très satirique, propre à la culture slave [...] le spectre du communiste, des films sur l'historie de leurs pays, des points communs très forts entre un film georgien, roumain, russe, ukrainien", souligne Audrey.
Le film Sibel de la réalisatrice turque Çagla Zencirci et du français Guillaume Giovanetti
Crédit : Pyramide Distribution
La programmatrice donne ses coups de coeur, le film russe L'Idiot (de Yuri Bykov), "c'est vraiment sur la corruption et comment elle gangrène du plus petit fonctionnaire jusqu'aux plus hautes sphères de l'état et impactent les populations les plus précaires. Donc c'est une critique politique et sociale de la Russie assez fort. Et là surtout avec le prisme de la récente actualité et la guerre en Ukraine". Et le film bulgare Woman do cry (de Mina Mileva et Vesela Kazakova), "c'est vraiment sur la question de l'émancipation féminine et la place des femmes dans la Bulgarie actuelle. La Bulgarie qui se met en perspective avec l'Union européenne donc c'est vraiment intéressant", raconte la programmatrice.
Titre :Audrey Bénesse conseille deux films
Crédit :Alexis Vellayoudom
Des critiques de cinéma, des documentaristes, scénaristes, distributeurs et même des réalisateurs se déplaceront sur le festival. C'est le cas de la réalisatrice géorgienne Marie Gulbiani pour son documentaire En attendant Papa, les Roumaines Anca Damian avec son film d'animation en VF L'extraodinaire voyage de Marona et Bianca Sescu, réalisatrice du film Bonne route Papa.
Programme à retrouver sur LesRefletsduCinéma.com