Hellfest : cet artiste segréen refait le décor du festival chaque année

Il est l'un des sculpteurs officiels du festival de rock de Clisson et fait dans le monumental : Jimmix a travaillé cette année sur le nouveau fronton du Kingdom of muscadet pour "l'édition du siècle".

Publié : 17 juin 2022 à 15h20 - Modifié : 17 juin 2022 à 16h07 par Coralie Juret

Jimmix a créé ce calice pour la nouvelle entrée du Kingdom of Muscadet au Hellfest.

Crédit : CJ

C'est un monument du Hellfest, côté coulisses : le sculpteur Jimmix travaille depuis les débuts du festival, presque 15 ans pour le Hellfest. Entré "par la petite porte", l'artiste installé à Nyoiseau fait partie des "2-3 sculpteurs officiels" de l'événement, qui consacre un budget important chaque année au renouvellement de sa déco.

Titre :Reportage - le Segréen Jimmix sculpte du monumental pour le Hellfest

Après trois mois de travail acharné depuis mi-mars à raison de 10h-12h par jour, Jimmix a sorti de ses ateliers cette année une structure monumentale (sa spécialité) destinée à surplomber une porte du village du festival. Une immense cage en métal avec 13 squelettes attablés pour une Cène, version dark.“C'est super tard pour cette année, ils étaient encore pas sûrs avec le Covid, les protocoles de sécu… Il  faut que je livre ma pièce qui fait en gros 7 mètres de long par 3 mètres de haut, qui fera partie en fait d’un projet autour du Kingdom of Muscadet, le royaume du Muscadet autour du bar”.


 


“En 15 ans j’ai appris beaucoup de choses”


 


Habituellement c’est un travail de 5 ou 6 mois à temps plein pour l’artiste, qui va de la proposition à la réalisation, en passant par l'ingénierie. Sur demande du directeur du festival Ben Barbaud, parfois des années avant, le sculpteur segréen et le graphiste nantais Anthony Trosset font la proposition d'une dizaine de visuels de mobiliers et de sculptures. Après les dessins, les maquettes, c'est un travail d'étude :“un travail technique, de résistance mécanique”, explique Jimmix. “Quand tu fais du gros, du monumental et qu'on met des choses à 10 mètres de haut, j'ai un scorpion avec une 4 chevaux qui est accrochée au-dessus d'un bar, faut pas que cette pièce-là tombe. Donc au niveau consignes de sécu, c'est un peu drastique mais nous ça nous fait évoluer, ça nous fait avancer. Entre aujourd'hui et il y a 15 ans où je suis rentré pour faire le premier bar à vin là-bas, j'ai appris beaucoup de choses et c'est magique”.  

Titre :Jimmix "c'est un travail de résistance mécanique, d'étude"

Crédit :Coralie Juret

L'occasion de toucher à tout pour le sculpteur, pas forcément fan de métal et de s’exprimer : il y a pas beaucoup d'endroits en France où je pourrais m'exprimer comme ça, même si je bosse à Brocéliande et à plein d'autres endroits. J'ai 200 clients en fait qui me suivent, mais [le Hellfest] c'est mon gros budget à l'année. C'est entre un quart et presque la moitié de l'année où je bosse pour eux”. Pour la réalisation, Jimmix embauche habituellement une douzaine de personnes de son réseau avec des savoir-faire particuliers, "des soudeurs, des plasticiens sur moules en silicone...". Son atelier de 10 mètres de haut équipé d'un manuscopique lui permet de réaliser ses pièces monumentales sur place.


 


Laisser la place aux nouveaux


 


Les pièces sculptées par Jimmix restent sur le site du festival à Clisson, même si la déco est toujours un peu renouvelée. Alors quand elles sont retirées, c'est toujours un crève-cœur pour leur créateur. “Y en a pas beaucoup… après j'en ai une qui vient cette année d'être détruite, le mausolée de Lemmy Kilmister qui faisait 13 m de haut, 70 tonnes. C’est toujours une petite pointe au cœur de démonter cette scéno-là, parce que c'est des grosses pièces. Après c'est comme ça, il y a quand même beaucoup de choses qui restent, mais il y en a qui demandent trop d'entretien… on s’y fait”.

Jimmix a aussi réalisé des poubelles-crânes d'un mètre de haut pour le Hellfest.

Crédit : CJ

Un travail entouré d’un grand secret à la demande du Hellfest que Jimmix dévoile progressivement sur Instagram, et à découvrir dès ce soir lors de la double édition du Hellfest jusqu’au 26 juin. Un travail chronophage aussi pour l'artiste, qui veut développer le Parc de Terre Noire, acheté il y a 4 ans sur le carreau de Bois II à Nyoiseau. Il n'acceptera plus de gros chantiers, pour développer son lieu et "proposer la place des anciens à des nouveaux artistes"