Ecole à la maison. "On veut garder notre liberté de choisir", explique une maman de Laubrières
Les parents s'inquiètent du projet de loi contre les séparatismes qui prévoit de passer l'instruction en famille d'un régime déclaratoire à un régime dérogatoire
Publié : 28 janvier 2021 à 13h15 - Modifié : 28 janvier 2021 à 13h19 par Alexis Vellayoudom
À 5 ans, Malo apprend mais à la maison
Crédit : Alexis Vellayoudom
C’est une maman en colère en Mayenne, qui a l’impression qu’on la dépossède de sa liberté de choisir. Barbara, maman de Malo, 5 ans, a choisi l’école à la maison, "un choix mûrement réfléchi, c'est un projet familial", explique cette ancienne infirmière. Tous les ans, à la rentrée, elle doit se déclarer à l’académie et tous les 2 ans à sa commune de Laubrières, sauf qu’aujourd’hui, elle se bat pour défendre l'école à la maison.
En cause, l’article 21 du projet de loi contre les séparatismes qui prévoit de passer l’instruction en famille d’un régime déclaratoire à un régime dérogatoire, "on va devoir demander une autorisation et en fonction du profil de l'enfant ou de la famille, ça sera accepté ou pas. Ça veut dire que je dois demander à quelqu'un que je ne connais pas, si je suis capable d'instruire mon enfant et ça, c'est une perte fondamentale d'une liberté individuelle", explique la maman.
Le ministre de l'Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, justifie cette partie du projet de loi par la lutte contre l'embrigadement des enfants et le sectarisme religieux. Une décision que Barbara entend, mais qui ne doit pas être au détriment de ceux qui respectent les valeurs de la république selon elle, "on cherche à avoir des chiffres qu'on ne nous transmet pas. On essaye de se faire connaître pour casser ces clichés ou ces amalgames d'embrigadement, de sectarisme. Je suis punie pour quelque chose que je n'ai pas fait et qu'on ne comprend pas".
Un apprentissage autonome
Pour casser ces clichés, le samedi 16 janvier, des familles mayennaises sont allées à la rencontre de gens dans les rues de Mayenne, Laval et Château-Gontier-sur-Mayenne pour faire connaître l'école à la maison. Barbara fait l'école à la maison à Laubrières pour son fils, Malo, 5 ans,
"je vois de la pâte à modeler, je vois un circuit, je vois des drapeaux avec des capitales, je vois une calculatrice. En fonction de son envie, il va aller vers quelque chose. Il aura des questions. L'objectif, c'est de répondre à ses questions. Il peut avoir des questions où je peux ne pas répondre alors je vais faire des recherches et je vais alimenter son envie"
Barbara n’est pas contre l’école. Elle ne prétend pas pouvoir l’emmener jusqu’au Bac. Pour le moment, Malo apprend à lire, parler et compter,
"il a appris à lire tout seul, je l'accompagne. Il connaît son alphabet avec les consonnes et les voyelles, il comprend qu'il faut une voyelle pour faire un son. Pour l'écriture, il n'est pas encore au point et ça on va le faire au fur et à mesure et si moi, je mets à écrire, il va faire comme moi".
Une école à la maison qui ne l’empêche pas de se construire socialement, Malo a des amis parfois plus âgés que lui. Il pratique le poney, fait des visios avec des amis à l'étranger. Et Barbara le répète quand Malo le souhaitera, il pourra aller sur les bancs de l’école.
Le sénateur angevin Stéphane Piednoir nommé rapporteur
Le sénateur angevin Stéphane Piednoir a annoncé hier qu'il avait été nommé rapporteur sur les questions d'éducation et du sport. Il a annoncé qu'il sera, "attentif à la question de l'instruction en famille dont le régime serait profondément modifié par ce texte". Le sénateur a également expliqué que ça sera l'occasion, " de s'attaquer à deux domaines touchés par le communautarisme islamiste". Le projet de loi sera examiné au Sénat à partir du mois de mars.