Précarité menstruelle : le département du Maine-et-Loire veut lever le tabou dès le collège

Le département du Maine-et-Loire a lancé une opération de lutte contre la précarité menstruelle dans 20 collèges. Des référents sont désignés pour identifier les jeunes filles dans le besoin. De l'équipement est distribué.

Publié : 24 janvier 2022 à 12h29 par Alexis Vellayoudom

Des kits de cups et de serviettes lavables sont distribués dans les collèges participants

Crédit : Alexis Vellayoudom

Finis le silence, finis les jugements, le département du Maine-et-Loire veut lever le tabou sur la précarité menstruelle et ça dès l'apparition des premières règles. Le 12 janvier, au collège Camille Claudel du Louroux-Béconnais, les élus ont lancé officiellement l'opération Une galère avec tes règles ?. Au total, 20 collèges où figure aussi Jacques Prévert de Châteauneuf-sur-Sarthe vont expérimenter le dispositif piloté par un comité regroupant des agents de la protection maternelle et infantile (PME), des élus, des enseignants et des infirmières.


 

Titre :Régine Brichet : "il y a des conséquences parfois dramatiques pour ces jeunes filles "

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Pour Régine Brichet, conseillère départemental du canton Tiercé-Châteauneuf-sur-Sarthe, il était temps de briser le silence : "dans le cercle familiale, ça n'est pas toujours facile de discuter de ce sujet, à l'école encore moins. Alors que les menstruations sont quelque chose de naturel. Il y a des conséquences dramatiques parfois chez ces jeunes filles qui souffrent moralement, physiquement et qui n'osent pas avouer ces difficultés. Ça va se traduire par des problèmes comportementaux, mais aussi des absences liées à ces règles douloureuses. Et le jugement, pour justifier ces absences, il y a quelque part une honte de dire que ça peut être à cause des règles". 


 


Des référents pour identifier les jeunes filles dans le besoin


 


Selon un sondage réalisé par l’Ifop, 8% des femmes et filles interrogées déclarent renoncer à changer de protections périodiques autant qu’il le faudrait, faute de moyens. Car avoir ses règles, ça coûte cher, entre 12 et 15 euros en moyenne, "l'achat des médicaments, les dépenses périphériques, vêtements souillés", souligne Roselyne Bienvenu, élu au Conseil départemental. 


La première mesure concrète est de désigner des référents dans chaque collège pour identifier les jeunes filles qui n'auraient pas les moyens d'acheter ou de changer leurs protections périodiques. Un rôle que vont principalement endosser les infirmières comme Caroline Bouju, à Camille Claudel. L'infirmière, fraîchement arrivée en septembre, veut démocratiser le sujet et être à l'écoute des jeunes filles qui en auront besoin : "je pense que je n'osais pas poser la question directement, donc ça va permettre ça. J'ai rencontré des élèves qui avaient besoin de matériel ou qui me sollicitaient pour des douleurs ou parler du sujet, mais jamais vraiment sur la précarité". 


 

Titre :Caroline Bouju est infirmières au collège Camille Claudel

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


La salle de l'infirmière sera aussi un lieu d'informations, filles comme garçons, "souvent les questions, c'est à l'arrivée des premières règles. C'est est-ce qu'on peut pratiquer le sport, aller à piscine. Il y a des idées reçues aussi est-ce que je peux faire la cuisine quand j'ai mes règles", raconte Caroline Bouju. 


 


Des cups et des serviettes lavables distribuées dans les collèges


 


C'est aussi un enjeu de santé, en aidant les jeunes filles à changer de protections périodiques, elles limitent leurs dépenses et évitent les chocs toxiques, dû notamment à un trop grand nombre d'heures au contact du sang, "il faut changer toutes les 3 à 4 heures d'après les médecins", précise Roselyne Bienvenu. 30 à 100 kits sont distribués dans les collèges, à l'intérieur des cups ou des serviettes lavables fabriquées en Sarthe, "ça va être en fonction de l'élève, de ses habitudes et de ce qu'il lui convient le mieux. Faut qu'elles soient à l'aise dans cette période avec le matériel qu'elles utilisent", ajoutent l'infirmière Caroline Bouju. 


 

Le Maine-et-Loire a lancé son opération de lutte contre la précarité menstruelle dans 20 collèges

Crédit : Alexis Vellayoudom

 


Des ateliers seront aussi organisés par les référents. En France, elles seraient entre 1,5 et 2 millions en situation de précarité menstruelle.