Vendée Globe 2024. Comment les skippers gèrent-ils et lisent-ils la météo ?
Plusieurs fois par jour, les skippers du Vendée Globe 2024 reçoivent des précieux fichiers pour interpréter la météo et créer leurs routages. Comment fonctionnent-ils ? Explications avec le marin Jacques Amedeo, père de Fabrice Amedeo, engagé sur cette course au large.
16h12 - Modifié : 16h14 par Cyprien Legeay
Maxime Sorel sur son ordinateur de bord dans son IMOCA V and B - Monbana - Mayenne.
Crédit : Maxime Falcone
Dimanche, à 13h02, le grand départ du Vendée Globe 2024. Quelques heures, quelques minutes avant, les 40 skippers engagés sur ce tour du monde en solitaire et sans assistance pourront garder quelques précieux conseils stratégiques et météorologiques de leurs équipes. Une fois la ligne de départ franchie, ce sera terminé.
Le règlement de la compétition rein de la catégorie IMOCA est très clair : "sur un Vendée Globe, les marins téléchargent des fichiers météo issus de ces différents modèles deux à trois fois par jour. Ils ont interdiction d’en recevoir de la terre ou d’un autre bateau." Sur l'eau, les marins n'ont que les fichiers Grib et leurs connaissances pour se repérer et avancer. "Ces fichiers, vous les captez par le téléphone satellite, explique Jacques Amedeo, marin et père de Fabrice Amedeo, engagé sur le Vendée Globe. Après, vous le rentrez dans votre fonction informatique, et là, vous moulinez pour savoir quelle est la bonne route, la mauvaise route, est-ce que je vais plutôt à droite, est -ce que je vais plutôt à gauche."
Plusieurs heures à décortiquer la météo
Ainsi, les marins passent plusieurs heures à décortiquer ces fichiers qu'ils téléchargent deux à trois fois par jour. Parfois trop, à mon avis, s'amuse Jacques Amedeo. J'ai fait une transat avec un très bon coéquipier et il était sur son écran. Il me disait 'ça y est, on va empanner, on va changer de direction parce que le vent a changé.' Je lui disais : "non, le vent a changé dans ton ordinateur, mais vient sur le pont, le vent n'a pas encore changé.'"
Fabrice Amedeo, skipper newans - Wewise engagé sur le Vendée Globe.
Crédit : Pierre Bouras
La météo repose sur l'observation des phénomènes atmosphériques tels que la pression atmosphérique, la température, l'humidité, la vitesse et la direction du vent. Les skippers, seuls à bord, sont chargés de faire une synthèse de toutes ces informations reçues.
« Ils les utilisent pour déterminer la route qu’ils doivent emprunter, grâce à des logiciels de navigation, dans lesquels les données météo sont croisées avec les données de performance du bateau que l’on appelle ses polaires (autrement dit, sa carte d’identité). Les skippers réalisent ces simulations de route à bord de leur bateau, sans l’aide de personne. C’est ce que l’on appelle les routages. Ils ont interdiction d’en recevoir de la terre ou d’un autre bateau. »
L'organisation du Vendée Globe
Le seul cas où les skippers du Vendée Globe peuvent accéder à des données de l'extérieur : une panne informatique, un problème technique ou de santé. "Mais dès qu'on touche à la tactique et à la stratégie, on passe une ligne rouge, précise Jacques Amedeo. Le règlement est clair depuis 2010 : on n'a pas le droit d'avoir des aides à terre pour l'interprétation météo et la tactique."