Vendée Globe 2024. Guirec Soudée a déjà fait plusieurs tours du monde... avec une poule

Parmi les 40 navigateurs qui se sont élancés dimanche midi des Sables-d'Olonne, Guirec Soudée (Freelance.com) n'en est pas à son coup d'essai. Le skipper breton a passé cinq ans à enchaîner les tours du monde à la voile, accompagné de Monique, sa poule.

12 novembre 2024 à 18h38 par Marie Chevillard

Guirec Soudée n'a (évidemment) pas emmené sa poule Monique sur son bateau Freelance.com.

Crédit : Vincent Curutchet / Alea

C'était son rêve depuis une dizaine d'années. Comme 39 autres navigateurs, Guirec Soudée a pris le départ du Vendée Globe 2024, ce dimanche 10 novembre aux Sables-d'Olonne. Sur son bateau Freelance.com, lors de ce tour du monde en solitaire sans assistance, le skipper breton devra faire sans coéquipier, mais aussi sans une fidèle compagne de ses précédents voyages : Monique, sa poule rousse.


Un animal que n'aurait pas forcément choisi son entourage, avant qu'il ne parte à l'assaut des mers et océans. "À l'âge de 21 ans, Guirec a décidé d'acheter un voilier et de partir faire le tour du monde pendant cinq ans, contextualise Manon, son assistante logistique. Au départ de Tréguier (Côtes-d'Armor), il voulait déjà avoir une poule, mais tout le monde lui a dit 'non ce n'est pas une très bonne idée. Une poule sur l'eau, elle ne va pas pondre, elle ne va pas du tout s'acclimater'. Finalement, quand il est arrivé aux îles Canaries, des copains lui ont offert une poule. Et je pense qu'il est tombé sur LA poule avec le pied marin !"


 


"Monique lui a sauvé la vie"


 


Avait-t-il imaginé cohabiter avec un autre animal sur son bateau ? Pas vraiment, selon Manon. "Un chien, ça aurait pris déjà beaucoup plus de place, les croquettes auraient été beaucoup plus lourdes, et il voulait un animal un peu atypique, qui en plus, pouvait lui donner à manger. Monique, elle, ne prenait pas beaucoup de place, tout comme ses 12 kilos de graines."


L'aventure a donc duré cinq ans, avec plusieurs escales, et aussi quelques frayeurs, comme ce passage de 130 jours dans les glaces du Groenland. "Pendant la nuit polaire, il lui avait créé un plafonnier et il a continué à simuler le jour et la nuit pour Monique, donc elle a continué à pondre. Lui n'avait pas du tout pris assez à manger pendant son hivernage : finalement, il a fini par manger les oeufs de Monique, qui lui a sauvé la vie parce qu'il n'est pas mort de faim."

Titre :L'aventure de Guirec Soudée et sa poule Monique fascine les spectateurs

Crédit :Marie Chevillard

Une belle histoire qui a séduit plusieurs visiteurs rencontrés sur le village du Vendée Globe. À l'image de Grégory, professeur des écoles et navigateur amateur, qui en a déjà fait son petit chouchou. "J'ai adoré son livre avec Monique, sa poule. Il est magnifique, ça ne parle pas vraiment de technique, n'importe qui peut le lire. C'est plus centré sur la relation avec sa poule, qui est vraiment une amie pour lui. Depuis, c'est vrai que c'est un navigateur que je suis beaucoup. Je suis content qu'il parte, je pense qu'il va faire un bon Vendée Globe."


 


"Un podium, sur un malentendu..."


 


Beaucoup d'émotions aussi le jour J pour Manon et l'équipe de Guirec Soudée, qui préparaient la course depuis quatre ans. "Je ne vous cache pas qu'au départ, les larmes ont coulé... C'est un gros aboutissement pour tout le monde. Guirec n'avait qu'une hâte, c'était de partir. Sans poule cette fois-ci (rires), puisque c'est interdit. Il avait déjà passé le Cap Horn en se disant à l'époque 'je reviendrai avec un bateau plus grand, plus puissant'... et c'est ce qu'il va faire, donc c'est super !"


Pour sa première participation, le navigateur espère "vraiment de finir la course, ce qui serait déjà incroyable, estime Manon. Après, sur un malentendu comme il a l'habitude de dire, pourquoi pas un podium..." À l'heure où nous publions cet article, Guirec Soudée occupe la 32e place.