Carbay. La mairie reporte le sondage sur les éoliennes, l'association, opposée au projet, s'agace
La mairie a décidé de reporter le sondage prévu ce dimanche. Les habitants devaient se prononcer "pour" ou "contre" le projet éolien sur la commune. L'association Carbay Tranquillité Durable organise son propre sondage et dénonce les méthodes la mairie.
Publié : 7 octobre 2022 à 17h52 par Alexis Vellayoudom
Ce dimanche, il n'y aura finalement pas de sondage sur les éoliennes à Carbay. Du moins, pas de sondage organisé par la mairie, comme promis initialement. Les habitants devaient se prononcer, "pour" ou "contre" ce projet de 3 éoliennes porté par la société Valeco, mais le Conseil municipal a finalement rebroussé chemin pour une date ultérieure. L'association Carbay Tranquillité Durable a décidé de prendre les devants.
Un sondage finalement organisé par l'association
"Reporté à une date inconnue", c'est la réponse qu'a reçu Carbay Tranquillité Durable lors d'une réunion jeudi soir avec le Conseil municipal. "On veut donner les éléments que la population réclame. Elle n'avait pas en main tous les éléments pour pouvoir se positionner", justifie Catherine Audebert, 1ère adjointe de la commune, contactée ce vendredi. Mécontente, l'association a décidé d'organiser son propre sondage ce dimanche devant la place de la mairie de 8h -13h, "toutes les personnes en âge de voter sur la commune avec une carte d'électeur ou une attestation de domicile peuvent y participer", précise Patrick Le Roch, président.
Un sondage non reconnu, mais qui a vocation à pointer du doigt la méthode la mairie, "c'est surtout une protestation devant l'attitude de la mairie qui ne respecte pas ses engagements. Nous ce qui nous intéresse, c'est de connaître l'opinion des gens. Le maire est en train de dire que les gens ont besoin de plus d'informations, je ne sais pas d'où il tient ça parce qu'on a déjà fait des réunions. On a déjà informé un maximum de gens. Ça fait un an qu'on en parle, si les gens ont des questions à poser, il y a longtemps qu'ils auraient pu les poser", explique Patrick Le Roch. Ce retraité de la restauration pense que la mairie veut gagner du temps : "Là, on essaye de partir sur une étude préalable alors qu'on sait très bien que si on part sur une étude préalable, ça engage énormément, c'est une étape qu'est cruciale. À partir du moment où c'est parti, c'est parti, on pourra pas freiner le projet donc il faut absolument que les gens disent oui ou non avant parce qu'après les promoteurs éoliens investissent de l'argent et pour eux, il est hors de question de revenir en arrière".
Accusations que réfute la première adjointe : "on en n'est pas à parler de l'étude préalable, on veut donner des informations aux gens. On aurait pu la faire il y a un an, si on avait voulu". Elle fulmine l'attitude de l'association, "de leur côté, ça manque de démocratie, peu importe le résultat du vote, ils continueront à suivre leur objectif, c'est-à-dire faire en sorte que ce projet ne se fasse pas".
Un projet lancé en 2021
Lorsque Patrick s'est installé à Carbay, ce retraité ne se doutait pas que le projet puisse se faire, "le projet n'était pas possible car il y a une école de pilotage de la DGAC et ça posait problème", lâche-t-il. Mais après une nouvelle étude, Valeco, société française, détenue en majorité par EnBW, l'un des plus grands fournisseurs d'énergie en Allemagne, revient à la charge et propose finalement un projet de 3 éoliennes au lieu de 4 prévues initialement. Les trois mastodontes de 130 mètres de haut doivent être installés sur des terrains agricoles à l'ouest de la commune. Opposée, certains riverains décident de se réunir sous l'association Carbay Tranquillité Durable qui regroupe aujourd'hui 15 personnes.
Les opposants dénoncent des problèmes sur le plan environnemental, sanitaire notamment pour les élevages à proximité, "à Nozay, en Loire-Atlantique, un éleveur bovins, installé à 700 mètres d'éoliennes, a perdu plus de 450 vaches en 10 ans", (ndlr : jusqu'ici, les expertises commandées se contredisent sur la responsabilité ou non des éoliennes. Le 18 octobre, la Cour d'appel de Rennes doit rendre une décision autorisant ou non une nouvelle expertise). Ils notent aussi la pollution sonore, visuelle et l'impact sur l'immobilier, "évidemment que ça perd de sa valeur. Est-ce que vous avez envie d'avoir une éolienne à côté de chez vous, je pense qu'à partir du moment où vous avez installé deux éoliennes, même si les gens n'ont rien contre les éoliennes, le jour où ils achètent, ça va être un argument pour faire baisser le prix. Moi, j'estime ici, qu'on peut perdre entre 20 et 30 %. Quand quelqu'un a travaillé toute sa vie pour ça et que vous retrouvez à perdre 30 % de la valeur de votre bien, même si ça rapport à la commune, vous vous dîtes, je suis un peu le dindon de la farce", confie Patrick Le Roch.
Le projet divise, même au sein du Conseil municipal, "on n'est pas tous d'accord", admet Catherine Audebert, 1ère adjointe. Une réunion, ouverte à tous, qui a réuni près de 80 personnes, s'est déroulée le 29 septembre en présence de Valeco, Alter Energies, la mairie et l'association pour échanger sur le projet, "on a eu un droit de parole qu'était satisfaisant pour nous. Après, il y avait des gens nous parlaient d'acceptabilité sociale, c'est-à-dire qu'on essaye de vous faire passer un truc, le mieux possible, sans la moindre vague", s'amuse le président de l'association. Et pour le moment, sans le moindre sondage.