CHU d'Angers. Ces agents de nationalité hors UE réclament un CDI
Hier, une soixantaine d'ASH s'est réunie devant la direction du CHU d'Angers. De nationalités hors Union européenne, elles ne peuvent pas prétendre au statut de fonctionnaire, mais demandent à passer en CDI pour quitter un CDD qu'elles jugent précaire.
Publié : 27 septembre 2024 à 11h13 - Modifié : 27 septembre 2024 à 11h14 par Alexis Vellayoudom
Elles demandent à être traitées aussi bien que les autres agents. Hier, une soixantaine d'ASH, de nationalité étrangère, s'est rassemblée devant les bureaux de la direction du CHU d'Angers. Ces agents, chargées de l'entretien et du bionettoyage des chambres et des locaux, réclament leur passage en CDI pour quitter un CDD souvent précaire.
Une précarité prolongée
"On est là pour prêter main-forte à tous nos collègues sur qui le CHU a pu compter pendant des périodes difficiles comme la crise sanitaire du Covid, mais aujourd'hui, ils ont des CDD maintenus dans la précarité", rappelle Mariam Camara, membre des représentants du personnel du CHU d'Angers. Pour bien comprendre leur situation, il faut rappeler que les agents de nationalité hors Union Européenne ne peuvent pas prétendre à la titularisation, le statut de fonctionnaire. Seules propositions pour eux, un CDD ou CDI, mais les conditions d'accès au contrat à durée indéterminée sont propres à chaque établissement. Au CHU d'Angers, la règle exige minimum 3 ans d'ancienneté avant de prétendre à un CDI. "Pourtant, rien n’interdit qu’ils soient mis plus rapidement en CDI, contrat plus protecteur", rappelle Force Ouvrière.
Conséquence, la plupart de ces agents enchaînent des CDD de 3 mois, 6 mois, voire 1 an pour les plus chanceuses. Parmi les agents présentes pour protester, Hela. Cette ASH au service maternité, a quitté un CDI au CHU de Grenoble pour s'installer à Angers, mais depuis, elle enchaîne les CDD de 6 mois. Une situation compliquée pour évoluer dans sa vie personnelle. "Pour avoir un prêt, les banques nous demandent un CDI, avoir une situation stable. Avec un CDD, c'est très difficile d'avoir un prêt pour évoluer dans notre vie", confie la Tunisienne. Côté professionnel, Force Ouvrière dénonce des inégalités salariales. "Nous ce qu'on demande, c'est qu'elles puissent bénéficier d'au moins un CDI qui permet d'évoluer à l'ancienneté sur la grille. C'est le minimum qui peut être fait, car déjà le CDI est bien moins avantageux que le statut de la fonction publique notamment sur la couverture sociale. Mais le CDI serait déjà une forme de sécurisation de l'emploi qui leur permettrait d'avancer dans leur carrière", défend Benjamin Delrue, secrétaire général Force Ouvrière.
Un système inégal ?
Dans le groupe de protestataire, Gigi, sort du silence. Elle n'a pas l'impression d'être considérée à sa juste valeur. "Ça demande le dos, les bras, c'est physique. Nous, on le fait, c'est par passion, mais on ne nous prend pas en considération, pourquoi ?". Hela dénonce un manque d'équité avec ses collègues français : "mon collègue, après un an, il est stagiaire puis titulaire. Alors que moi, ça fait 5 ans que je travaille en CHU, j'ai même pas un CDI donc c'est la moindre des choses, au moins que ça soit équitable pour tout le monde". Parmi ses agents, elles sont plusieurs à avoir entrepris les démarches pour demander la nationalité française afin de prétendre au statut de fonctionnaire, mais pour Cécile le système reste discriminatoire. "Si on doit passer les concours, comment on fait pour les illettrés ? Aujourd'hui, faut faire tout sur Internet, il y a des personnes qui ne savent pas utiliser, le fait déjà d'ouvrir un ordinateur. Comment on fait nous ? Enfaîte, on sert à quoi aujourd'hui ici, pourquoi nous sommes-là ?". "Pour avoir l'examen, c'est très difficile. Tous n'ont pas le niveau", complète Gigi.
D'autres comme Hela, pour obtenir la sécurité de l'emploi et éviter le stress permanent de voir son CDD renouvelé, ont voulu partir, avant de se rétracter. "J'ai postulé chez Irigo. On m'a proposé un CDI directement que j'ai pas voulu. Je me suis dit non, je ne laisse pas parce que ça fait mal au cœur que je me barre de quelque chose que j'aime faire de tout mon cœur ". Selon FO, la direction est ouverte à la discussion, mais le contexte politique pourrait compliquer la situation.