En Anjou et en Mayenne, des producteurs laitiers s'engagent à réduire leur empreinte carbone

L'OP des 3 Rivières, étalée sur l'Anjou et la Mayenne, s'est engagée dans le projet Ferme bas carbone. D'ici 2030, les producteurs mettront en place leurs plans d'actions pour l'empreinte carbone de l'OP de 12 %.

14 avril 2023 à 12h32 - Modifié : 14 avril 2023 à 12h33 par Alexis Vellayoudom

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Anthony Daubert et l'OP des 3 Rivières veulent réduire leurs émissions de carbone de 12 %
Crédit : Alexis Vellayoudom

Le débat des émissions de carbone s'invite aussi en campagne. L'Organisation de producteurs des 3 Rivières, qui rassemble plus de 300 producteurs de lait, notamment en Maine-et-Loire et en Mayenne, s'est engagé dans le projet ferme bas carbone avec l'objectif de tenter de réduire l'empreinte de l'OP de 12 %. 

 

Des DPE à tous les producteurs avant 2025

 

À l'origine du projet, on retrouve le client de ces éleveurs qui collecte leur lait, Savencia. Le groupe agroalimentaire, qui détient les fromageries Perrault à Château-Gontier et Meslay-du-Maine, a présenté un projet pour réduire son empreinte carbone de 12 %, d'ici 2030, "Savencia voulait limiter son émission de gaz à effet de serre sur la partie laitière et ils ont fait appel aux éleveurs. Le groupe proposait d'assurer tout le suivi et le financement, mais on voulait gérer ça nous-mêmes pour garder une certaine confidentialité sur nos exploitations et surtout notre indépendance", rappelle Anthony Daubert, vice-président de l'OP des 3 Rivières. 

 

Les objectifs de l'OP des 3 Rivières
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Concrètement, l'OP va gérer en interne la réalisation de ces diagnostics de performance énergétique et la mise en place de ses plans d'actions, "Savencia s'est porté garant pour financier le tout. Après, nous, en interne, l'idée, c'est que tous les éleveurs réalisent leur DPE d'ici 2025. Pour le moment, on est une trentaine a l'avoir fait. Et puis d'engager des plans d'actions dans les cinq prochaines années puis refaire un diagnostic pour voir les évolutions", détaille l'éleveur laitier de Soeudres. 

 

Moins de bêtes improductifs, plus d'autonomie

 

Dans son GAEC de Malibois à Soeudres dans le Haut-Anjou, Anthony est l'un des premiers à avoir fait son DPE, "on est plutôt dans la moyenne de ceux déjà fait au niveau régional", sourit l'éleveur de Prim'Holsteins et de Normandes. Il a ensuite pu bénéficier de deux jours de formations. Parmi les premières réflexions de son plan d'actions, réduire sa consommation en carburant lors de ses déplacements sur l'exploitation, l'enfouissement plus rapide des effluents pour valoriser au mieux l'azote et limiter l'achat d'engrais extérieurs ou encore réduire l'âge au vêlage des génisses.

"L'objectif, c'est de diminuer les animaux improductifs sur la ferme. Tout animal qui vit, produit du méthane par sa rumination. Une génisse, ça ne produit pas de lait, on la nourrit, elle produit du méthane. L'idée, en réduisant l'âge en vêlage, c'est qu'on les nourrisse le moins longtemps possible et qu'elle rentre le plus rapidement possible dans la production. Économiquement, on va s'y retrouver, si on décide de réduire de deux mois l'âge au vêlage, en général, une génisse nous coûte 30 € par mois, donc pour deux mois, 60 € par génisse. Sur une soixantaine de génisse, on économise 3 600 à 4 000 €", explique le producteur. 

 

Le plan d'actions d'Anthony Daubert
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais l'éleveur n'a pas attendu ce DPE pour prendre les choses en main. Avec ses associés, ils ont choisi de se mettre en polyculture céréalière, "on essaye d'être le plus autonome possible pour ne pas dépendre des aliments extérieurs. On voit bien, depuis quelques mois, les coûts des aliments ont augmenté. On ne veut pas aussi être dépendant d'un système maïs-soja qui vient du Brésil principalement, donc ça au niveau carbone, ce n'est pas forcément très bon. On essaye de produire des protéines, du Lupin. On fait de la luzerne. On amène de l'herbe en complément du maïs. Et puis le maïs, on se rend compte que c'est une plante gourmande en eau et avec l'augmentation des températures, c'est de plus en plus compliqué d'en faire". 

 

Une nouvelle contrainte pour les éleveurs ? 

 

Alors dans un contexte où des syndicats agricoles dénoncent la multitude de contrainte des agriculteurs, cette démarche en est-elle une nouvelle ? "C'est vrai que ça peut être ressentie comme une contrainte supplémentaire, sauf qu'aujourd'hui, le bas carbone, c'est une demande sociétale et des distributeurs qui mettent une pression forte sur nos transformateurs donc je pense qu'on a tout intérêt à rentrer dans cette démarche le plus tôt possible. Et puis, c'est aussi de pouvoir communiquer sur nos pratiques. En faisant le bilan carbone, ça fait une photo et on peut se rendre compte qu'on a déjà une pratique assez vertueuse. Et puis faire prendre conscience à tout le monde, qu'on est le seul secteur qui peut séquestrer du carbone, par les prairies, les arbres. On en émet forcément, mais on est aussi le seul secteur qui peut en capter" , répond Anthony Daubert. 

"On va essayer de rentrer dans cet objectif de moins 12 %, mais sans contrainte. Si, on n'y arrive pas, on n'y arrive pas. Si, on peut le faire, on le fera. Si, on peut faire plus, on fera plus. Sachant qu'à l'horizon 2050, l'objectif, ça sera neutralité carbone donc si on ne fait pas les efforts dès aujourd'hui, après il sera trop tard", assure le vice-président de l'OP.