Fermeture des coiffeurs le samedi : "On est obligé de s'adapter si on veut avoir encore du personnel et recruter"

Le président de l'Union nationale des entreprises de coiffure note des difficultés à recruter pour les salons. Le syndicat est en réflexion sur la fermeture le samedi et travaille sur la baisse de la TVA.

Publié : 25 octobre 2022 à 17h52 - Modifié : 25 octobre 2022 à 18h03 par Alexis Vellayoudom

UNEC - Coiffeur Angers_24 10 22_AVC
L'UNEC demande une TVA réduite pour les entreprises de coiffure
Crédit : Alexis Vellayoudom

Difficile de trouver du personnel pour couper les cheveux dans les salons de coiffure. Hier, Christophe Doré, président de l'UNEC, l'Union nationale des entreprises de coiffure, s'est rendu dans le salon 59 Street Coiffure, rue Saint-Lazare à Angers, pour faire le point sur les difficultés du secteur et les perspectives d'avenir. Le syndicat est en réflexion sur l'ouverture des salons le samedi et discute avec le gouvernement pour faire bénéficier le secteur d'une TVA à taux réduit. 

 

Entretien avec Christophe Doré, président de l'Union nationale des entreprises de coiffure
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Un passage à vide dans le recrutement

 

Christophe Doré ne s'en cache pas, le secteur de la coiffure rencontre des difficultés pour trouver des employés prêts à prendre les ciseaux, "on a quelques difficultés de recrutement, mais on s'y attendait. Après des décisions politiques, prises sur la baisse des aides à la formation entre 2013 et 2014, on s'est retrouvé dans le dur depuis le 2019 parce qu'on n'a pas formé au bon moment, suffisamment de coiffeurs, car il faut entre 5 et 7 ans donc voilà, on y est. On est un peu dans le dur, mais ça va passer". "On a peu de fermetures, mais on a des salons qui ont moins de chiffre d'affaires et qui bloquent leur développement économique", poursuit le président de l'UNEC. Mais l'horizon s'annonce plus joyeux avec la barre des 20 000 apprentis qui va être franchie, "c'est un record depuis 2010 donc c'est quelque chose de rassurant pour la coiffure", souligne Christophe Doré. 

 

Christophe Doré revient sur les difficultés de recrutement
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Un apprentissage valorisé en Anjou par le titre de championne du Monde de coiffure 2022 d'Inès Salmon. La jeune angevine de 20 ans a donné ses premiers coups de peigne à Angers dans le salon 59 Street Coiffure, spécialisé dans la coloration végétale. Sa maîtresse d'apprentissage, Gaëlle Laroche, gérante du salon, est fière : "elle a commencé à 15 ans chez moi. Elle était motivée donc c'est beaucoup plus plaisant de l'accompagner. Notre travail, c'est de donner confiance et montrer qu'ils sont capables de faire de belles choses. C'est essentiel. En tant qu'employeur, il faut être persuadé que c'est l'avenir qu'on va préparer. Comme je dis toujours, je veux être une mamie qui veut être bien coiffée. Il faut les former, se donner et donner du temps. C'est nécessaire". 

 

Fermer le samedi ?

 

Attirer pour recruter, mais aussi conserver les salariés déjà présents, c'est tout l'enjeu des années à venir. D'autant que comme la restauration, les salons de coiffure ont connu les démissions silencieuses avec des salariés plus exigeants sur les contraintes horaires, "je ne sais pas si c'est dû à la Covid. C'est dû aussi à un mouvement générationnel et des consommateurs. La vie privée et familiale a pris de l'importance et c'est normal donc il faut qu'on réfléchisse autrement donc à nous de nous adapter", explique Christophe Doré. 

Le syndicat est en réflexion sur la fermeture des salons le samedi, "on est attentif, mais j'aurais jamais pensé à demander un samedi à l'époque où j'ai débuté. Mais aujourd'hui, on doit s'adapter. C'est certainement pas négatif, il faut juste le construire. Il ne faut pas faire n'importe quoi parce qu'on sait aussi que le samedi, ça pèse fortement économiquement dans nos salons, c'est en général 30 % de notre chiffre d'affaires. Donc, comment on arrive à moduler les choses dans la semaine. À chacun de gérer son salon et ses équipes", argumente le président de l'UNEC. 

 

 

Gaëlle Laroche - Gérante du salon 59 Street_24 10 22_AVC
Gaëlle Laroche a formé Inès Salmon, championne du monde de coiffure 2022
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

La gérante du 59 Street Coiffure n'est pas opposée à l'idée : "en centre-ville, c'est peut-être plus compliqué. Après, tout dépend de l'effectif qu'il y a dans un salon où on peut se permettre de faire un roulement. Quand on est une petite structure comme la mienne, ça semble compliqué. Mais je dois avouer que les choses ont changé, même accéléré après Covid, sur la fréquentation des clients le samedi. Beaucoup de gens veulent garder leurs samedis pour passer leur week-end en famille. Moi, je suis presque prête à ouvrir plus tôt le matin. J'ouvre déjà le lundi après-midi pour élargir. Je ne suis pas fermée. Je pense qu'il faut suivre le mouvement. On est obligé de s'adapter si on veut avoir encore du personnel et savoir recruter". 

 

Une TVA à taux réduit pour les coiffeurs

 

Parmi les solutions réclamées par les salariés, l'indexation des salaires sur l'inflation pour rendre le métier plus attractif. De son côté, l'UNEC, qui affirme avoir négocié une hausse de 5 % en janvier, se refuse à cette idée, "le gouvernement ne peut pas toujours nous obliger à augmenter les salaires parce que l'inflation augmente, c'est trop facile. On fait porter l'augmentation des salaires pour combler l'inflation par les entreprises. À un moment, c'est pas comme ça qu'on va redonner du pouvoir d'achat à nos salariés parce que l'inflation, elle est plus haute", s'agace ce gérant de salon. 

 

Gaëlle Laroche est ouverte à une fermeture le samedi dans son salon
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Le président de l'UNEC prône plutôt la création d'une TVA à taux réduit pour les salons de coiffure. Aujourd'hui, elle est de 20 %, l'UNEC souhaite l'abaisser à 10 %, "je vois pas comment un secteur comme la coiffure ne peut pas l'avoir. Depuis 3 ans, je dis au gouvernement de baisser la TVA pour les salons de coiffure à un taux réduit. Plus de 50 % de notre chiffre d'affaires, c'est la masse salariale donc si on nous baisse pas la TVA, on aura du mal à améliorer la marge et puis être donnant-donnant avec nos collaborateurs. Aujourd'hui, donnez-nous cette possibilité et si j'ai cette possibilité, on augmentera le salaire de nos collaborateurs parce qu'ils contribuent au développement de nos entreprises", confie Christophe Doré.  

Au niveau des Pays de la Loire, le syndicat travaillera aussi pour faire fermer les salons illégaux et coiffeurs clandestins. L'UNEC veut se porter partie civile dans chaque affaire.