Journée mondiale de la trisomie 21 : " Il faut former les personnes dites "normales" aux handicaps", estime Louis
A l'occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21, Oxygène Radio a rencontré Louis, un cuisinier angevin, pour parler de son parcours, revenir le film Un P'tit truc en plus et l'accueil en milieu ordinaire.
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Un film permet parfois de faire beaucoup plus qu'un simple discours politique. C'est ce qu'a su démontrer Un P'tit truc en plus, réalisé par le comédien et humoriste Artus. Au-delà des chiffres, plus de 10 millions d'entrées, soit l'un des plus gros cartons français de ces dix dernières années, le film a aussi permis de donner un autre regard sur le handicap. C'est en tout cas ce que pense Louis, 28 ans, porteur de la trisomie 21. Témoignage.
"J'ai versé ma petite larme"
Comme beaucoup de Français, Louis s'est rendu rapidement au cinéma pour voir le film. "C'était émouvant, j'ai versé ma petite larme. Ça m'a secoué", confie l'Angevin. Avenant, il n'a pas hésité à prendre la température auprès des gens dès la sortie du film. "Pour moi, c'était une manière de dialoguer avec eux. Je leur ai dit, si vous voulez aller voir ces personnes-là, aller au Café Joyeux d'Angers." Une autre initiative qui a fait grand bruit. Aujourd'hui, 13 cafés sont installés en France en embauchant des personnes en situation de handicap. D'ailleurs, celui d'Angers avait été inaugurer en grande pompe par le comédien du film Arnaud, lui-aussi porteur de la trisomie 21.
Est-ce pour autant que le regard des gens a changé ? "Je pense que oui, mais pas sur tout", admet Louis. "Il faut tripler la motivation pour changer les regards sur nous". Il le ressent encore quand il tente d'aller parler aux gens dans la rue. "Je suis un moulin à paroles, je pose sans cesse des questions, mais certaines personnes nous regardent encore différemment. J'en ai fait une force."
Former les salariés à l'accueil de personnes en situation de handicap
De son côté, Louis a fait son petit bout de chemin. D'abord passé à l'IME des Ponts-de-Cé, puis en apprentissage cuisine à la MFR de Brissac et au collège République à Cholet. Depuis deux ans, il est à l'ESAT de Noyant-la-Gravoyère dans les cuisines, toujours, du Relais de Misengrain, à raison de 35 heures par semaine. "On peut être heureux et content de travailler en milieu protégé. C'est un milieu formidable, mais il faut aussi rester sur terre. On ne peut pas avoir des rêves trop ambitieux, mais on doit quand même en avoir." Une ambition qui lui a permis auparavant de décrocher un stage dans les cuisines du palais de l'Élysée auprès du chef Guillaume Gomez. "C'était génial." Et un CDD de trois mois en milieu ordinaire, au Bistrot du Pilori à Angers. "Le patron était sympa. C'était une super expérience."
Mais pour Louis, l'inclusion en milieu ordinaire doit encore avancer. Pour preuve, une expérience qu'il a vécu lorsqu'il devait profiter d'un Job coach avec CAP Emploi : "C'était dans un magasin de sports. Ils ont sollicité les salariés et les salariés ont dit "on ne peut pas gérer les trisomiques comme ça, sans formation". Je pense qu'il faut beaucoup former les personnes dîtes "normales" aux handicaps et surtout sur la Trisomie 21. Il faut pouvoir les former pour qu'ils accueillent ensuite des personnes en situation de handicap dans ces milieux." En attendant, si vous trainez dans le Segréen vous tomberez peut-être sur Louis qui échangera volontiers quelques mots avec vous.