Laval. Dégradation des conditions de travail, aucune revalorisation de salaires... Les salariés d'Intelcia débrayent

Ce mardi, les salariés d'Intelcia ont effectué un débrayage devant l'Hôtel de ville de Laval. Les syndicats dénoncent les conditions de travail de ce centre d'appels (ex-Coriolis) et listent plusieurs revendications.

12 novembre 2024 à 16h54 - Modifié : 12 novembre 2024 à 17h17 par Pierre-Louis Besnier

Les syndicats ont revendiqué l'augmentation des salaires pour les employés d'Intelcia.
Les syndicats ont revendiqué l'augmentation des salaires pour les employés d'Intelcia.
Crédit : Pierre-Louis Besnier

Voilà presque un an que la bataille a commencé. Ce combat avec la direction a commencé en janvier dernier lors des négociations annuelles obligatoires et le refus d'augmenter les salaires de plus de la moitié des 290 employés, dont 95% sont au Smic selon les syndicats. Le débrayage s'est déroulé de 10 heures à 14 heures et une mobilisation devant l'Hôtel de ville de Laval à 11 heures a eu lieu. 

"On a une direction qui ne nous écoute pas"

Salariés, syndicats, soutiens... Ils étaient plus d'une cinquantaine à s'être mobilisé devant l'Hôtel de ville. Plusieurs groupes syndicaux étaient présents une nouvelle fois pour tirer la sonnette d'alarme. Jean-Charles Bigan, délégué syndical CGT au sein de l'entreprise affirme l'inattention de la direction d'Intelcia. "On a une direction qui ne nous écoute pas, voire ne nous entend pas, sur tout ce qu'on peut remonter. On a une présence de mal-être collectif et sans cesse, la direction veut des points individuels, du concret. Et on leur répond que les gens ne se sentent pas biens, qu'ils se mettent en arrêt et que certains sont en dépression". De plus, "depuis le 1er novembre, on a les six premiers coefficients de salaires qui sont rattrapés par le Smic, c'est-à-dire qu'un salarié arrivé il y a quinze ans est payé au Smic, tout comme les nouveaux arrivants". Mais le délégué syndical ne s'arrête pas là. "Ce qui est inacceptable, c'est que les agents de maîtrise pour le premier palier ont une différence de moins d'un euro brut sur le Smic"

Enfin, Jean-Charles Bigan relève que "toutes les conditions stressantes, humiliantes et où il y a du chantage, où on nous intimide plutôt que de nous encourager, c'est aussi pesant sur le moral". Les syndicats dénoncent également "un management par la peur et la pression"

"Une présence de mal-être collectif chez les salariés"
Crédit : Pierre-Louis Besnier

Une hausse des salaires parmi les revendications

Après les dénonciations, place aux revendications. Elles reposent sur trois points principaux : premièrement, "des augmentations salariales pour tous, surtout pour les employés qui sont au Smic. Cela représente plus de 90% de la boîte à peu près", explique Kévin Faucheux, délégué syndical SUD. Deuxièmement, "une autre méthode de management. Fini l'humiliation, la peur, les entretiens de recadrage pour le moindre petit pas de côté". Et troisièmement, l'arrivée de "nouvelles activités sur notre site. Pourtant, Intelcia a plein de clients en France mais est incapable de débloquer un client pour nous et pour compenser celui qu'ils ont perdu", continue Kévin Faucheux. 

Depuis deux ans, les employés sont inquiets par la baisse de leurs effectifs. Depuis le rachat, près de cinquante personnes seraient parties au total. 

"L'augmentation des salaires représenteraient à peu près 90% des salariés au Smic"
Crédit : Pierre-Louis Besnier

" C'est une période très difficile"

Les syndicats et salariés n'étaient pas seuls devant l'Hôtel de ville. Plusieurs personnes étaient venues les soutenir dans un moment très compliqué. C'est le cas de Christophe, militant de La France Insoumise. "Vu le moment actuel, c'est normal de soutenir les salariés dans cette vague de licenciements qu'il y a en France et surtout à côté de chez nous. C'est une période très difficile, ce sont des moments de lutte mais très compliqués. J'ai déjà vécu des périodes de licenciements et c'est très dur". Il ajoute que "de toute façon, il y a des entreprises qui ne font pas dans le social volontairement. Il y a des conditions de stress incroyables comme on entendait dans les slogans. Non seulement les salaires sont bas mais les conditions de travail sont mauvaises. Mais il y a un moment, on a le droit d'exercer son travail dans de bonnes conditions".

Les salariés ont dû regagner l'entreprise et reprendre le travail vers 14 heures ce mardi. 

"J'ai déjà vécu des périodes de licenciements et c'est très dur"
Crédit : Pierre-Louis Besnier