Les urgences du Maine-et-Loire resteront ouvertes cet été
Le CHU mobilise ses moyens et ses effectifs pour permettre aux urgences d'ouvrir 24H/24H pendant l'été, mais l'établissement doit faire face à une hausse des patients, une recrudescence de la covid et une pénurie de main d'œuvre.
Publié : 28 juin 2022 à 16h43 - Modifié : 28 juin 2022 à 16h56 par Alexis Vellayoudom
Pas de portes closes cet été aux urgences du Maine-et-Loire. Vendredi, la direction du CHU d'Angers présentait l'organisation des urgences pour l'été. Dans un contexte incertain dû à la pénurie de personnel, l'afflux de patients et la Covid, le CHU s'attend à un été difficile.
Des urgences ouvertes, mais sous tension
"Il paraissait pas licite et pas entendable de fermer", annonce gravement Dominique Savary, le chef des urgences au CHU d'Angers. Les médecins et la direction ont pris la décision de garder ouvert 24h/24h les services d'urgences adultes et pédiatriques du département, mais les médecins recommandent tout de même d'appeler le 15 ou le 116 117 avant de se déplacer pour éviter une surcharge des services. "On sera moins en nombre d'effectifs, donc c'est une réorganisation du service pour pouvoir rester ouvert jour et nuit, tout l'été sur les trois services d'urgence du Maine-et-Loire", explique Dominique Savary. Au CHU d'Angers, sur un besoin de 39 ETP, il en manque 2,5 ETP.
En juin, les urgences du Maine-et-Loire accueillent 260 personnes par jour, pour un temps d'attente de 4h37, c'est plus que la moyenne nationale, "on a un flux de patients qui vient des autres départements près de chez nous où c'est probablement plus compliqué et c'est peut-être ce qui explique que le nombre de passage aux urgences est supérieur de 10 à 20 patients par jour. On a un petit peu peur parce que le covid reprend et qu'on ait un flux plus important et donc plus d'hospitalisation avec la conséquence de la pénurie de médecin urgentiste", explique Dominique Savary.
Une réorganisation et des lits qui ferment
En interne, le plan de mobilisation interne a été revu pour soutenir les urgences, "on va adapter l'activité en fonction des seuils d'alerte par rapport au nombre de passage aux urgences, des patients en attente d'hospitalisation et du nombre de lits disponibles", explique Arnaud Pouillart, directeur général adjoint du CHU. Les lits disponibles et utilisables, immédiatement, sont recensés et le besoin journalier minimum calculé, "ça sera décliné par service, nos disponibilités qui doivent être réservées aux urgences", ajoute Arnaud Pouillart. Sur l'hôpital, 33 lits pourront accueillir des patients en post-urgence dont 15 en chirurgie, "on pressent une activité supérieure aux été précédent", ajoute le directeur général adjoint.
Mais le nombre total de lits sur l'établissement sera réduit sur cette période estivale, "au plus fort de l'été, la première semaine d'août, nous maintiendrons 80 % de notre capacité d'hospitalier, soit 811 d'hospitalisations ouverts", précise Arnaud Pouillart. En 2018, le taux de capacité était de 81 % pour la même époque.
200 soignants à recruter pour l'été
Pour maintenir les services ouverts, le CHU table sur le recrutement de 200 soignants pour la période estivale, "notre objectif n'est pas encore atteint, on est à 70 % [...] on est dans un contexte de fatigue et de lassitude des personnels soignants après plus de 2 ans de crise covid et de tension sur le marché de l'emploi qui ne nous permet pas d'avoir la certitude de recruter tous les personnels qu'on souhaite recruter", avertit Arnaud Pouillart. Une trentaine de poste d'infirmiers sont encore vacants, ainsi que 5,5 ETP d'aide-soignant, mais la direction compte sur son plan d'attractivité pour les personnels para-médicaux.
"On propose au personnel qui le souhaite de rentrer dans la carrière de fonctionnaire hospitalier, plus rapidement qu'auparavant et très rapidement s'ils sont sur un poste vacant (ndlr : le délai est normalement de 2 ans). À compter du 1er juillet, on revalorise d'environ 100 € net/mois les réménurations des personnels contractuels, ceux qui ne souhaitent pas devenir fonctionnaire ou qui font des remplacements", déroule le directeur général adjoint. Ces mesures seront harmonisées sur l'ensemble du groupement hospitalier territorial du Maine-et-Loire, "pour éviter le dumping social", précise Arnaud Pouillart.
Une recrudescence de la Covid-19
L'une des variables pour le service des urgences, ce sera le nombre de personnes prises en charge pour une contamination à la Covid. Sur la région, le virus revient à la charge. En Maine-et-Loire, le taux d'incidence chez les plus de 65 ans est passé de 350 cas pour 100 000 habitants à 450 cas en moins d'une semaine. Le CHU accuse un taux de positivité entre 20 et 25 %. "C'est probablement le fait de l'émergence de sous-variant particulier les BA4 et BA5", confie Guillaume Bouhours, anesthésiste-réanimateur.
"Cette augmentation ne se traduit pas, pour le moment, avec un fort taux d'hospitalisation. Néanmoins, on a sur les 15 derniers jours plus de patients hospitalisés avec le covid pour une autre pathologie, mais on voit réapparaître des patients hospitalisés pour motif de Covid. Nous savons que nous avons toujours 15 jours de retard sur les hospitalisations", poursuit le médecin.
Actuellement, le CHU compte 27 patients infectés dans ses services, dont 5 en soins intensifs pour la cause covid. Le corps médical appelle à la vigilance : "Les gens qui n'ont pas leur 2ème dose doivent la faire. Par ailleurs, il est très important d'envisager le port du masque dans des zones avec du public ou dans les transports et de respecter les gestes barrières".