Maine-et-Loire. 149 000 euros versés aux chasseurs pour réduire les dégâts du grand gibier
Le mercredi 10 janvier, l'État et la Fédération des chasseurs du Maine-et-Loire ont signé une convention sur trois ans. 149 000 € pour aider à indemniser les agriculteurs victimes du grand gibier et mieux former les chasseurs.
Publié : 15 janvier 2024 à 12h38 - Modifié : 16 janvier 2024 à 8h16 par Alexis Vellayoudom
480 000 €. C'est le montant pris en charge en 2023 par la Fédération des chasseurs du Maine-et-Loire pour indemniser les dégâts commis par le grand gibier chez les agriculteurs. Une somme réglée par les chasseurs eux-mêmes. Alors pour aider à réduire ce montant, l'État a signé avec la Fédération nationale des chasseurs une convention sur trois ans. Elle est déclinée au niveau local, celle entre le préfet du Maine-et-Loire et la Fédération des chasseurs du Maine-et-Loire a été signée ce mercredi 10 janvier.
Que contient cette convention ?
Une aide de l'État de 149 000 € pour l'année 2023. "Avec la guerre en Ukraine, les coûts de la Fédération de chasse ont augmenté donc c'est un coup de main exceptionnelle sur 2023, 2024, 2025. L'État fournit de l'argent pendant trois ans pour lutter contre les dégâts commis par le grand gibier. On ne vient pas ajouter de l'argent pour l'indemnisation. Ce sont les chasseurs qui continuent d'indemniser", précise Philippe Chopin, préfet du Maine-et-Loire. "Ça fait du bien d'avoir une reconnaissance de l'État sur le travail que l'on fait", se félicite Philippe Justeau, président de la Fédération des chasseurs du Maine-et-Loire.
Parmi les actions que pourra porter la Fédération avec cette somme, l'achat de matériel pour mieux piéger le grand gibier, "les sangliers colonisent des endroits où ils n'étaient pas avant. Là, ils sont dans les ardoisières de Trélazé et donc on va essayer de les piéger. On a investi dans des cages. L'État nous oblige à former les gens qui vont piéger, on forme les gens qui vont ensuite tuer les animaux dans les cages parce qu'il ne s'agit pas de les piéger pour les relâcher ailleurs. On n'a pas le choix. C'est le genre d'actions qu'on ne pouvait pas faire avant", explique Philippe Justeau. L'argent servira aussi à poser des clôtures chez certains agriculteurs, dans des cas spécifiques, et de renforcer la formation à la sécurité, "de dire aux chasseurs, venez régler vos armes. Apprenez à respecter les angles de sécurité. Tout ça, on a besoin de le rappeler indéfiniment", ajoute le président (ndlr : 6 décès, exclusivement des chasseurs, liés à des accidents de chasse sur la saison 2022-2023. Chiffre historiquement le plus bas observé par l'Office français de la biodiversité).
La chasse au trop-plein de sangliers
En contrepartie, l'État fixe des objectifs, dont celui de faire baisser 25 à 30 % le nombre d'hectares indemnisés. En Maine-et-Loire, en 2023, les 480 000 € indemnisés par les chasseurs aux agriculteurs concernaient 270 hectares détruits pour 217 dossiers déposés. À l'origine de ces dégâts, en grande majorité, le sanglier. Il y a 15 ans, les chasseurs de l'Anjou abattaient environ 500 sangliers, ils en sont à 7 200 cette année. La fédération angevine a donc changé son fusil d'épaule en tirant principalement les femelles, "l'idée, ce n'est pas d'éradiquer l'espèce, mais de la réguler. C'est très dur à faire passer dans la tête du chasseur parce que jusqu'ici, on respectait beaucoup plus les femelles qui portent les petits. Les chasseurs me trouvent très méchant de leur dire qu'il faut tirer les femelles", justifie son président.
L'idée est d'aussi de limiter les sangliers aux abords des villes où ils sont de plus en plus présents, "l'agriculture a changé. Si vous voulez quand vous avez 70 ou 100 hectares de maïs, ça fait une forêt pour eux donc ils s'installent là-dedans, ils mangent les grains de maïs et se rapprochent des villes". En témoigne, le nombre d'accidents de la route. En 2023, le Maine-et-Loire dénombre 181 collisions déclarées avec des sangliers.
Des endroits sont plus concernés que d'autres, Saint-Georges-sur-Loire ou Sceaux d'Anjou font partie des cinq points noirs de l'Anjou. "Ça fait des années qu'il y a des dégâts. Même si les agriculteurs sont indemnisés au prix de leur récolte, ils doivent quand même replanter et ça devient insupportable pour eux. La cause, très souvent le fait que vous avez des territoires qui sont peu chassés ou pas chassés. Les sangliers ne sont pas idiots, ils viennent se mettre là où ils ne sont pas dérangés. Et la nuit, ils vont faire des bêtises dans les champs. Il faut qu'on réussisse à convaincre les propriétaires et les chasseurs que quand il y a des points noirs, on doit chasser", explique le président. En octobre dernier, des agriculteurs avaient déversé des fanes de maïs devant des maisons de chasseurs de Sceaux d'Anjou. Ils leur reprochaient de ne pas réguler assez le sanglier dans le secteur.
Polémique autour du Parc de Pignerolle
La crispation entre pro-chasse et anti-chasse s'est de nouveau cristallisée ces derniers jours avec les événements autour du Parc de Pignerolle à Saint-Barthélémy d'Anjou. Le samedi 6 janvier, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant la mairie d'Angers pour dénoncer une battue organisée dans le parc, apprécié des familles. Une opération de régulation demandée par Angers Loire Métropole, mais qui a déplu aux élus d'opposition de la collectivité et de la mairie d'Angers. "Il y a un moment si vous voulez, si vous avez trop d'animaux, ils se mettent à brouter les arbres, à saccager les plantations donc quand la collectivité nous dit aller, on limite un peu la population. Là, encore, on ne veut surtout pas la supprimer. Mais franchement, quand j'entends des élus qui disent, on va stériliser les chevreuils parce qu'il ne faut pas les tuer, je trouve ça honteux et malsain. Je pense que la meilleure solution, je pense que c'est, on réfléchit, on compte, on ne va pas en tirer beaucoup, 3, 4, 5 s'il faut et on les fera manger par quelqu'un parce que le chevreuil, c'est délicieux", répond Philippe Justeau.
Le mercredi 10 janvier, lors d'une nouvelle battue, trois chevreuils ont été tués dans le parc. Une autre opération pourrait être organisée si Angers Loire Métropole le demande précise la Fédération des chasseurs du Maine-et-Loire. En attendant, les chasseurs de l'Anjou se tiennent prêt pour éventuelle battue aux ardoisières de Trélazé.