"N'attendez pas de trouver un gynécologue pour vous faire suivre", préviennent les CPAM
Face au manque de gynécologues, les Caisses primaires d'assurance maladie de la région ont lancé une campagne d'information via un site web pour présenter les alternatives.
Publié : 8 juillet 2022 à 16h54 par Alexis Vellayoudom
Les gynécologues se font rares en Mayenne, "depuis 5 ans, le nombre a dégringolé, ceux partis en retraite ne sont pas remplacés", raconte Catherine Bouté, médecin responsable du centre de prévention de santé de l'UC-IRSA en Mayenne. "L'arrêt de la formation gynécologie-médicale explique en partie cette baisse car beaucoup de femmes faisaient médecine pour faire cette formation. La gynécologie obstétricale n'attire plus".
Résultat, le département compte, aujourd'hui, seulement une dizaine de gynécologue hospitalier et quatre professionnels en libéral, "on en a un à Mayenne, un à Laval et un à Château-Gontier. On a aussi un médecin de la Protection maternelle infantile qui peut faire des consultations gynécologiques", précise Caroline Bonnet, directrice de la CPAM de la Mayenne. Sauf qu'ils ne peuvent pas répondre à toutes les sollicitations. Les Caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) de la région Pays de la Loire lance une campagne d'information sur le site parcours-sante-intime.fr pour présenter les alternatives.
Privilégier les médecins généralistes et les sages-femmes pour les femmes en bonne santé
"La phrase qu'on entend très fréquemment chez les femmes, c'est "non, je ne suis pas suivi parce que je ne trouve pas gynécologue, j'ai fait l'annuaire, les pages jaunes, j'ai téléphoné, il y en a pas ou ils ne prennent plus" et donc notre rôle, c'est un rôle d'information et d'orientation", confie Catherine Bouté qui leur répond : "vous savez votre médecin traitant vous lui avez posé la question ? Peut-être qu'il fait les frottis". Pour les soins de second secours, considérés comme graves, la CPAM recommande d'aller chez un gynécologue, mais pour les femmes en bonne santé, les médecins généralistes peuvent assurer les premiers soins, les dépistages mammographies, les suivis de grossesse, gynécologiques et contraceptifs. "Il y a des médecins qui se sont formés en complément, en gynéco", ajoute la médecin.
Tout comme les sages-femmes, habilitées depuis 2009 à pratiquer les premiers soins, "on peut aussi faire tout ce qui est frottis, pose de stérilet, retrait de stérilet, retrait d'implant, pose d'implant. Quelques sages-femmes vont avoir la possibilité de faire du suivi échographique. En Mayenne, on a une sage-femme, au sein du centre d'orthogénie qui fait des interruptions médicales de grossesse", détaille Béatrice Cante, présidente du Conseil de l'ordre des sages-femmes de la Mayenne.
Les femmes mayennaises encore bien suivies ?
Quid du nombre de professionnels, les femmes mayennaises restent encore bien suivies, "on le voit dans les chiffres comparés entre ceux du département et ceux de la région, la place du médecin généraliste et des sage-femmes dans le suivi gynécologique des femmes est déjà plus important [...] malgré le manque de professionnel les femmes mayennaises restent bien suivis", rassure Caroline Bonnet, directrice de la CPAM de la Mayenne.
Selon leurs chiffres, sur le département, 54 % des premiers soins sont réalisés par les médecins généralistes, 35 % par des sages-femmes. Les médecins réalisent 46 % des surveillances de grossesse, 50 % par les sages-femmes. "Ce sont des exemples d'alternatives pour la continuité des soins et permettre à nos maternités de continuer à vivre", souligne Béatrice Cante.
La santé de la femme s'est dégradée avec la crise sanitaire
Pour la CPAM, cette mission d'information intervient après la crise sanitaire, où beaucoup de patiente n'osait pas se soigner, "on a observé une dégradation de la santé intime et une augmentation des infections sexuellement transmissibles. L'accès à l'interruption volontaire de grossesse a été plus difficile", souligne Caroline Bonnet.
"Ça a été très net. Le Covid a fait qu'il y avait la crainte de se retrouver au milieu d'autres personnes. Il y a eu un frein au niveau des vaccins", confirme Catherine Bouté, avant d'ajouter : "le niveau du taux de protection vaccinale du papillomavirus est catastrophique [...] il est proposé chez les garçons et les filles entre 11 et 14 ans. Qui n'est pas qu'un vaccin contre le cancer du col, c'est beaucoup de cancers liés, le cancer de la gorge, chez les hommes au niveau des voix génitales et des verrues aussi. On redonne beaucoup cette information parce qu'il y a eu une rupture dans les vaccins". Deux injections sont d'ailleurs possibles chez le médecin et prises en charge par la sécurité sociale.
Les idées reçues font aussi leur nid, notamment sur les femmes ménopausées, "plus les patients avancent dans l'âge, plus elles décrochent, mais après la ménopause, les femmes ont besoin d'être encore plus suivi car il y a des risques d'accidents cardio-vasculaires", prévient Béatrice Cante. Pour rappel, le centre de soins de l'UC-IRSA, situé à proximité de la CPAM, propose des bilans de santé aux personnes non suivies par un médecin