"On veut faire manger les gens correctement", le label Bœuf Fermier du Maine fête ses 35 ans en Mayenne
Depuis 1985, des éleveurs mayennais et sarthois produisent une viande labellisée B-uf Fermier du Maine. Aujourd'hui, le label compte 300 agriculteurs sur la Mayenne et les départements limitrophes.
14 décembre 2020 à 9h30 - Modifié : 14 décembre 2020 à 10h14 par Alexis Vellayoudom
Cela fait 30 ans que Didier Girard est le chef du Relais de la Malle à Laval, 30 ans qu'il veut proposer de la viande locale et de qualité. Une révélation venue lors d'un salon. Depuis, le chef ne se fournit qu'auprès du label Bœuf Fermier du Maine, un label rouge et IPG, "une viande de qualité, tracée. C'est un engagement de proximité, c'est le label mayennais. Les gens se référencent à notre établissement par notre engagement à faire de la viande de qualité", explique Didier Girard.
Même en confinement, sa viande attire, une moyenne de 90 plats à emporter. Pourtant, le chef a dû s'adapter en achetant des morceaux "moins nobles", "en ce moment, on achète des palerons, des langues de bœuf , des plats de côtes pour faire des choses qui soient faciles à consommer et emporter. On nourrit les gens qui travaillent", confie Didier Girard.
Au quotidien, Didier Girard essaye de valoriser cette viande. Le plus important, selon lui, l'éducation au goût, "notre boulot, c'est d'essayer de transmettre. Peut-être en mettre moins dans les assiettes, mais mieux manger. Le gaspillage, on évite, apporter du goût à ces produits, il n'y a pas que le steak haché malheureusement. Il y a plein de choses à faire avec le bœuf ".
Le label Bœuf Fermier du Maine a 35 ans
Le label est né 1985, quand des éleveurs mayennais et sarthois, proche de la région d'Evron et de Sillé-le-Guillaume, se sont associés pour créer l'"Erve-Vègre". Aujourd'hui, ils sont 300 dans le label avec un cahier des charges strict, "race à viande uniquement, mise à l'herbe minimum de 7 mois et un hectare pour deux animaux", explique Vincent Levrard de l'Organisme de défense et de gestion du label.
2 735 bêtes abattues par an. Et une fois l'abattage, les contrôles continuent, le gras, la couleur de la viande, "le local a le vent en poupe actuellement donc on essaye de fidéliser des boucheries ou des petits supérettes pour commercialiser notre production", explique Jean-Luc Lemaître, éleveur de 220 vaches allaitantes à Sainte-Suzanne.
Une crise sanitaire et un changement de comportement des consommateurs
Même si l'agriculture a été mise en avant pendant le premier confinement, "les bouchers traditionnels ont enregistré +25 % au premier confinement", explique Vincent Levrard, la filière bovine n'est pas épargnée par la crise sanitaire, il ajoute, "en mars du jour au lendemain, on est passé de 20 bêtes abattues par semaine pour la restauration collective à zéro". La filière label a moins été touchée.
Malgré ça, le premier confinement a entamé un changement de comportement chez les consommateurs, "j'ai l'impression que le label rouge est de plus en plus demandé", confie Didier Girard. Alors ce comportement va-t-il perdurer ? Jean-Luc Lemaître est sceptique. Il a déjà vu ce changement après la crise de la vache folle dans les années 90, "il y a eu une évolution assez rapide dans les moments de crise, mais après ça s'estompe un peu". Cependant, avec la loi Egalim, le bœuf fermier du Maine devrait avoir de beaux jours devant lui.
En parallèle, le label est en négociation pour la contractualisation. Actuellement, le prix d’une bête peut diminuer après sa mise à mort si elle ne répond pas au cahier des charges du label. La contractualisation permettra à l'éleveur d'être payé au prix du label par l'abatteur, ce dernier devra également, "s'engager à travailler avec un distributeur", précise Interbev, l'Interprofession bétail et viande Pays de la Loire.