Prix du lait : la crise sanitaire, un prétexte dénonce la Confédération paysanne
Le syndicat paysan tenait une conférence de presse hier dans une ferme mayennaise. Il s'indigne des prix payés suite à la crise sanitaire et demande un arbitrage public des relations commerciales.
3 juillet 2020 à 13h53 - Modifié : 3 juillet 2020 à 14h00 par Coralie Juret
Leur métier a enfin été “reconnu d'utilité publique” pendant le confinement mais les paysans continuent à être mal payés. Le prix du lait est à la baisse, 323 € la tonne en juin contre 329 € en mai dernier (prix Sodiaal). La Confédération paysanne dénonce un effet d'aubaine pour les acheteurs qui prétextent la crise sanitaire pour anticiper d'éventuelles difficultés financières, alors que les agriculteurs produisent toujours à perte.
“Ce qu'on voit poindre là, c'est les industriels laitiers qui par anticipation d'une hypothétique crise à venir, commencent à baisser le prix du lait payé au producteur alors que pour la première fois depuis plusieurs années, on était sur une une perspective d'une meilleure année”, se désole Dominique Morin, porte-parole de la Confédération en Mayenne.
“On a porté au début de la crise une demande de réduction des volumes de manière obligatoire pour réussir à anticiper ses crises-là, et pas se retrouver comme on est là avec des annonces de baisse de prix”, explique le porte-parole du syndicat Nicolas Girod, en déplacement sur les terres du n°1 mondial du lait. “Un prix qui soit plus rémunérateur pour les paysannes et les paysans, c'est l'enjeu de maintenir des fermes nombreuses. Avec toute une génération qui va s'en aller, si on est pas capable sur nos fermes d'avoir des prix rémunérateurs et un revenu qui permettent d'envisager l'installation, c'est des fermes qui vont partir à l'agrandissement à l'intensification et on va encore s'éloigner un peu plus des attentes sociétales en matière de qualité de production et de qualité de de l'alimentation”.
Pour la Confédération Paysanne il faut aussi “tirer des enseignements sur nos dépendances multiples” qui impactent les prix et la main d'oeuvre saisonnière. Le syndicat paysan réclame aussi un arbitrage public des relations commerciales entre les transformateurs et les producteurs.
Trésorerie “de précaution”
Le syndicat agricole visitait hier la ferme de Loïc Chauvin, producteur de lait à Andouillé. Grâce à un système économe, il est un peu moins vulnérable à ces baisses de prix mais doit quand même provisionner pour affronter les crises successives.
“La production laitière maintenant est un peu comme d'autres productions,il y a des variations de prix beaucoup plus importantes donc il faut avoir une trésorerie de précaution pour anticiper les prochaines crises alors que la plupart des producteurs n'ont pas eu le temps de se refaire comme on dit,depuis la dernière crise”, constate Loïc Chauvin.
Une situation problématique pour le renouvellement des générations car elle rend le métier peu attractif, car peu ou pas rémunérateur. Pour la Confédération paysanne, la régulation des volumes au niveau européen est indispensable pour redonner de la valeur aux producteurs.