Octobre Rose : l’alcool, un facteur de risque méconnu dans les cancers du sein
Un risque évitable qui peut multiplier par 3 la probabilité de développer un cancer du sein chez les jeunes femmes qui n’ont pas encore eu d’enfants, alerte la Ligue contre le cancer de la Mayenne.
11 octobre 2022 à 15h59 par Coralie Juret
Le cancer du sein touche près de 58 000 personnes dont 600 hommes chaque année en France. C'est le premier en nombre de cas et pourtant, certains sont évitables. L’alcool par exemple, augmente le risque de cancer du sein de 300%. “Il ne faut pas dépasser 10 unités-dose par semaine. Une unité-dose c'est un verre de 10 cl d'un alcool à 10 degrés, donc quand vous buvez un verre de 10 cl de scotch, ça fait 4 unités-dose”, explique la gynécologue retraitée Bernadette Perrot.
La présidente de la Ligue contre le cancer de la Mayenne veut en particulier sensibiliser les jeunes femmes à ce facteur de risque peu connu : “la consommation d'alcool, il faudrait vraiment énormément jouer dessus. A l'heure actuelle on a beaucoup de femmes jeunes qui boivent, et plus on est jeune, plus l'organe est immature, plus il est sensible aux mutagènes. Or le sein reste immature tant qu'on a pas eu son premier enfant”. Un facteur de risque qui touche donc largement, de 12 ans, l’âge moyen des premières règles, à 31 ans en moyenne.
Le regard sur l’allaitement doit changer
Le surpoids multiplie également le risque de cancer du sein par trois, ainsi que le tabac dans une moindre mesure. Au contraire, le nombre d’enfants et l’allaitement maternel sont des facteurs de protection. Mais allaiter son bébé au sein au moins 6 mois pour réduire les risques n’est pas évident aujourd’hui, constate le Dr Perrot : “Je fais partie d’une génération, j'ai presque 75 ans, à Paris on voyait encore les femmes allaiter dans le métro, dans les squares, ça ne paraissait pas choquant. À l'heure actuelle, le sein a été sexualisé. Il y a une grande pudeur, c'est assez curieux parce qu’on a des seins nus sur la plage mais on n'ose pas allaiter en public ! Et je pense qu'il faudrait un changement de ce regard pour que les jeunes mères se sentent plus à l'aise pour allaiter là où elles sont, au moment où l'enfant a besoin de boire”.
La moitié des radiologues ligériens sans remplaçants
Le dépistage organisé a aussi un rôle à jouer mais la participation des femmes est en baisse, regrette la présidente de la Ligue mayennaise, qui plaide aussi pour un dépistage ciblé sur les facteurs de risques à partir de 40 ans. Pris tôt, le cancer du sein offre de bonnes chances de rémission, 88% en moyenne, même 11 900 Français en meurent chaque année. Et pour lire ces mammographies, les professionnels commencent à manquer dans la région, s'inquiète Bernadette Perrot, du côté des radiologues et gynécologues.
Des villages, marches et actions pour sensibiliser à l’occasion d’Octobre Rose sont prévus tout ce mois-ci à Château-Gontier, Laval, l’Huisserie ou encore Renazé.