"On vous fait naître, merci de nous reconnaître" demandent les sages-femmes du CH Laval
Une dizaine de sages-femmes se sont rassemblées devant l'entrée du CH Laval. Elles réclament un vrai statut avec une revalorisation salariale pour faire face aux problèmes de recrutement. Les professionnels souhaitent aussi une sixième année d'études pour digérer une formation dense.
Publié : 23 octobre 2021 à 14h06 - Modifié : 25 octobre 2021 à 9h59 par Alexis Vellayoudom
"Faut pas pousser", écrivent les sages-femmes. Depuis un mois, la profession est en grève, les professionnels ne se sentent pas considérer à leur juste valeur. vendredi, à midi, une dizaine de sages-femmes du centre hospitalier de Laval se sont rassemblées devant l'entrée. À Angers, elles étaient 21 devant la direction générale pour remettre une lettre avec leurs revendications à Cécile Jaglin, la directrice du CHU et Richard Yvon, adjoint aux seniors et à la santé de la mairie d'Angers. Mardi, des professionnels du privés et du publics, soutenus par FO, seront reçus à la direction départementale de l'ARS à Angers.
Des soucis d'effectifs
Sur les pancartes, on peut lire "1 femme, 1 sage-femme", cri national des sages-femmes qui demandent au Gouvernement que pour chaque naissance, une sage-femme puisse accompagner les futures mères de A à Z pendant son travail, l'accouchement et en suite de couche. C'est là tout l'enjeu de la mobilisation, le recrutement de professionnels.
Lucie Deslandes est sage-femme depuis 14 ans au CH Laval : "dans un service de maternité auprès de patientes accouchées ou de patientes enceintes hospitalisées dans le cadre de grossesse pathologique, on est une sage-femme de 8h à 20h pour s'occuper de 22 patientes".
Conséquence, certaines patientes voient une sage-femme qu'après 16h, "c'est absolument pas normal. On a vraiment besoin de renforts parce que ça devient très difficile au bout de la journée, on est toutes à pleurer", ajoute la sage-femme. D'après FO, il manquerait une sage-femme au CH Laval pour être 2 sages-femmes 24h/24h en suite de couche.
Un meilleur statut...
Parmi les manifestantes, une sage-femme porte fièrement sa pancarte où il est inscrit "on vous fait naître, merci de nous reconnaître", car pour recruter, il faut attirer. Les sages-femmes font partie des trois professions médicales dans le code de la santé publique avec les médecins et chirurgiens-dentistes, mais elles réclament un vrai statut médical, "sauf que dans la fonction publique, elles sont payées à 1 700 euros net par mois en début de carrière pour 5 ans d'études et une reconnaissance médicale donc c'est largement insuffisant. Les sages-femmes réclament 200 points d'indice supplémentaires ce qui fait un peu près 700 euros de plus par mois", explique Maxime Lebigot, secrétaire adjoint Force Ouvrière du CH Laval.
... et une année supplémentaire de formation pour attirer les jeunes
Un meilleur statut pour attirer les jeunes, mais encore faut-il les garder quand ils sont en formation. D'après les syndicats, plusieurs étudiantes et étudiants abandonnent les études de sage-femme.
Aujourd'hui, le parcours se fait en 5 années avec une première année de médecine, mais pour les sages-femmes ce n'est plus suffisant en raison de l'augmentation des compétences comme le suivi gynécologique de prévention, la contraception, l'intervention auprès des interruptions volontaires de grossesses, médicamenteuse et chirurgicale, "ça fait une formation très dense. Une sixième année serait légitime parce qu'aujourd'hui, ce sont des études et une profession qui n'attirent pas les étudiantes. On se retrouve avec des maternités en grande difficulté de recrutement de sages-femmes parce qu'il y a une réorientation avant le diplôme et dans les premières années d'exercice", explique Lucie.