Précarité : le constat inquiétant à Segré et Château-Gontier-sur-Mayenne

Inscription en hausse, nouveau public, les bénévoles des Restos du Coeur, de l'Aide alimentaire et du CCAS s'inquiètent pour l'hiver.

24 novembre 2022 à 12h21 - Modifié : 25 novembre 2022 à 7h44 par Alexis Vellayoudom

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De plus en plus de bénéficiaires poussent la porte des associations et des CCAS
Crédit : Alexis Vellayoudom

Inflation, crise énergétique et sanitaire, il ne manque pas de raisons pour alimenter l'inquiétude à l'approche de l'hiver. Les Restos du Coeur de Segré ont démarré leur campagne d'hiver et enregistre une hausse, l'Aide alimentaire segréenne galère à trouver dons pour approvisionner les colis de leurs bénéficiaires et le CCAS de Château-Gontier-sur-Mayenne voit un nouveau public pousser la porte. 

 

"On s'attend à une précarité vertigineuse"

 

La campagne des Restos du Coeur vient d'être lancée, mais les chiffres sont d'ores et déjà en augmentation, "on a déjà une croissance de 9,8 % du nombre de repas servis par rapport à la même période en 2021. Avec cette campagne, on s'attend encore à +10 %", précise Christian Le Callet, directeur des Restos du Coeur du Maine-et-Loire.

Au niveau local, le constat est parfois pire. À Segré, la campagne d'été enregistrait déjà une légère augmentation, mais la campagne d'hiver, 167 dossiers l'année dernière, risque d'affolée les compteurs, "je pense qu'on finira à 350-400 personnes à Segré. Je trouve que les gens ont de plus en plus de difficultés, ne serait-ce que pour mettre de l'essence dans leur voiture. Le coût de la vie, les produits de base, tout augmente, c'est difficile", raconte Laurence Arnaudet, co-responsable des Restos du Coeur à Segré. Parmi eux, des retraités, des familles mono-parentales, mais aussi des jeunes, "on a des gens qui reviennent, mais aussi des nouveaux", ajoute la co-présidente.

 

Les associations et les CCAS accueillent un public plus large
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Dans un contexte de crise énergétique et l'inflation, les Restos se sont adaptés. D'abord, avec la prise en compte des factures d'énergies dans le calcul du reste à vivre, puis en ne limitant plus à six repas maximum servis par famille, "on aura plus de personnes éligibles", confirme le patron des Restos du Coeur 49. Preuve du besoin grandissant, au niveau départemental, un centre itinérant va être lancée dans les villes de Thouarcé, Vernantes, La Pommeraye et Noyant-les-Villages, "on est en discussion avec l'Anjou Bleu pour mettre en place deux points dans le Segréen", précise Christian Le Callet qui est à la recherche de bénévoles pour cette opération. 

 

"N'attendez pas d'être dans la difficulté pour venir nous voir"

 

Au CCAS de Château-Gontier-sur-Mayenne, même son de cloche. Pour le moment, le Centre communal d'action sociale accueille 117 familles, "les chiffres dépassent notre projection", constate Philippe Henry, le maire. Anne Lebossé-Champion, en charge du sociale, raconte : "depuis le mois de septembre, on a un peu plus de demande notamment dans l'aide alimentaire, des demandes autour des factures d'énergie. On peut parfois être sollicité aussi pour des découverts bancaires importants où les personnes ont puisé sur leur épargne et se retrouvent avec un compte bancaire bloqué. On a des profils notamment des personnes salariés qu'on ne voyait pas avant ou des personnes en temps partiel qui n'arrivent pas à combler leur budget. Ce sont des personnes qui n'étaient pas forcément connu des services sociaux". 

 

Quelle démarche pour obtenir l'aide du CCAS de Château-Gontier-sur-Mayenne ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Le maire appelle les personnes en difficultés à se déplacer en mairie de Bazouges pour rencontrer une assistante. "Ne pas hésiter à venir nous. Parfois, on peut considérer que c'est difficile de venir voir un service social. Si la personne a du mal à venir vers nous, on peut aller chez elle ou aller dans un lieu neutre", rassure Anne Lebossé-Champion. Les personnes accueillies pourront obtenir un diagnostique de leur situation puis être réorientées vers plusieurs dispositifs comme l'épicerie sociale Courte échelle, "la durée peut-être pour deux à trois mois. Ça permet de passer cette vague et si c'est encore difficile de demande un renouvellement", précise l'agent. 

 

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L'approvisionnement en marchandises devient plus compliquée pour l'aide alimentaire
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

D'autres solutions existent aussi pour l'aide au logement, le Fonds d'aide aux jeunes de moins de 25 ans ou encore un point conseil budget, "on peut déposer un dossier de surendettement, ça permet de calme le jeu. Lorsqu'il y a un souci, lorsque le salaire n'est pas arrivé ou lorsqu'on sait qu'il y a une grosse facture qui va passer ce mois-ci, on peut tout à fait passer un coup de fil au niveau des banques pour leur dire de calmer le jeu, augmenter le découvert pour que la facture elle passe et qu'il n'y ait pas de trop gros intérêts", ajoute la professionnelle.

 

"Moins de dons, ça voudrait dire, moins de marchandises donc moins de nourriture pour chaque bénéficiaire"

 

À l'aide alimentaire de Segré, pas de recrudescence des bénéficiaires. 572 personnes dont 146 foyers l'année dernière contre 461 personnes dont 114 foyers cette année, "c'est peut-être le mode d'attribution qu'est peut-être plus serré", pense Lucienne Thomain, la présidente de la branche locale. Le public reste d'ailleurs le même : "malheureusement, il y a beaucoup de jeunes, des gens seuls ou avec enfants. Quelques retraités, mais ce n'est pas ces gens-là qui viennent malheureusement parce que la honte les empêche de venir". 

 

L'aide alimentaire lance sa collecte de dons ce week-end
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais la collecte de dons de vendredi et samedi à Segré est primordiale. En raison de l'inflation, l'Aide alimentaire rencontre des difficultés pour s'approvisionner, "tout ce qui est produits frais, c'est beaucoup plus compliqué. Dans les grandes surfaces, ils mettent des prix à -30 % vers lesquelles les gens se dirigent. Ce sont des produits qui ne finissent pas chez nous", confie un conducteur de la Banque alimentaire qui approvisionne les bénévoles de Segré. S'ajoute à ça, une baisse des dons depuis plusieurs années, 7 000 € de récoltés en 2020, seulement 5 000 € en 2021, "on s'attend encore à une baisse", confie Lucienne. Conséquence directe sur la quantité de nourriture distribuée, 3,5 tonnes en 2021, 2,61 tonnes en 2022.

Pour le moment, les colis restent à 6 kg, mais en fonction des dons, ils pourraient peser moins lourds,  "cette campagne, elle est importante pour renouveler les rayonnages parce que les dons spontanés, il y en pratiquement plus. On avait des jardiniers qui venaient nous apporter des légumes, on en voit plus. Des arboriculteurs qui apportaient des pommes, on en voit plus. Moins de dons, ça voudrait dire, moins de marchandises donc moins de nourriture pour chaque bénéficiaire", ajoute la présidente. Les bénévoles seront au Leclerc et au Super U de 9h à 19h30. Les habitants pourront donner 2 €, 5 € ou 10 €.