Protection sociale : les salariés en grève pour leurs salaires

CAF, CPAM, URSSAF, CARSAT… Ils travaillent pour des services publics mais ne sont pas fonctionnaires. Des salariés de droit privé pénalisés par l’inflation qui réclament une meilleure rémunération depuis décembre.

Publié : 28 mars 2022 à 12h26 - Modifié : 28 mars 2022 à 12h27 par Coralie Juret

CAF Maine et Loire Segré vitrine illustration_28 03 22_CJ
photo d'illustration
Crédit : CJ

Vous avez peut-être trouvé porte close à la CAF ou échoué à joindre la Sécu par téléphone aujourd’hui… Leurs salariés étaient en grève ce jeudi 24 mars à l’appel de la CFDT, après deux journées de mobilisation intersyndicale (avec la CFE-CGT et la CFTC) bien suivies les 13 décembre et 18 janvier, dans le cadre des négociations salariales.

Le dégel du point d’indice des fonctionnaires ne les concerne pas, puisque les employés des CPAM, CAF, URSSAF et CARSAT sont des salariés de droit privé. Et l’inflation les pénalise sérieusement : “Quand on pense Sécurité sociale on se dit c'est des fonctionnaires, alors que non, on est salarié de droit privé, donc on n'a pas bénéficié de la revalorisation automatique que l’État a décidée”, explique le secrétaire de la CFDT Protection sociale Pays de la Loire. “Pour l'illustrer sur mon salaire”, poursuit Grégory Lenglet, “l’ancienneté c’est 13 € bruts par an et je l’ai pendant 25 ans. Au bout de 25 ans je n’ai plus cette ancienneté automatique, et il y a quelques augmentations individuelles mais elles ne touchent que 25% du personnel

 

0,5 % d’augmentation en 11 ans

 

A l’issue d’une nouvelle négociation salaires la semaine dernière, la CFDT dit ne pas avoir eu de réponse des pouvoirs publics, qui veulent attendre les précisions de la négociation des fonctionnaires. “Mais c’est aujourd’hui que les prix augmentent et cela fait 5 ans que nous n’avons eu aucune augmentation collective, réagit le syndicat majoritaire en Pays de la Loire. “Notre salaire a été revalorisé une fois de 0,5% en 11 ans, donc là on est fortement pénalisé par l’inflation, selon Grégory Lenglet. “Quand j’ai commencé à la Sécurité sociale j’avais un salaire de 13% au-dessus du SMIC à l’embauche. Aujourd’hui pour le même métier, il serait de 2% au-dessus du SMIC.

La rémunération, et la reconnaissance sont au cœur de ces revendications, alors que les salariés de la protection sociale ont été très mobilisés pour la gestion de la crise sanitaire. “On est sur un mouvement salaires, mais effectivement la crise sanitaire ça fait deux ans que la Sécurité sociale la gère, il y a les brigades Covid, il y a eu le traitement des arrêts dérogatoires, tout ce qui a été aides au niveau des Caisses d’allocations familiales… ce n'est pas notre coeur de métier, confirme le secrétaire CDFT. “On a été remercié, que ce soit par notre ministre de tutelle, le Premier Ministre, nos agents de direction dans les vœux. Mais ce qui énerve un peu les collègues qui sont un peu épuisés, c’est que ça ne se traduit pas sur leur feuille de paie. Les mercis c’est bien, mais ça ne paie pas le prix de l’électricité qui augmente ou la baguette, soulignait déjà Grégory Lenglet en janvier. Les salariés s'appauvrissent selon leur syndicat majoritaire, alors que les prix du carburant flambent. La CFDT réclamait une augmentation collective de 5% soit 70€ par mois pour les plus bas salaires en janvier à Paris. 75% des salariées sont des femmes.