Refuge de l'Arche. Campagne de dons : "on ne va pas accueillir plus que ce qu'on pourrait nourrir"

Pour la deuxième année consécutive, le Refuge de l'Arche lance son opération "1 € pour les animaux". Une campagne de dons nécessaire pour pouvoir continuer de nourrir et d'accueillir des animaux maltraités. Entretien avec le directeur Jean-Marie Mulon.

15h21 - Modifié : 15h52 par Alexis Vellayoudom

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Le Refuge de l'Arche a mis à disposition des tirelires dans les boulangeries jusqu'au 31 décembre.
Crédit : Marie Chevillard

Ça ne devait être qu'un "one shoot", mais la situation l'exige une nouvelle fois. Comme l'année dernière, le Refuge de l'Arche lance son opération "1 € pour les animaux". Des boîtes oranges seront installées, à partir du 25 novembre, dans plusieurs commerces du Haut-Anjou pour pouvoir venir en aide au sanctuaire animalier et lui permettre de poursuivre ses activités de sauvegarde et de soins auprès des animaux. L'année dernière, la campagne avait permis de récolter plus de 110 000 €. Entretien avec Jean-Marie Mulon, directeur du Refuge. 

 

Jean-Marie Mulon, pourquoi relancer cette opération ? 

 

"L'opération de l'an dernier devait se faire qu'une seule fois, mais à la demande d'une trentaine de commerçants qui souhaitaient de nous accompagner de nouveau. C'est un don à la portée de tous. C'est une action pour un lieu totémique de la Mayenne auquel nous sommes attachés. À la réflexion, nous avons décidé de continuer cette aventure". 

 

Il y a toujours ces difficultés liées à l'inflation de vos coûts ?

 

"Malheureusement, les effets de l'inflation sont toujours là. Le coût pour l'alimentation des animaux n'a pas baissé, pareil pour les produits vétérinaires. Même si on peut espérer clore l'année 2024 avec une facture d'électricité qui ne sera pas de plus de 110 000 € comme c'était le cas en 2023, mais la situation reste très tendue, d'autant que les demandes de placement vont croissantes. C'est inquiétant, dans la mesure où on sait très bien que si on refuse des animaux, ces futurs pensionnaires seront euthanasiés. Il en est hors de question. Ceci étant dit, on le fait de manière raisonnée et raisonnable. On ne va pas accueillir plus que ce qu'on pourrait nourrir. Tout ça a été patiamment et savamment étudié, mais lorsqu'on a réalisé, récemment, le sauvetage de douze macaques de Tonkéan, c'est un groupe qui aurait été intégralement décimé, si on n'était pas intervenu". 

 

"Les demandes de placement sont croissantes"
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Vous avez dû en refuser des animaux ? 

 

"Aujourd'hui, le trafic qu'on a connu sur des primates, a muté sur le Savannah. C'est un croisement entre le chat domestique et le serval. Il y a une explosion. Cette année, nous avons plus d'une vingtaine de demandes de placement que nous n'avons pas pu accueillir. On a des savannahs, mais en petit nombre. Il y a également la même problématique avec les perroquets gris du Gabon parce que c'est intéressant d'en voir un, de commencer à lui parler. Qu'il siffle et répète votre prénom, mais quand vous l'avez dans un appartement, il est de toute façon malheureux et son cri devient rapidement insupportable. Aujourd'hui, nous sommes à huit individus, mais on ne pourra pas être au-dessus". 

 

L'inflation et maintenant le gouvernement qui appelle les collectivités à faire des économies, vous avez peur d'en pâtir ? 

 

"Nous sommes relativement tranquilles sur le plan du fonctionnement puisqu'en tout et pour tout comme subvention publique, on a 83 000 € à l'année par la Communauté de communes du Pays de Château-Gontier. Et ça s'arrête là, donc on ne peut pas craindre puisqu'une baisse en dessous de 0, ça ferait 0 de toute façon. Mais il est vrai que nous donnons, nous réinventer, que ce soit notre association ou des entreprises, on sait bien que nous sommes dans un marasme financier qui n'a pas été créé par la base, mais qu'on doit assumer. Aujourd'hui, on se dirige vers l'argent privé. C'est la raison pour laquelle nous espérons voir éclore en 2025, le Club des Partenaires économiques". 

 

 

 

 

C'est aussi l'espoir de pouvoir rouvrir le Centre de Sauvegarde, fermé temporairement depuis décembre 2023 ? 

 

 "Je rappelle que son intérêt général est prouvé par les chiffres parce que nous avions fait 1 341 accueils en 2022 sur trois départements, parce qu'on avait un agrément pour accueillir les animaux blessés de la faune locale sur la Mayenne, la Sarthe et le Maine-et-Loire. Aujourd'hui, nous sommes obligés de réorienter ceux qui trouvent les animaux blessés vers Tours, Poitiers. Et ça va devenir très compliqué. On espère pouvoir rouvrir à horizon 2025, voire au début de l'année 2026. Ça reste un cap pour nous". 

 

De son côté, le Refuge de l'Arche poursuit ses missions. Il y en a une qui vous a marquée cette année ? 

 

"Indéniablement, l'arrivée de Ciara, une panthère noire qui a été trouvée, abandonnée dans une maison dont le propriétaire avait fui la guerre en Ukraine. C'est à la fois émouvant, c'est important. Et puis, son homologue léopard Philibert qui a été victime d'un trafic en France (ndlr : le trafic d'animaux est le 3e plus grand trafic du monde avec la drogue et les armes). Ils sont aujourd'hui dans le parc des panthères qu'on a repensé pour ces animaux. Ça a été marquant pour l'équipe et ça démontre encore une fois toute l'importance de ce lieu emblématique en Mayenne". 

 

Vous pourrez retrouver plus de 500 boîtes oranges de l'opération "1 € pour les animaux" jusqu'au 31 décembre dans plusieurs commerces des villes comme à Château-Gontier-sur-Mayenne, Segré-en-Anjou Bleu ou encore Craon. Une plateforme HelloAsso va être mise en place pour le don en ligne.  Il est aussi possible de faire un don toute l'année ici