Route du Rhum. Fabrice Amedeo « va bien » après son naufrage

Fabrice Amedeo est de retour chez lui après le naufrage de son IMOCA Nexans – Art et Fenêtres sur la Route du Rhum lundi, une terrible épreuve qui a bien failli lui coûter la vie. Son papa Jacques donne de ses nouvelles et raconte comment l'entourage du skipper segréen l'a vécu.

Publié : 21 novembre 2022 à 11h13 - Modifié : 21 novembre 2022 à 11h14 par Coralie Juret

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Fabrice Amedeo à bord de Nexans - Art et Fenêtres le 11 novembre dernier.
Crédit : Fabrice Amedeo / photo du bord

Jacques, comment va Fabrice ?

Les nouvelles de Fabrice sont bonnes, il est étonnamment serein. On a pu l’avoir au téléphone quand il était encore sur le cargo, et il pensait déjà à l’avenir. Il avait une certaine fierté de dire, « j’ai eu vraiment des épreuves très dures à traverser, et j’ai fait le job », c’est son expression. C’est son côté philosophe. Un autre point qui ne trompe pas, c’est la façon dont il a exprimé ses émotions, ses souffrances, ses doutes comme il l’a écrit, et quand il écrit c’est que ça va bien. Quand Fabrice ne va pas bien il n’écrit pas...

 

On se doute qu’une épreuve comme celle-là va affecter sa vision des choses, peut-être ses projets ?

Je pense que ça va les changer mais pas les affecter. Fabrice déjà pense au futur, son objectif c’est de faire un Vendée Globe en 2024, il sait que ce n’est pas certain. Il peut repartir, il s’est prouvé lui-même -si tant est que ce soit nécessaire- qu’il était capable d’affronter ce genre d’épreuve et je pense que c’est pas ça qui va le démotiver ou l’inquiéter outre mesure.

 

 

Il y a l’entourage… vous, ses parents, avez vécu ça à distance. Vous avez été relativement préservés, vous avez découvert ça après ?

On était en contact heure par heure avec le boat captain qui nous a donné les situations sans émotion, sans rien. On a appris que le bateau avait brûlé, que Fabrice était embarqué sur son radeau, qu’il attendait ensuite un cargo qui était déjà sur zone et qui s’était dérouté, qu’il était monté sur le cargo et que tout allait bien. Et c’est comme vous, comme tout le monde quand on a lu son rapport de mer, qu’on s’est rendu compte à quel point ça a été extrêmement violent. La nuit a été courte parce qu’on a réalisé tout ce qui s’est passé et tout ce qui aurait pu se passer. Comme on dit parfois, il vaut mieux s’en rendre compte après que pendant

 

Et sa femme Charlotte, ses trois filles ?

Sa femme fait confiance à Fabrice. C’est assez étonnant, elle a eu les mêmes renseignements que nous mais la seule chose qu’elle voit, c’est que Fabrice est rentré à la maison, que tout va bien, que demain ou après-demain il sera là. Par contre ses filles, l’affectif s'exprime différemment, Joséphine notamment qui a 15 ans, au collège, n’a pas pu supporter longtemps la gentillesse de ses camarades qui l’ont embrassée, qui l’ont entourée. Je pense qu’elles ont besoin de s’en remettre. Même la petite Garance dit : « j’aurai plus d’inquiétude maintenant quand mon papa sera en mer parce que je vois ce qui lui est arrivé ».

 

Blandine, la maman de Fabrice est toujours très inquiète, toi un peu moins parce que tu es un marin. Est-ce que tu vivras différemment la suite ?

J’ose pas le dire mais… je le vivrai de la même façon. Par contre Blandine m’a dit : « j’en ai par-dessus la tête de ses courses. Si on doit revivre encore pendant trois mois Vendée Globe, le suspense, les bulletins météo, la casse, la casse des copains… », parce que Blandine a cette générosité que la casse des autres concurrents l’affecte aussi beaucoup, parce que ce sont des amis de Fabrice. Et à chaque fois elle dit « ça pourrait arriver à Fabrice ». Très clairement elle m’a dit : « pourvu qu’il s’oriente vers son entreprise et son projet de navigation scientifique ». Pour les filles c’est pas facile, pour les mères c’est pas facile, pour la femme ça ne m’a pas l’air d’être trop difficile. Pour le père… je fais confiance à Fabrice et je pense que ça continuera.