Simplé : des Mayennais vont reconstruire la flèche de Notre-Dame de Paris
Ils vont « boucler la boucle ». L’entreprise Cruard Charpente et une vingtaine de ses salariés tailleront et assembleront les chênes centenaires coupés à Craon pour reconstruire à l’identique la flèche de la cathédrale, qui s’était effondrée au cours d’un spectaculaire incendie le 15 avril 2019.
Publié : 30 septembre 2022 à 20h24 par Coralie Juret
La restauration de l'aile Rohan du Louvre, le château de Villers-Cotterêts et maintenant la flèche de Notre Dame de Paris ! Avec le groupement Le Bras Frères/Asselin/ Métiers du bois, l’entreprise mayennaise Cruard Charpente a remporté l’appel d’offres lancé par l’établissement public chargé de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage du chantier pour la réalisation des charpentes en chêne de la flèche et des transepts.
Une reconnaissance de son savoir-faire en matière de restauration de monuments historiques qui fait la fierté d'Aurélien Lefèvre, le directeur général de Cruard Charpente : « une grande fierté parce que c’est un édifice emblématique. On entend parler de la flèche de Notre-Dame depuis plusieurs mois suite à l’incendie, de là à se dire qu’on pouvait faire par des entreprises qui allaient participer à sa reconstruction, on se l’imaginait pas du tout ». Sa société a notamment travaillé à des chantiers de restauration sur les écuries de Versailles, les châteaux d’Azay-le-Rideau, Chenonceaux, des Ducs de Nantes, de Sainte Suzanne et le Château-Neuf de Laval, ou encore le couvent des Ursulines à Château-Gontier.
Chaque pièce est taillée, décorée, moulurée à la main
La bonne nouvelle est tombée en mai, comme un cadeau pour l’entreprise familiale dirigée par les frères Aurélien et Florian Lefèvre qui vient de fêter ses 30 ans. Et un défi technique puisqu'il faut refaire intégralement les plans sur la base d'archives incomplètes et de relevés, puis assembler 2300 pièces de bois sur place jusqu’à 96 m de hauteur, où culmine l’aiguille de la flèche. « C’est un chantier très complexe, il y a aussi une pression de délai donc il faut pouvoir mettre les moyens humains, c’est pour ça qu’on s’est groupé à plusieurs sociétés », explique Aurélien Lefèvre.
Les quatre entreprises mutualisent aussi leurs compétences et savoir-faire : « C’est un ouvrage de grande ampleur qu’on ne fait pas tous les jours même si on pratique le monument historique depuis plusieurs dizaines d’années dans l’entreprise. Même si on a la chance de travailler sur d’autres édifices très prestigieux, celui-là techniquement il faut le sortir ».
Cruard Charpente, Le Bras Frères (Meurthe-et-Moselle), Asselin (Deux-Sèvres) et Métiers du Bois (Calvados) ont commencé à travailler comme une seule dans un atelier unique dans l’Est de la France. 80 mille heures de travail pour trier jusqu’à début octobre les 1200 chênes centenaires coupés entre autres, à la Scierie des géants de Craon, faire des prototypes, puis tailler les bois à la main à partir de la fin de l’année. « Il y a aussi des décors sur la flèche au 1e et 2e niveau ajouré, des garde-corps et décors sur les poteaux, des pièces structurelles moulurées », précise Aurélien Lefèvre.
L’assemblage des 2300 pièces de la flèche sur la cathédrale devrait démarrer au printemps 2023 avec 4 à 8 compagnons mayennais sur le chantier.
Le sujet de la rédac avec Aurélien Lefèvre, Aurélien Duclos, chef d'équipe et Mathias Gauthier-Morfoise, conducteur de travaux.