80 ans du Débarquement. Le Piper angevin survole de nouveau la Normandie

"C'est un avion qui a une histoire assez incroyable", s'émerveille encore Dominique Montel, bénévole au musée aéronautique Espace Air Passion sur l'aéroport d'Angers-Loire à Marcé. Le 6 juin 1944, alors que les plages de Normandie, encore jonchées de cadavres de soldats, viennent d'être prises par les Alliés, ce Piper L4H débarque. 80 ans plus tard, après une rénovation minutieuse des bénévoles du musée, il va de nouveau survoler les plages du débarquement. 

Un avion d'observation

Quelques tours d'hélices, une bonne injection, et voilà le moteur du Piper L4H reparti comme en 1944. Aux commandes, Dominique Montel, chargé de la communication à l'Espace Air Passion, retrace les débuts de cet avion. "Il a été construit en décembre 1943 et il est arrivé sur les plages de Normandie en juin 1944 à bord des péniches. Il était démonté et il a été remonté sur place". L'appareil a ensuite suivi la 5e armée américaine qui participera à la libération de la Normandie, de l'Anjou et d'Angers en août 1944. "Ils avaient une mission de reconnaissance et de liaison sur le champ de bataille. Ils ont une surface vitrée très importante qui permet d'avoir une vision sur 360°. On a un train d'atterrissage renforcé avec des pneus, basse pression, à 0,9 bar qui permettent de se poser sur des terrains sommaires. L'appareil n'a pas de démarreur électrique donc il faut lancer le moteur à l'hélice", décrit l'aviateur.

Mais voilà, le Piper L4H n'est pas un avion destiné à faire la guerre sur la durée. "Ils étaient construits pour une durée de 5 heures de vol. Ces appareils ont été fabriqués en très grand nombre et lorsque l'armée américaine a filé sur Paris, ils ont laissé à Avrillé, cinq Piper". À la fin de la guerre, l'aéro-club de l'Ouest reprend ces avions pour y faire de l'instruction civile au vol. Cette deuxième mission va durer plus de quarante ans. Mis en vente, la mairie d'Angers aide le musée aéronautique à acquérir l'un des Piper. "Ils l'ont remis comme il était, avec ses cocardes américaines, ses bandes noires et blanches pour l'opération Overlord", rappelle Dominique. Les places d'époque ont été conservées, l'observateur à l'arrière, derrière le pilote. Ce dernier, à l'avant, a toujours le tableau de bord d'origine, restauré depuis. Un entretien minutieux, cumulé à visite annuelle, qui permet encore, aujourd'hui, au Piper de voler. 

Back to Normandy

Ce jeudi, le Piper remettra les pleins gaz pour revoir une nouvelle fois la Normandie. À l'occasion des commémorations pour les 80 ans du débarquement Alliés, le petit avion américain, accompagné par plusieurs de ses frères d'armes, va participer à l'opération Back to Normandy, organisée par Light Birds. "Nous allons survoler les plages du débarquement, les sites mémoriels, les cimetières, comme celui de Colleville-sur-Mer. On rendra hommage aux anciens combattants qui sont peut-être encore là, leurs familles et à ceux qui ont laissé leurs vies pour nous permettre de vivre dans un monde libre", détaille Dominique Montel. 

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Un événement forcément émouvant pour cet ancien aviateur militaire. "Ça représente beaucoup parce qu'on repense à tous nos copains qui sur des conflits ou, malheureusement, des accidents, ont laissé leurs vies. On leur rend hommage aussi parce qu'on les emmène avec nous". 

Espace Air Passion en quelques chiffres : 

- 3 500 m² d'exposition

-1er musée aéronautique en France dédié à l'aviation légère

-Plus de 190 aéronefs dont 40 exposés dans le hall

-4 aéronefs classés au Monuments historiques

-Une vingtaine d'aéronef en état de vol