Vendée Globe 2024. Fabrice Amedeo : « Le Cap Horn, c'est le Graal »

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Fabrice Amedeo, le skipper de l'imoca Nexans-Wewise, s'est confié à Oxygène Radio lors de son passage du Cap Horn. Un moment important, qui le fait basculer dans l'océan atlantique et une dernière remontée vers la terre ferme.

Publié : 22 janvier 2025 à 23h01 - Modifié : 22 janvier 2025 à 23h01 Cyprien Legeay

Fabrice Amedeo a désormais basculé dans l'océan atlantique.
Fabrice Amedeo a désormais basculé dans l'océan atlantique.
Crédit : Jean-Marie Liot / Reporter du Large

Fabrice Amedeo, que ressentez-vous après ce passage du Cap Horn ?

Le Cap Horn, c'est le Graal. Je suis en haut de l'Everest et je vais le redescendre pour rentrer à la maison. C'est un moment très important. Symboliquement, après avoir passé 70 jours seul en mer, avec des moments difficiles, c'est une belle récompense.

Comment vivez-vous cette aventure en solitaire ? Êtes-vous pressé d'arriver ?

Je ne suis pas pressé d'arriver, je n'y pense pas car il me reste un mois de mer. Je serai pressé dans 15 jours quand ce sera plus proche. Je me fixe des horizons de trois jours pour ne pas trop me projeter dans le temps. Je vis au jour le jour, je m'occupe de mon bateau, je me suis installé dans le temps long.

Voir de la terre, remonter les côtes, croisé des cargos, ça fait du bien ?

Je me rappelle il y a huit ans, j'avais croisé un bateau de tourisme polaire. Ça marque vraiment le retour à la civilisation, la fin du désert. Quand on est au Point Némo, l'endroit le plus éloigné de toute terre sur la planète, nous sommes seuls au monde donc ça responsabilise vraiment le marin. Dans deux ou trois jours, je serai aux Malouines, je vais retrouver des routes commerciales… Donc ce n'est vraiment plus du tout pareil.

Allez-vous vous prendre des temps de repos, de réflexion sur le futur lors de cette remontée de l'Atlantique ?

Dans les mers du Sud, c'est un peu un tunnel, on n'a pas trop le temps de penser. La remontée de l'Atlantique est parfois longue et fastidieuse, on peut aller tout droit pendant une dizaine de jours. Donc, là, je vais avoir le temps de lire et de penser à la suite.

Fabrice Amedeo.
Fabrice Amedeo.
Crédit : Gauthier Lebec

 

Comment se passent les prélèvements avec les capteurs océanographiques ?

Tout se passe bien. Au pied du Cap Horn, j'ai un relevé d'ADN environnemental. Je suis content, car le système fonctionne bien, ça me donne encore plus envie de terminer en me disant que j'aurai mesuré le vivant tout au long de la route du Vendée Globe.

 

"Ma dernière douche remonte au 10 décembre"

 

C'est quoi le programme des prochains jours, prochaines heures ?

Il y a une dépression qui est en train d'arriver sur la Cordillère des Andes. Souvent, elle meurt dans les Andes, mais celle-là va passer donc je vais bénéficier d'un front avec du vent nord-est assez fort. Après, avec une bascule de vent d'ouest, je vais remonter au nord vers les Malouines. Je vais faire du nord pour rentrer à la maison, mais aussi me mettre à l'abri des mers du Sud. Je vais également monter en température et j'espère avoir le temps de prendre une douche… La dernière remonte au 10 décembre…

Ça parait long ?

En fait, comme il faisait très froid dans la deuxième partie du Pacifique, j'ai un collant, une grenouillère, un ciré et en haut, j'ai trois épaisseurs. Donc, pour le moment, aucune odeur ne passe, mais le jour où je vais ouvrir ça risque de sentir mauvais (rires).