Segré. Ils luttent contre l'auto-censure des jeunes sur leur orientation universitaire

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Depuis septembre, des étudiants ou jeunes diplômés de l'association du Maine-et-Loire aux grandes écoles viennent dans les lycées pour lutter contre l'auto-censure des élèves en milieu rural lorsque vient le choix de leur orientation post-bac.

Publié : 16h39 - Modifié : 17h01 Alexis Vellayoudom

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Une dizaine d'élèves ont pu poser leurs questions sur l'accès aux grandes écoles
Crédit : Orane Hateau

Alors qu'en ce moment, les élèves de terminale effectuent leurs futurs choix de formations sur Parcoursup, certains ont peut-être des freins à postuler dans de grandes écoles et dans les filières sélectives. Pour mettre fin à cette auto-censure des étudiants et jeunes diplômés angevins ont créé en septembre dernier l'association du Maine-et-Loire aux Grandes écoles, une des 33 fédérations de l'association des Territoires aux Grandes écoles. Vendredi dernier, trois bénévoles ont fait le déplacement au lycée Blaise Pascal à Segré pour les aider. 

 

Les jeunes des territoires ruraux s'auto-censurent plus facilement

 

Ils sont encore novices dans le monde du travail, 24 ou 25 ans, mais ont choisi de partager leurs expériences au plus jeunes. Lucie, Martin et Timothée ont tous fait/ou font de grandes écoles. Ce vendredi matin, ils ont présenté leurs parcours inspirants aux élèves de 1er. "Au cours de nos parcours, on s'est rendu compte que les jeunes des territoires ruraux, comme ici à Segré, peuvent subir plusieurs freins dans la détermination de leurs parcours comme l'auto-censure géographique ou sociale qui consisterait à dire que les parcours les plus "prestigieux" ne sont pas accessibles, ou encore le manque d'information et les freins financiers. ", explique Martin Rochepeau

 

 

Martin Rochepeau explique son parcours depuis sa terminale à Segré
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Aujourd'hui, le jeune homme, originaire de L'Hôtellerie-de-Flée, est étudiant à Sciences Po Paris après être passé par une double licence en histoire et droit, puis un Master de Droit l'Université Paris Panthéon-ASAS. Il prépare son concours d'entrée à INSP, l'Institut national du Service public, ex-ENA. "Pour moi à la sortie du lycée, c'était très flou. J'aurais aimé, il y a quelques années, que des jeunes viennent et présentent leurs parcours pour m'aider à m'aiguiller", confie l'ex-lycéen de Blaise Pascal. C'est ce qu'ils ont voulu faire l'après-midi avec 8 élèves de terminale. Après leur avoir présenté les différentes filières, ils se sont organisés en groupe pour pouvoir faciliter le dialogue. "J'oscille entre 15 et 17 de moyenne, mais j'ai peur que ça ne soit pas assez pour les grandes écoles", confie une des élèves. "Tu ne sauras pas avant de postuler. Il faut faire ton dossier avec autant d'application que si t'étais persuadée d'être admise. Si jamais, tu n'es pas admise, tu prends quand même de l'expérience d'avoir passé ce concours. Et c'est jamais négatif", lui répond Martin.

 

"Les freins financiers ne doivent pas être pris en compte au moment de postuler"

 

Le coût peut aussi poser question, certaines écoles nécessitent des frais de dossiers, des déménagements à Paris, Lyon, Bordeaux où les loyers sont chers. "30 % des étudiants en France sont boursiers. Dans la plupart des grandes écoles, ça ouvre le droit à une exonération des frais de scolarité ou un allègement. Je peux le dire parce que je l'ai vécu, les freins financiers existent, mais ils ne doivent pas être pris en compte au moment de postuler. C'est une fois qu'on est admis qu'on se pose la question et en général, il existe des solutions", rassure Martin. Sur la table d'à côté, Timothée, ancien étudiant de l'Institut national des sciences appliquées à Lyon et aujourd'hui ingénieur dans l'agroalimentaire à Eurofins, distille quelques conseils pour l'élaboration des dossiers de candidatures.

 

Ils luttent contre l'auto-censure
Ils luttent contre l'auto-censure
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Plus loin, Lucie, originaire de Bellevigne-en-Layon, diplômé d'un Master en Politiques publiques à Paris Dauphine, explique la double licence : "je suis partisane de la double licence. Je trouve qu'au lycée, vous avez déjà un volume horaire assez dense. Et une double licence ça reste le même niveau de cours et ça permet de ne pas s'ennuyer en licence. C'est juste la méthodologie qui change". "Aujourd'hui, les jeunes ont accès à tout, mais c'est peut-être ce trop-plein qui fait que l'information ne parvient pas", précise Martin. Leur meilleur conseil reste de se donner les moyens d'y arriver. "On ne peut pas se dire que ce n'est pas possible. Si on travaille, qu'on est tenace, les choses sont possibles". L'association rassemble une quinzaine de membres de 21 à 25 ans. Elle recherche encore des membres, des salariés avec de la bouteille, des personnes passées par d'autres grandes écoles comme des cuisiniers ou des artisans.