Mayotte : "on soigne des infections sur des enfants", Lucas, bénévole Mayennais de la Protection civile
Depuis trois semaines, le Mayennais Lucas Bargues, bénévole de la Protection civile, est à Mayotte pour apporter son aide. Premiers secours, déblayage et approvisionnement en nourriture, il témoigne de la situation sur place.
Publié : 21 janvier 2025 à 12h13 - Modifié : 21 janvier 2025 à 15h19 Alexis Vellayoudom
Comme plusieurs centaines de métropolitains, il a répondu à l'appel au secours des Mahorais. Depuis trois semaines, Lucas Bargues, bénévole à la Protection civile de la Mayenne depuis 5 ans, est à Mayotte pour "aider l'île à se relever" après le passage du cyclone Chido le 5 décembre dernier. Sur place, le Mayennais délivre les premiers secours, aide au déblayage et approvisionne les populations en nourriture et en eau. Témoignage.
"Des bidonvilles complètement dévastés"
Il n'a pas vraiment hésité au moment de s'engager, touché par ce qu'il a pu lire, entendre ou voir dans la presse. "J'avais terminé mon contrat à l'EHPAD de Montsûrs et j'étais disponible. J'ai vu qu'il y avait pas mal de travail au niveau logistique et premiers secours. C'est quand même une occasion qui ne se représentera pas de partir en Outre-mer pour du secours et du soutien à la population", confie celui qui reprendra bientôt ses études d'infirmer à l'IFSI de Mayenne. Le jeune homme de 22 ans fait partie de la troisième vague de la Protection civile à s'envoler vers Mayotte, avec 50 bénévoles, dont des infirmiers et des médecins, direction Saint-Denis de La Réunion pour y passer une nuit et ensuite rejoindre Mayotte.
Du hublot, avant même d'atterrir, le Mayennais constate les dégâts : "on voit des maisons sans les toits, des bidonvilles complètement dévastés, même si la plus grosse des parties a été reconstruite dans les premiers jours. Mais il y a quand même des morceaux de tôles partout, des déchets énormes, des morceaux de toit au niveau des champs. Déjà, on se met direct dans le bain". Lui et son équipe ont rejoint leur base, "un grand hangar" au Nord-Est de l'île à Longoni.
Chaque soir, avant de rejoindre leurs lits picots, ils se voient attribuer leurs missions. Très tôt le matin (ndlr : il fait très chaud l'après-midi à Mayotte), Lucas alterne entre la préparation des palettes de denrées alimentaires, destinées aux villages et aux bidonvilles, et l'aide au déblaiement. "Il reste pas mal de débris notamment dans les écoles ou les collèges qui ne sont pas rouverts. Et on commence à travailler sur tout ce qui risque ou menace de tomber sur la voie publique".
Des soins dans les bidonvilles
L'autre grande partie de sa mission, c'est l'apport de soins. Le jeune homme, titulaire d'un diplôme de secouriste PSE2, travaille dans des dispensaires et participent aux maraudes sanitaires dans les villages et les bidonvilles avec un ancien bibliobus transformé en médico-bus. "On est bien accueilli, les gens sont très contents de nous voir. Après, il y a des villages où les secours ne sont pas forcément les bienvenues, dans ce cas-là, on prend nos distances. En général, quand on s'installe quelque part, il y a très souvent des parents qui viennent nous voir avec leurs enfants qui sont touchés par des maladies ou des infections. Là, on est plus sur de l'apport de soins ou de traitements sur tout ce qui est infectieux", raconte le Mayennais.
Pendant sa mission, Lucas va faire la rencontre de mère-nature. Seulement un mois après le passage du cyclone Chido, le cyclone Dikeledi, moins puissant, s'abat sur Mayotte. "J'ai été très surpris par les fortes pluies. J'avais jamais vu ça de ma vie". Sa base sans sort sans gravité, mais au Sud de l'île, le village de Mbouini, un des rares endroits épargné par Chido, est frappé de plein fouet. "Il a été complètement inondé. Les habitants avaient même pas pieds dans les rues. Le surlendemain, on a engagé une équipe pour aider au déblaiement de ce village", explique Lucas. La crainte, c'est désormais de le voir revenir puisque le cyclone à fait demi-tour, mais Lucas, dont le retour en Mayenne est prévu ce week-end, sait que le peuple mahorais se relèvera. "J'ai été étonné et surpris de la joie de vivre des Mahorais. Ils gardent en permanence leur sourire malgré ce qui s'est passé et les pertes qu'ils ont pu avoir".