Election législatives 2024. Philippe Bolo se représente sur Angers-Segré
Après la colère et le désarroi, Philippe Bolo (MoDem), député sortant de la 7e circonscription du Maine-et-Loire, a finalement décidé de repartir en campagne sur Angers-Segré avec humilité.
12 juin 2024 à 16h12 - Modifié : 13 juin 2024 à 10h31 par Alexis Vellayoudom
Philippe Bolo se représente sur la 1ère circonscription du Maine-et-Loire
Crédit : Alexis Vellayoudom
"Si je vous avais réuni lundi soir. Je crois que je vous annonçais que je renonçais". Ces mots, de Philippe Bolo, témoignent du débat intérieur qu'a eu le député sortant, de la 7e circonscription du Maine-et-Loire, depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, pour prendre sa décision. Finalement, l'élu MoDem repart au front. Ce mercredi, à cœur ouvert pendant 45 minutes, il a expliqué sa décision et les combats qu'il veut mener.
"J'aurais aimé qu'il ait un peu de mea-culpa"
"J'avais besoin d'un temps de réflexion", rappelle Philippe Bolo. Le député avoue avoir vécu un véritable séisme avant de passer par une phase de colère. "Je me suis renfermé sur moi-même. Ce que je n'ai pas aimé, c'est que si on lit entre les lignes, ça voulait dire les Français votaient mal et les députés étaient chahuteurs. J'aurais aimé qu'il ait un peu de mea-culpa et de remise en cause de la partie chef d'État et du gouvernement", confie, le cœur serré, l'élu MoDem. Est venue ensuite une phase de profond désarroi dans laquelle il s'est plongé où Philippe Bolo a remis en cause la méthode de travail de l'Assemblée nationale. "On a un vrai problème. On légifère en fonction de ce qu'il se passe. Un ministre, en visite, apprend un dysfonctionnement, il annonce un projet de loi sur lequel on doit tout de suite travailler. Les annonces sur les réseaux sociaux et les chaînes en continu conditionnent notre travail à l'Assemblée. Je trouve ça désastreux".
Durant ses deux dernières mandatures, Philippe Bolo aura aussi, de ses mots, constaté un vrai décalage entre la circonscription et Paris. "Quand je suis sur le terrain, ce dont ils me parlent, ce n'est pas ce que j'entends à Paris. Il y a 15 jours, on parlait du déclassement de la note de la France de AA à AA-, c'est qu'à Paris qu'on parlait de ça, sur le terrain, ce n'était pas du tout ce sujet".
"Ce territoire n'est pas radical"
Après ces constats "désastreux", comme il le répète, Philippe Bolo a trouvé du réconfort auprès de ses soutiens. Il déplie une feuille devant nous. "C'est la liste des gens qui m'ont écrit depuis dimanche soir, sans que je ne demande rien. Il y a presque 70 personnes en deux jours", nous montre le député sortant. Parmi les noms inscrits, des élus locaux, des responsables associatifs, des agents d'instances nationales, des fonctionnaires du ministère de l'Écologie. "Il y a même le directeur de l'ancienne entreprise où je travaillais avec qui je n'ai plus de lien. Ils me disent, c'est un moment, il faut y aller. Il y a du travail, on vous soutient, il y a des valeurs à défendre. C'est un élément de poids", confie Philippe Bolo. Un coup de fil va définitivement entériner sa décision de se représenter, celui de François Bayrou, le patron du MoDem. "Ça m'a fait du bien, même si ce n'était pas une décision facile à prendre".
Le contexte politique a aussi pesé dans sa décision. "Peu importe le résultat final, mais je n'ai pas envie de contribuer à un mauvais résultat (ndlr : une victoire du RN), au moins, j'aurais essayé de le freiner", se défend Philippe Bolo. Le député tente même un parallèle avec les 80 ans du Débarquement Alliés en Normandie. "J'étais à Omaha Beach pour les commémorations. Ces gars-là, n'étaient pas français et pourtant, ils nous ont redonné notre liberté. 80 ans plus tard, ce n'est pas envisageable d'avoir un rétrécissement sur soi-même". "Ce territoire n'est pas radical", martèle le député MoDem. "Regardez le tissu associatif, ce qui se passe chaque week-end, pour être avec les autres, s'engager auprès des autres, faut pas laisser tomber".
Pas d'affiliation à la majorité présidentielle
S'il est élu, Philippe Bolo souhaite redonner de l'envie, faire preuve de pédagogie, mais surtout rester soi-même. "On y va avec humilité, ma personnalité, mes convictions, mon caractère, ma méthode de travail. On (MoDem) garde notre indépendance, la majorité devra écouter ce qui disent nos membres". Le parlementaire promet d'ailleurs qu'il ne se laissera pas anesthésier comme sur les mandatures précédentes. "Sur la taxe sur les divivendes, on voulait taxer les dividendes destinés aux actionnaires, car on estimait qu'à priori une entreprise qui fonctionne bien et qui reverse à ses salariés, c'était positif. On n'est pas allé au bout". Loin des dogmatismes. "Quand ce n'est pas bon, il faut qu'on reste affirmatif là-dessus et qu'on arrive à faire infléchir les choses, chose qu'on n'a pas été en capacité de faire jusqu'à maintenant", avertit l'ancien conseiller municipal d'Avrillé.
Le déficit public comme cheval de bataille
Pour cette campagne, l'élu angevin ne va pas faire dans la nouveauté. Sa priorité, son travail sur la pollution plastique, "les avancées sont tels que je ne peux pas les laisser tomber". "Les désordres environnementaux perturbent inconsciemment les uns et autres sur les sujets migratoires, ça perturbe nos économies", poursuit le député sortant. Autre sujet qui lui tient à coeur, le déficit public. "On est déficitaire sur les politiques publiques. Il y a des soucis d'accès à la santé, au logement, le pouvoir d'achat. Il y a cette question de l'efficience, quand on met 1 €, comment il peut rendre le meilleur rapport, et ça c'est de la méthode et le temps longs. Ce n'est pas valorisable dans les 10 min sur un réseau social ou une chane d'infos en continu", explique l'élu. Et encore faut-il valoriser le travail effectué. "On a un souci sur l'évaluation de nos lois. On a peu de missions d'informations qui permettent de contrôler l'application des lois, de regarder les lois existantes au lieu d'en superposer. Et pourtant, j'ai participé à celle sur la grippe aviaire, ça fonctionne, mais on se bride sur nos outils".
Pour l'accompagner, Philippe Bolo pourra de nouveau compter sur Patricia Maussion en tant que suppléante. L'agricultrice à Loiré, conseillère régionale des Pays de la Loire et présidente du Pays de l'Anjou Bleu, était déjà de ce dernier mandat.