Les Ponts-de-Cé. La commune devient ambassadrice du don d'organes
À l'occasion de la Journée mondiale du don d'organe, la ville des Ponts-de-Cé est devenue ambassadrice. Un panneau est installé à l'entrée de la ville pour inciter les gens à se positionner sur la question et faire baisser le taux de refus.
21 octobre 2024 à 8h31 - Modifié : 21 octobre 2024 à 8h53 par Alexis Vellayoudom
La ville affichera ce panneau vert à l'entrée de la commune
Crédit : ADOT 49
Une de plus ! Quelques jours après la Journée mondiale du don d'organes, la ville des Ponts-de-Cé a reçu le titre de ville ambassadrice du don d'organes. C'est la troisième commune du Maine-et-Loire à recevoir ce titre après La Landes-Chasles. Un titre symbolique qui a pour but de communiquer et d'inciter davantage aux dons d'organes en recul. Entretien avec Florence Cailleaud, bénévole de l'ADOT 49 pour Association dons organes tissus.
Florence Cailleaud, qu'est ce que ce titre "ville ambassadrice du don d'organes" signifie ?
"En 2019, le Collectif Greffe + avait lancé le ruban vert et dans l'optique de communiquer plus pour faire que ce don d'organes devienne un geste le plus naturel possible, c'est de faire en sorte que visuellement, les citoyens, au quotidien, voient certaines images qui vont s'imprégner dans leurs cerveaux. Enfaîte, aujourd'hui, on a une pénurie d'organes. On n'a pas assez de greffons pour sauver tous les malades en attente de greffes et donc il est nécessaire de faire baisser le taux de refus qui a tendance a augmenté malheureusement. On est aujourd'hui à 36 % de refus (NDLR : -25 % dans les Pays de la Loire). Et si on veut sauver plus de vies et permettre davantage de greffes, il faut, visuellement, augmenter cette image pour que ce don devienne naturel. L'idée, c'est de mettre un panneau à l'entrée des villes, le plus possible".
Titre :Florence Cailleau revient sur cette campagne de communication
Crédit :Alexis Vellayoudom
Quelles sont les raisons qui poussent au refus ?
"Premièrement, si les gens n'ont pas eu dans leur vie un moment où ils se sont positionnés ou exprimés auprès de leurs proches. De peur de donner une mauvaise réponse ou prendre une mauvaise décision, les proches disent "non". En France, on croit que la loi dit que si on ne s'est pas opposé et bien le prélèvement va se faire, mais il y a des petites lignes en dessous qui disent que les équipements de prélèvement ont l'obligation d'échanger avec les proches pour être sûr que la personne qui vient de quitter ce monde n'était pas opposée au don d'organes. Il y a un dialogue qui se fait. Ça, c'est déjà une raison importante. Parmi les autres raisons, les équipes nous expliquent qu'on est dans un contexte un peu compliqué, que ce soit l'environnement, l'économie, etc. Les gens, parfois, quand ils souffrent dans leur vie au quotidien, ils se disent, "pourquoi je donnerai aux autres alors que c'est compliqué pour moi". On se rend compte que dans les périodes de crise, ça a tendance à augmenter les refus. D'où l'intérêt de communiquer de montrer les beaux enjeux qu'il y a derrière. Dans l'association, il y a des greffés et quand on voit le bonheur de voir ces gens qui redémarrent une nouvelle vie grâce à ces généreux donneurs qui s'étaient positionnés au préalable, franchement, ça vaut le coup de se bouger en tant que bénévole pour faire augmenter les greffes".
Titre :Florence Cailleaud raconte son expérience avec sa fille Chloé
Crédit :Alexis Vellayoudom
À titre personnel, vous avez vécu cette expérience.
"Ma fille, à l'époque, avait 7 mois et demi au moment de sa greffe. On peut donner à tout âge. Chloé, on s'est rendu compte qu'à l'âge de 2 mois qu'il y avait des choses qui ne tournaient pas rond. Elle avait le blanc de l'œil jaune. Il y a une première intervention qu'a été faite à 2 ans et demi, mais elle n'était pas suffisante et si on voulait lui sauver la vie, il fallait passer par la greffe. Les semaines sont passées, son état se dégradait. Il a fallu rapidement la mettre sur liste d'attente et le 18 juin d'une certaine année, Chloé a lancé son appel pour recevoir ce petit foie, qui a été entendu parce que quatre jours après le téléphone sonnait. C'était l'hôpital du Kremlin-Bicêtre qui nous a dit qu'il y avait un donneur. On a pris la route, elle a vu la psychologue, le médecin et le chirurgien qui faisait la greffe. Tout était OK. On l'a accompagné au bloc et quelques heures après, on nous annonçait que la greffe s'était très bien passée. Les années ont passé, la petite Chloé a bien grandi, c'est une merveilleuse jeune fille et on a eu énormément de chance que, à ce moment-là, une famille ait eu le courage de faire un don pour sauver notre enfant".
Quelle est la procédure à suivre pour faire don d'un organe ?
"Alors, quand on communique, on dit aux gens ce qui est important, c'est de se positionner. On peut être pour ou contre. Pour l'opposition, il y a trois solutions, soit on va sur Internet et s'inscrire sur le fichier national pour le refus. À partir de 13 ans, n'importe qui peut s'inscrire sur ce fichier, mais aussi se désinscrire s'il y a un changement d'avis. On peut simplement le dire, ou on peut l'écrire sur un papier qu'on met avec sa carte vitale et ça sera respecté. Pour ceux qui sont consentants et qui veulent dire "oui" au don d'organes, le mieux, c'est d'en parler à son entourage et ses proches qu'ils le sachent. Mais la mort, qui fait que derrière le don d'organe peut être envisagé, est toujours une mort brutale, ce qui fait que les proches, à ce moment-là, sont complètement perdus. Ils sont dans la douleur extrême et ils ont du mal à réfléchir. Ce qu'on propose à France ADOT, c'est de prendre une carte qui n'a aucune valeur légale, mais qui va être très précieuse dans ces moments où tout le monde est perdu et n'arrive plus à réfléchir. Cette carte, elle va apporter la réponse sans que les proches aient besoin de prendre la décision. Elle va aussi être importante pour les équipes médicales. C'est le dire, le communiquer et prendre sa carte et donc la communication, via les panneaux "villes ambassadrices", c'est le début de la communication qui nous emmene sur des discussions où justement les gens en passant devant ces panneaux vont échanger et dire "et toi t'en penses quoi ?". C'est vraiment pour ouvrir le dialogue".
Au niveau national, 5 634 personnes par an reçoivent une greffe. Selon l'Agence de la Biomédecine 21 866 patients sont encore en attente d'une greffe, dont 11 922 en liste active, pour 1 000 décès chaque année. Pour les personnes qui souhaitent être accompagnées, vous pouvez écrire à adot49@adot49.fr.