Marcillé-la-Ville. L'entreprise EDIP en passe d'être fermée par la nouvelle direction, 25 emplois menacés
Selon les salariés, la nouvelle direction a "dilapidé la trésorerie" et souhaite fermer l'usine, installée depuis 1983 sur la petite commune mayennaise.
14 février 2023 à 17h37 par Alexis Vellayoudom
Les salariés, mais aussi des élus se sont rassemblés pour protester contre la fermeture
Crédit : DR
C'est l'un des fleurons de l'industrie marcilléenne qui pourrait disparaître dans les prochains mois. Installée depuis 1983 sur la commune, d'abord sous le nom de Précision plastique, EDIP, spécialisée dans la fabrication de pièces plastiques, est menacée de fermeture. C'est ce qu'a annoncé la direction lors d'une réunion. Aujourd'hui, une deuxième réunion CSE, censée boucler la fermeture avant l'été, se tenait sur site. Les 25 employés menacés, ont protesté devant les grilles.
"Toute notre trésorerie a été dilapidée"
Au cours de sa vie, l'usine a connu de nombreuses pancartes, Plastique forme Picardie en 2003, puis le Groupe Métallo-découpage, suivie par une société polonaise pour finalement être rachetée en 2022 par le groupe Well in Plast, basé à Lannion. "Tout se passait bien avant le dernier rachat. On avait les caisses pleines, une trésorerie saine. Ça, c'est une confirmation de l'ancien directeur. Et ils nous ont tout vidé", nous confie un employé.
Selon les salariés, l'objectif affiché de la direction est de fermer le site pour transférer le matériel et les marchés à Lannion. "Comme les bâtiments sont en location, ils cherchent à récupérer l'outil de travail qui est relativement neuf puisque comme on gagné de l'argent, on a pu investir", poursuit l'employé. Il ajoute : "La Covid n'a rien à voir dans tout ça. Notre ancien patron qui était là jusqu'en décembre 2020, nous confirme qu'on avait 4 à 5 millions d'euros de trésorerie. Tout ça a été dilapidé en prêt pour aider les autres unités qui perdaient de l'argent. Pour les aider donc pourquoi pas, sauf que d'après ce qu'on a compris, ils ont fait des abandons de créances. Ils nous ont tout vidé. Aujourd'hui, on nous annonce 66 000 € de déficit et pour ça, ils nous ferment. ".
"Une aberration écologique"
La réunion de ce mardi 14 février devrait entériner la décision de fermer le site, "les premières lettres de licenciement arrivent le 23 mai avec les préavis. Et après, ils vont nous proposer des reclassements sur Paris, la Sarthe, Lannion et Meslay-du-Maine, mais personne ne veut bouger. On a une moyenne d'âge de 50 ans et l'ancienneté est élevée. La plupart sont du coin. Ils veulent aller très vite pour ne pas nous laisser le temps de se retourner. On essaye de justifier ça en licenciement économique, ce qui est complètement faux", souligne l'un des représentants des employés.
D'autant que l'activité repartait, "on a eu 4 mois difficiles en fin de l'année dernière, mais depuis le début de l'année, ça reprend. Sur le site, on peut avoir jusqu'à 20 intérimaires. On nous dit beaucoup de choses, l'énergie est très chère. Moi de mon côté, j'ai plus accès aux factures donc je ne peux pas vérifier", raconte le salarié.
Parmi les principaux clients de l'usine, une entreprise du secteur, spécialisée dans l'électroménager, et dont les relations avec le site sont très bonnes, "on a une navette avec eux, qui fait ses deux usines et notre usine tous les jours. On met les pièces en bac et ils nous ramènent les bacs et là le fait de mettre à Lannion, ils ne pourront plus emmener de bac donc ça sera en carton. Les coûts de transports seront complètement différents. On ne comprend pas grand-chose à ce qu'ils veulent faire", témoigne l'employé.
Depuis 15h30, l'usine est à l'arrêt. En fonction des discussions, les salariés se réservent le droit de "durcir le mouvement".