Mondial du Lion 2024. Le fabricant des obstacles Christian Aschard prend sa retraite

De la fabrication des obstacles du cross au Lion d'Angers à ceux des Jeux olympiques de Paris 2024, l'Angevin Christian Aschard met un terme à une carrière de 23 ans.

16h58 - Modifié : 16h59 par Alexis Vellayoudom

Christian Aschard a fabriqué 65 obstacles pour les Jeux olympique de Paris 2024

Crédit : Alexis Vellayoudom

Ce sont ses obstacles que les meilleurs chevaux du monde franchissent chaque année. Christian Aschard est l'un des meilleurs fabricants d'obstacles de chevaux de cross. À l'aube de sa retraite, l'Angevin a fabriqué ses derniers obstacles pour les Jeux olympiques de Paris 2024 dont deux seront présents demain sur le parcours de cross du Mondial du Lion. Rencontre. 


 


"Les principes de fabrication étaient inconnus de tout le monde"


 


Cette année, il a donné ses ultimes coups de crayon, coupé ses dernières planches de bois dans son atelier de Gennes-le-Rosier. Depuis 2001, le gérant d'Equibois Créations a assemblé des milliers d'obstacles, pour le championnat d'Europe, du monde et plus récemment pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Et pourtant, l'ancien menuisier a failli passer à côté. "Dans un premier temps, quand ils m'ont contactés, j'avais dit "non" parce que je suis en fin d'activité. Et puis je me suis dit que si je ne les faisais pas, j'allais regretter". Paris 2024 lui commande, parfois tardivement, 65 éléments, obstacles et décors. "Le chef de piste m'a transmis ses idées et ses plans. Je lui ai expliqué ce que je pouvais réaliser par rapport à ses plans parce que, parfois, des plans et des idées, ça ne fait pas un obstacle", raconte Christian. Au total, l'Angevin passera 200 jours à tout fabriquer. 


 

Titre :Christian Aschard dévoile les secrets de l'obstacle "Tête de cerf"

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Parmi ces obstacles, deux sont désormais propriétés du Mondial du Lion et seront visibles au cross ce samedi dont l'obstacle des bâtisseurs. "C'était sur l'idée des Compagnons du Devoir. Il reconstitue plusieurs outils, un maillet, une erminette, il y a un ciseaux à bois", décrit le menuisier. Les visiteurs du Mondial pourront aussi voir, ce qui fut le symbole du cross des Jeux olympiques de Paris 2024, la tête de cerf. "C'est celui qui a marqué les esprits. C'est un obstacle qui m'a demandé beaucoup de travail, de réflexion parce que je partais d'une page blanche. Les principes de fabrication étaient inconnus de tout le monde. Je dévoilerai pas tout. C'est un obstacle remarquable, il fait 8,50 mètres de haut. On ne peut pas l'acheminer, le transporter n'importe comment". Un obstacle qui ne demande pas une grande prouesse technique pour le franchir, mais qui peut perturber. "Au Lion d'Angers, les jeunes chevaux ont un regard de gamin et ils peuvent être impressionnés par l'ampleur de l'obstacle. Peut-être que certains chevaux pourront être surpris", explique le fabricant. 


 


Une fin de carrière en apothéose


 


S'il a dû se renouveler, chercher de nouvelles idées, c'est surtout l'aspect sécuritaire qui a changé son métier. "La première chose qui est importante, c'est le profil. Ça veut dire que l'obstacle puisse être franchi par le cheval et s'il le touche, faut pas qu'il y ait une arête vide, faut pas qu'il puisse se blesser. Même s'il touche, il doit aller de l'autre côté sans chuter. C'est un paramètre difficile à cerner. Il y a des évolutions qui sont faîtes dans le bon sens ou pas. Depuis quelques années, on nous impose des systèmes de sécurité mécanique qui font que la barre ou une partie de l'obstacle s'abaisse, en cas de choc avec le cheval. Ça veut dire qu'on diminue la hauteur de l'obstacle, ça évite les chutes rotationnelles, que le cheval trébuche, le cavalier tombe et le cheval tombe dessus. C'est souvent dramatique et mortel", confie Christian. 


 

Titre :La sécurité sur les obstacles

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Ces Jeux olympiques auront été les derniers obstacles de sa carrière avec des prix qui peuvent parfois s'envoler 800 à 20 000 €. "D'ailleurs, une personne très connue m'a achetée cinq obstacles", s'amuse le menuisier. Depuis ses débuts, il fabriquait tout dans son atelier, sans plan, à l'oeil. "J'ai mes stocks de bois tout autour à l'abri. Quand il y a une commande, je les amène ici, je trace au sol, je les coupe et je les assemble avec des vis charpente". Son bois proviennent principalement de douglas débités en scierie dans les Vosges. "C'est un bois dur et assez durable dans le temps". Ses obstacles pouvaient durer entre 3 et 10 ans, lui aura fait plus de 20 ans de carrière. Au terme du Mondial du Lion, Christian Aschard rangera définitivement son crayon et sa scie pour profiter pleinement de sa retraite.