Confinement. Pour le cinéma, "ça fait mal", explique Claire La Combe, productrice originaire de Segré

Originaire de Segré, la productrice Claire La Combe vit la crise du cinéma de l'intérieur et deuxième confinent n'est pas une bonne nouvelle.

Publié : 2 novembre 2020 à 9h00 - Modifié : 2 novembre 2020 à 9h01 par Alexis Vellayoudom

L'équipe de Calamity au Festival du film francophone d'Angoulême avec Claire La Combe (à droite)

Crédit : Cloé Harent

Une segréenne, productrice de cinéma ! Claire La Combe est née à Segré. Après y avoir fait son collège et son lycée, elle part vers Sciences Politiques à Bordeaux. Passionnée de cinéma, elle commence à s'investir, "j'ai commencé à travailler dans les fonds de soutien régionaux qui soutiennent les films". Elle y rencontre une productrice, "qui m'a montré les ficelles du métier".


Départ ensuite vers Bruxelles où elle travaille au Fonds de soutien au Cinéma Européen pour la Commission uropéenne, "j'ai travaillé ensuite dans un réseau soutenu par la Commission européenne qui aide les producteurs européens à produire des films ensemble, de la coproduction". Via ce réseau, elle rencontre Henri Magalon, fondateur de Maybe Movies, "il cherchait quelqu'un pour l'aider à produire Zombillenium et c'est comme ça que j'ai mis le pied dans le film d'animation et j'en suis jamais ressorti". 



Un pied dans le film d'animation



Une passion qu'elle a cultivée avant d'en faire son métier, "j'avais toujours en tête que je voulais travailler dans le cinéma, mais j'ai fait mes études sagement. J'ai fait ce que j'aimais étudier". Aujourd'hui, Claire La Combe est productrice de films d'animations chez Maybe Movies, un métier qui, "globalement ça consiste à faire en sorte qu'un film existe. Aider un auteur, un réalisateur écrive son histoire tranquillement. Trouver les financements pour le faire jusqu'à emmener le film sur les écrans via les distributeurs. On est garant de la promotion du film et du marketing qui peut être fait autour, y compris le DVD et la diffusion sur les chaînes". 


Samedi dernier, elle devait venir présenter à Segré le film d'animation Calamity qu'elle a produit avec Rémi Chayé, le réalisateur, mais cause de Covid, la journée n'a pas eu lieu. 



Une crise du cinéma



Pas de cinéma, pas de rentrée d’argents, moins de films ! C’est le risque avec la fermeture des salles. Alors que le public revenait dans les salles, avec ce deuxième confinement, c’est encore toute la chaîne cinématographique qui est impactée. Rencontre avec Claire La Combe, originaire de Segré et productrice de films d’animation.



Entretien - L'impact sur le cinéma



L’automne est la période la plus bénéfique pour le cinéma, mais voilà, les salles doivent de nouveau fermer. Conséquence pas de vente de billets, un problème pour toute la chaîne,


 


"Les cinémas ne font plus d'entrées donc ils ne reversent plus d'argent aux distributeurs qui ont mis les films dans les salles et donc ils n'ont plus d'argent pour investir sur les prochains films qui sortiront l'année prochaine",



Derrière les producteurs, eux aussi, reçoivent moins d'argent,



"On a un compte producteur qui nous permet de réinvestir sur les prochains films grâce aux entrées salles qu'on a fait avec nos films. Notre compte va être amoindri donc on aura moins d'argent pour produire d'autres films",


 


Une période d’autant plus difficile pour Claire La Combe, son dernier film d’animation, Calamity, est sorti le 14 octobre, budget 8,3 millions sur 5 ans grâce notamment au pré-financement. L’équipe espérait 300 000 entrées avant Noël, le compteur est bloqué à 150 000. Et même avec une reprogrammation, ça risque d’être compliqué,


 


"On aura probablement pas les 500 cinémas qu'on a aujourd'hui. Et là le problème d'une ressortie, c'est de retrouver de l'argent pour la communication",


 


Problématique aussi pour la vie d'un film et notamment la partie DVD,



"Elle part du nombre de spectateurs qui l'ont vu en salle et elle va sortir un nombre de DVD en cohérence. C'est une perte en notoriété, mais c'est une perte aussi en argent. C'est sur toute la chaîne et on a du mal à quantifier",


Avec confinement, c'est près 80 sorties de film qui vont être décalées.



La concurrence avec les plateformes en ligne



Avec le confinement, vous allez peut-être relancer vos abonnements aux plateformes de films en Ligne. Une concurrence qui fait mal à l’industrie cinématographique. Habituellement, pour faire un film, les auteurs et producteurs recherchent des pré-financement avec les distributeurs ou encore les droits pour la production de DVD, mais avec les plateformes en ligne, c’est tout le système financier qui est mis à mal,



"Certaines personnes vont dire vous êtes trop traditionnels, il faut se renouveler et aller voir les plateformes directement et vous n'aurez plus de problèmes. Sauf que les plateformes ne donnent pas autant qu'en additionnant tous ces gens qui fournissent le film sur différents supports. Avec les plateformes, ça ne passe plus par les salles donc les salles n'ont plus d'argent donc le métier de distributeur n'a plus intérêt parce qu'il ne peut plus diffuser son film en salle donc le distributeur ne donne pas d'argent aux producteurs. Ca veut dire que nous on a de moins en moins d'argent pour faire les mêmes films", explique Claire La Combe, productrice, originaire de Segré. 



Claire La Combe - Les plateformes en ligne



Pour Claire La Combe, le système des plateformes en ligne remet en cause toute la diversité culturelle du cinéma.