Segré. Menacée d'expulsion, elle obtient sa régularisation pour des raisons médicales
Depuis deux ans, la Segréenne Wafae Melouani se bat pour contester son obligation de quitter le territoire (OQTF). Après réexamen de son état de santé, la préfecture l'a régularisée avec un titre de séjour d'un an.
Publié : 10h10 - Modifié : 10h14 Alexis Vellayoudom
C'est une fin heureuse à un douloureux combat. L'année dernière, Oxygène Radio vous racontait l'histoire de Wafae, une Marocaine qui avait fait l'objet d'une OQTF, une obligation de quitter le territoire français. Aujourd'hui, sa situation a été régularisée.
Régularisée pour raisons médicales
En 2018, Wafae rejoint la France par amour pour se marier à un Français. Quatre ans plus tard, ils divorcent, elle reçoit une OQTF des autorités françaises pour son "manque d'intégration". L'état lui reproche de ne pas avoir cherché à travailler. "L'intéressée n'est pas dépourvue d'attaches familiales au Maroc où résident ses trois enfants mineurs et ses parents et où elle a vécu jusqu'à l'âge de trente-deux ans. Elle ne justifie pas d'une intégration particulière en France", rappelle un document administratif. Des arguments qu'elle a démenti, documents à l'appui, car la Maison départementale de l'Autonomie la déclarait, à l'époque, inapte au travail en raison d'une sclérose en plaques sévère qui lui a été diagnostiquée en 2018.
Pendant des mois, l'ancienne policière marocaine va batailler, d'abord en utilisant des recours judiciaires puis administratifs. Un long combat pendant lequel, sans revenus, elle cumule des dettes auprès de Maine-et-Loire Habitat, son bailleur, mais aussi Engie. Son état de santé se dégrade et l'amène à une tentative de suicide en août 2023. Dernier coup de massue en date, la visite de deux gendarmes et d'un huissier à son domicile pour lui faire savoir qu'elle devra quitter son logement dans les prochains mois, faute d'avoir payé ses loyer.
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Et pourtant, l'énergie est toujours là. "Je suis partie jusqu'à la Ligue des droits de l'Homme. Ils m'ont fourni un avocat", rappelle Wafae. En juillet 2024, la situation va rapidemment se débloquer. "Comme un miracle. J'étais assise et j'ai reçu un mail de la préfecture pour prendre rendez-vous et venir déposer mon dossier". La préfecture la convoque pour faire rééxaminer son état de santé par un collège de médecins au titre de l'article L.435-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA). Deux mois plus tard, en octobre dernier, elle reçoit son titre de séjour valable 1 an sous mention "résidence permit". "Il reconnaît mon handicap et me permet de travailler", explique la Segréenne.
Reprendre une vie "presque normale"
Désormais régularisée, Wafae reprend une vie "presque normale, mais avec beaucoup de dégâts parce qu'il y a eu de la casse quand même. J'ai eu beaucoup de stress, ça a joué sur ma santé. J'ai vendu mes meubles et beaucoup de choses pour survivre". Aujourd'hui, la jeune femme vit sur son Allocation Adulte Handicapé (AAH) qui ne lui permet pas de rembourser ses dettes. "Ça fait trois mois qu'on paye le loyer. Pour les anciens loyers, on a déposé un dossier de surendettement".
Mais la Segréenne peut compter sur son entourage, comme Natan, Yannick et Rachid. "Pour aller à l'hôpital jusqu'à Angers, j'ai un ami qui m'a amené et ramené. J'ai beaucoup de gens qui m'ont aidé", confie Wafae. Tout comme les associations locales, les Restos du Coeur, l'association Solidarité Migrants du Segréen ou encore les services de l'État de la Maison départementale des Solidarités. Aujourd'hui, elle se concentre sur l'avenir et cherche un travail à mi-temps compatible avec son handicap. "Je suis très heureuse de rester là. Je vais pouvoir travailler, faire des enfants, trouver un mari et vivre une vie normale".