Segré. Après l'incendie rue Victor Hugo, que deviennent les commerçants ?

Le 24 mai, un incendie a ravagé un immeuble de la rue Victor Hugo à Segré. Des locataires ont été relogés, deux commerces ont été impactés. Une enquête est en cours sur l'origine du sinistre.

3 juillet 2024 à 18h26 par Alexis Vellayoudom

Des étaies ont été posés pour éviter l'effondrement

Crédit : Alexis Vellayoudom

Ce 24 mai dernier, c'est un morceau de leurs vies qui partaient en fumée. Vers 4h30, un important incendie ravageait un immeuble de trois étages de la rue Victor Hugo, composé de six locatifs et de la boutique Chouette Môme au rez-de-chaussée. Six habitants avaient été rapidement évacués par les secours dont deux personnes intoxiquées par la fumée. Depuis, les commerçants tentent de garder le sourire et de passer à autre chose. 


 


Un nouveau local en septembre pour Chouette Môme


 


Parmi les personnes les plus impactées Sylvie, gérante de la boutique Chouette Môme. L'incendie s'est déroulé juste au-dessus de son magasin. L'utilisation de la lance à eau des sapeurs-pompiers pour éteindre les flammes, avait engendré un trou dans son plafond, déjà fragile, et provoqué des infiltrations d'eau. "Mon stock était complètement HS, rempli de suies et de fumée. Il a été repris par un déstockeur", confie la commerçante. Un préjudice estimé à quelques dizaines de milliers d'euros. "C'est du gâchis, de la connerie humaine". 


Depuis, elle a mis son activité en pause. "Je fais toujours des retouches. Les clients peuvent me contacter sur le numéro de téléphone parce que j'ai fait un transfert sur mon portable, mais je ne vends plus rien". Pire, la commerçante ne touche plus un rond. "Je ne peux pas recevoir l'assurance sur ma perte d'exploitation, car il faut reprendre une activité, mais le temps de digérer cet incendie puis les vacances, je ne me revoyais pas reprendre maintenant" explique Sylvie. La reprise est envisagée à la mi-septembre. "Je suis en attente, j'ai un local en vue, ça va se finaliser à la fin du mois. La municipalité est présente, il y a aussi la solidarité entre commerçants. Je repars avec un stock à 0. Je prends du recul et j'avance au jour le jour ", relativise la commerçante.  


 


Une fresque pour masquer les stigmates de l'incendie


 


Même état d'esprit dans le magasin d'à côté. "Il y a eu quelque chose de négatif, mais il faut arriver à faire ressortir le positif de ça, malgré tout. Il faut avancer", martèle Cécile Prieur, gérante de la boutique Poudre et Jupons. Ce 24 mai, la commerçante s'est effondrée en voyant l'ampleur de l'incendie. "Ça me met en colère parce que c'est du travail qui part en fumée. Entre le cambriolage dans la nuit de mercredi à jeudi et dans la nuit de jeudi à vendredi l'incendie, ça faisait vraiment beaucoup". À l'intérieur, la fumée et la poussière ont imprégné ses articles. "Une partie de la collection a été touchée par l'odeur. J'ai eu une journée de perte d'exploitation. Après, il n'y a pas eu de dégâts humains, c'est ce qu'il faut retenir", relate Cécile.  


Une période émotionnellement compliquée à vivre, mais la gérante a pu compter sur ses cinq collaboratrices et le soutien des commerçants. "On a pu rouvrir le lendemain". En attendant, les stigmates de l'incendie sont toujours visibles. Une tâche dans une rue Victor Hugo récemment rénovée. Les commerçants ont un projet de fresque pour masquer le sinistre. "On pense à une grande bâche, mais en guise de trompe l'oeil pour habiller, que ça fasse moins tristounet et puis pour ne pas avoir ça sous les yeux, tous les jours parce que ça reste un sinistre avec des émotions, il faut en prendre en compte. Je pense à ma collègue Anne Décoflorale qui a ça sous les yeux tous les jours", décrit Cécile Prieur. 


 


La vidéoprotection renforcée


 


Alors les actes de vandalisme sont-ils en hausse à Segré ? L'année dernière, sept cambriolages se sont déroulés en 15 jours. "Depuis que je suis installée, je n'ai jamais vu autant de faits divers. Des jeunes qui rôdent, des cambriolages, c'est plus violent", constate la gérante de Chouette Mômes. Pour Cécile Prieur, de Poudre et Jupons, "il y en a toujours eu. Il faut redoubler de vigilance, il ne faut pas vivre pour autant dans une angoisse et dans une terreur, ça ne sert à rien". 


De son côté, la mairie de Segré-en-Anjou Bleu, venue au chevet de ses commerçants, ne prend pas le problème à la légère. Bien en amont de ces drames, les élus avaient pris la décision de renforcer la vidéoprotection dans le secteur. L'installation a déjà débutée. Les caméras seront posées rue Pasteur, au bout de la rue Victor Hugo, sur le pont pour visionner la place Aristide Briand, et du côté de la gare routière, rue Ernest Renan. Objectif, lutter contre les vols, les bagarres. "Ça un effet dissuasif", affirme Geneviève Coquereau, la maire. Mais pour elle, il faut aussi sensibiliser les habitants. "Les dégradations, une fois ici, une autre-là, mises bout à bout, ça finit par faire un chiffre et c'est la commune qui paye les réparations donc le contribuable", alerte l'élue. 


 


Enquête toujours en cours


 


Au moment des faits, selon les premiers éléments, le feu avait démarré d'un appartement situé au premier étage. À l'époque le procureur de la République Eric Bouillard confiait déjà, "nous pensons que c'est une action volontaire. Il n'y a pas eu de personne interpellée". Très vite après l'incendie, des enquêteurs et un technicien d'investigation criminelle avaient été dépêchés sur place pour des investigations de police technique et scientifique. Des habitants de la rue rapportaient qu'un individu était particulièrement menaçant. Selon une source, une semaine avant l'incendie, le peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie était intervenu dans l'immeuble où le feu a démarré.